20e Carrefour de l’animation au Forum des images : les recommandations de Cinématraque

Noël arrive plus tôt qu’à l’accoutumée à Paris cette année, puisque le super festival qui célèbre l’animation au Forum des images est déjà là ! Du 22 au 28 novembre, cette vingtième édition anniversaire sera marquée par la présence du cinéaste chinois Liu Jian (Have a Nice Day, Art College 1994), mais aussi celle de Benoît Chieux qui viendra animer une masterclass et montrer son long-métrage Sirocco et le royaume des courants d’air, ou encore celle de notre cher Denis Do qui viendra dévoiler les secrets d‘un des plus beaux films de l’année : La Forêt de Mademoiselle Tang.

Outre la possibilité de voir sur grand écran des œuvres rares et sublimes comme le Souvenirs goutte à goutte d’Isao Takahata, le non moins incroyable film monstre Memories, ou encore le film Cowboy Bebop de Shinichiro Watanabe, ce sera aussi l’occasion de découvrir beaucoup de belles nouveautés. Et comme on est sympa à Cinématraque, on vous donne quelques conseils pour passer un super festival.

1. Dimanche 26 novembre, 18h : Sirocco et le royaume des courants d’air

Il aura fallu dix ans à Benoît Chieux pour venir à bout de ce projet titanesque, mais ça en valait la peine. Vu à Annecy en juin dernier, voici ce qu’on en disait à l’époque : « Sirocco et le royaume des courants d’air raconte l’histoire de deux jeunes filles qui se perdent dans l’univers des livres qu’écrit une amie de leur mère. C’est une proposition magnifique, extrêmement riche à la fois visuellement et musicalement, comme on en voit très rarement en France. Qui ose à la fois être très enfantine et aborder des sujets sérieux comme le deuil, en le traitant à hauteur d’enfant. »

Sirocco, c’est le maître des vents dans ce royaume fantasmagorique, un personnage au design magnifique qui fait penser à du Leiji Matsumoto – même si le réalisateur nous a dit que cela ne faisait pas partie de ses influences. Si vous choisissez d’aller voir ce long-métrage, vous aurez également la chance d’entendre dans une salle à l’acoustique parfaite la superbe composition orchestrale de Pablo Pica pour le film.

2. Dimanche 26 novembre, 20h30 : The Tunnel of Summer, The Exit of Goodbyes

Un titre à rallonge en anglais, qui ne semble pas tout à fait correct dans son expression ? Pas de doute, on est bien dans un film d’animation japonaise ! Adapté d’un light novel de Mei Hachimoku (qui a aussi été adapté en manga, avec moins de réussite), voilà une histoire très proche d’un Your Name dans son concept, à savoir une histoire d’amour adolescente articulée autour d’un truc spatio-temporel un peu magique. En gros, y a un tunnel sous une montagne où l’on peut aller retrouver des choses perdues, mais le temps s’y écoule plus vite qu’à l’extérieur. Et plus les objets perdus sont chers, plus ils sont loin dans la montagne… Pensez Interstellar mais pour les weebs en gros.

The Tunnel of Summer, The Exit of Goodbyes est un film monstrueusement kitsch, qui réussit l’exploit d’être aussi monstrueusement bien. Sans jamais prétendre être autre chose que ce qu’il est, à savoir un récit au romantisme immature et puéril typique des aventures ados, le long-métrage convainc du début à la fin et raconte quelque chose de réellement profond,  comme on l’écrivait en juin dernier : « le film propose aussi une réflexion magnifique sur la création artistique et met en garde contre le perfectionnisme comme un mécanisme d’auto-défense. Se dire que son travail n’est jamais assez bon pour plaire, réécrire sans cesse sans oser transmettre, rêver d’avoir un talent de génie… Tout ça c’est de la merde, nous dit le film. Et il a raison. Réussir à écrire un manga, c’est déjà une réussite. Donner envie à quelqu’un de lire, c’en est une aussi. Est-ce que ça veut dire qu’on va réussir à être publié ? Non. Mais cela voudra déjà dire qu’on a accompli l’impossible : créer une œuvre artistique. Il n’y a pas de petites victoires. »

3. Mardi 28 novembre, 15 : Adam Change Lentement

Le premier long-métrage du québécois Joël Vaudreuil est aussi un coming-of-age, une histoire d’adolescence, mais à l’énergie très différente du film précédemment cité. Adam est un jeune garçon mal dans sa peau, dont la grand-mère décède après avoir accompli une dernière fois sa grande passion : critiquer le physique de son petit fils. Joël Vaudreuil utilise tous les possibles de l’animation pour précisément mettre en scène la gêne d’un adolescent qui n’aime pas son corps. Ce dernier se transforme ainsi au fur et à mesure des remarques qu’il encaisse, comme pour accentuer ce qu’il voyait déjà de préjudiciable dans son physique… Et de cette idée à la fois cruelle et rigolote naît dans la conclusion du film une idée poétique sublime. À base de sacs à caca de chien. Tout à fait.

C’est un film très drôle, dans lequel les gosses de riches en prennent plein la tronche, sur les étés chiants et chauds des ados qui n’ont rien à faire de leurs journées à part remater des vieilles VHS d’action heroes à la JCVD/Chuck Norris. Et c’est une vraie pépite.

Le Carrefour du cinéma d’animation du Forum des images, du 22 novembre au 28 novembre 2023

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