Abigail : vampirette en toute intimité

Le duo de réalisateurs américains Matt Bettinelli-Olpin – Tyler Gillett a soif de sang… et n’en a jamais assez. Avec leur boite de production Radio Silence, ils se sont attaqués au cinéma d’horreur sous toutes ses formes. Le found footage avec V/H/S, la comédie noire avec Wedding Nightmare puis le slasher avec leurs deux suites à la saga Scream. Ils ont lâché Ghostface pour revisiter un autre mythe, celui du film de vampires, avec Abigail.

Le binôme a emmené avec lui son actrice principale Melissa Barrera, injustement éjectée du septième Scream pour son soutien sans faille envers la Palestine (ils ont bien fait de quitter le navire, hein). Elle y incarne Joey, membre d’un groupe de criminels chargés d’enlever la fille d’un puissant magnat de la pègre en l’échange d’une belle rançon. Reclus dans un manoir jusqu’au petit matin, les membres de l’équipe disparaissent un à un. La petite Abigail n’est pas aussi innocente qu’on pourrait le croire…

La petite Abigail sur le dos d'un grand monsieur biscoto et entouré d'une bande de criminels abrutis. Ils savent pas du tout à quoi s'attendre, c'est fou.
Ça a changé, Pascal le grand frère.

Maman, j’ai raté la viande

Des apprentis criminels gardent une petite vampire sans le savoir. Comment est-ce que ça peut ne pas partir en vrille ? Si ce twist a été très vite mis en avant dans les bandes-annonces, les dents acérées d’Abigail mettront un bon bout de temps avant de se dévoiler dans le film. Si bien que l’on pourrait croire que l’enfant cache un autre monstre complice. En fait non, et cette intro un peu longuette sera prétexte à introduire notre étalage de viande fraîche.

Des « personnages fonctions » comme dans tout autre film de braquage. Dan Stevens se rêve comme meneur de la bande, tandis que Melissa Barrera est la « nounou » de la petite Abigail. Puis on a la geekette de service (Kathryn Newton), la brute écervelée (Kevin Durand, en pleine remontada entre ça et son rôle de méchant dans La Planète des Singes), le chauffeur perché (Angus Cloud dans l’une de ses dernières performances) et le roi de la gâchette (William Catlett). Il y a aussi Giancarlo Esposito qui fait coucou en tant que big boss. Et quand Giancarlo est là, on se doute que ce n’est pas par hasard.

Ce n’est vraiment que lorsque la véritable nature de la petite fille est dévoilée que le film part dans le turbo-nawak, pour le meilleur comme pour le pire. Abigail a des similitudes avec Wedding Nightmare, pour son mystérieux manoir mais surtout pour son aspect comique. On prend beaucoup de plaisir à voir les protagonistes se faire littéralement éclater la tronche par une vampirette en tutu, qui adore jouer avec sa nourriture… La jeune Alisha Weir rappelle Isabelle Furhman dans les deux Esther, si ce n’est qu’elle suce le sang et fait des pas de bourrée.

Sang transition

Tout ce qui réunit nos personnages, c’est l’échec, et on comprend bien pourquoi quand ils se retrouvent complètement dépassés par la situation. Que faire pour survivre à l’attaque d’un vampire ? Les personnages creusent dans l’inconscient collectif et se listent les solutions possibles, du mythe de Dracula jusqu’à Twilight, pour ne pas devenir de la chair à pâtée.

Le chemin d’Abigail se montre assez balisé et prévisible. Le film n’exploite pas non plus assez les quelques pistes qu’il prend pourtant plaisir à semer. Le manoir en lui-même aurait pu être utilisé pour ajouter de la matière à l’histoire, au lieu de montrer des fresques à peine quelques secondes. Il aurait été, malgré lui, une meilleure adaptation du manoir Spencer de Resident Evil que dans n’importe quel film Resident Evil.

Mais quand il s’agit de faire gicler du sang de partout, le duo de réalisateurs ne fait jamais dans la dentelle. Si vous vous souvenez de la fin de Wedding Nightmare, certains passages d’Abigail vous feront un grand plaisir. Et ils rattraperont les premières morts du film en hors champ, plus décevantes. S’il était question de faire du film une sorte de remake de La Fille de Dracula (parce que le Universal Monsters Universe, tu connais), il est préférable de l’avoir laissé en dehors de tout ça. On préfèrera largement un « Melissa Barrera final girl universe », merci bien.

Abigail, un film de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett. Avec Melissa Barrera, Dan Stevens, Alisha Weir, Kathryn Newton, Kevin Durand, Angus Cloud, Giancarlo Esposito. En salles le 29 mai 2024.

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