La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume, finies les singeries

Présente depuis plus de cinquante ans dans le paysage cinématographique, la saga La Planète des Singes est de retour dans les salles avec Le Nouveau Royaume. Il n’aura pas fallu attendre longtemps après le rachat de la Fox par Disney pour que de nouveaux films soient mis en chantier, deux ans à peine après Suprématie, dernier volet d’une trilogie reboot portée par César, leader des Singes alors incarné par Andy Serkis.

Pour mener la barque, 20th Century Studios a missionné Wes Ball. Au-delà du brainstorming de ouf qui a dû avoir lieu pour trouver le réal qui avait le nom le plus proche de l’auteur Pierre Boulle, le résultat était surtout une bonne façon de se faire pardonner de l’annulation du projet Mouse Guard, sur lequel le Boulle américain bossait avec Matt Reeves depuis un bon moment. Et quand on a déjà réalisé une trilogie young adult pour ce même studio (Le Labyrinthe), ça aide.

Plusieurs générations après la mort de César, et alors que les singes ont pleinement pris le pouvoir, Le Nouveau Royaume suit la trajectoire de Noa, un jeune singe bien décidé à retrouver ses proches et sa tribu enlevée par Proximus César, un leader tyrannique qui cherche à étendre son empire… et à mieux connaître l’ancien monde pour dompter le nouveau.

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Un peu comme avec Le Labyrinthe, Wes Ball fait sciemment le choix de faire porter sa vision de la franchise par de jeunes personnages. De César, singe de laboratoire devenu meneur d’une résistance, on passe à Noa, un primate sur le point d’accomplir un rite initiatique dans sa tribu, entouré de ses amis et admiratif de ses parents. Niveau symbolique du côté de ce nouveau prénom, je pense pas qu’on ait besoin de vous faire un dessin. Le film bascule quand Proximus César enlève la tribu et laisse Noa pour mort.

Proximus César, vous avez bien lu. Car la bonne idée du Nouveau Royaume est d’inscrire son récit dans l’héritage laissé par les trois volets précédents, qui se traduisent à l’écran par les valeurs et les principes associés à l’ancien leader. Quand un autre singe veut prendre le pouvoir et se revendiquer comme étant son descendant spirituel, qu’en est-il réellement ? C’est ce conflit générationnel et idéologique qui se tisse en toile de fond… mais en toile de fond uniquement. Malgré toute sa volonté, Wes Ball ne parvient pas à insuffler la dimension épique que l’on attend d’un blockbuster d’un tel calibre, défaut que l’on retrouvait déjà un peu dans Le Labyrinthe. Il y a certes de l’action, mais engluée dans un rythme très pataud et une mise en scène plate, pas non plus aidée par la musique de John Paesano (déjà compositeur du Labyrinthe, mais aussi de la plus convaincante musique des derniers jeux vidéo Spider-Man), qui peine à passer après Michael Giacchino.

Bien que la motion capture, la modélisation des singes et le recours à des décors majoritairement naturels fassent de ce « nouveau royaume » une belle expérience visuelle, cela ne sauve pas non plus le manque de profondeur du scénario et des personnages, auxquels on s’attache difficilement tant leur caractérisation est simpliste. Ça manque clairement d’humanité, et en parlant d’humains, l’unique personnage de Nova/Mae, campé par Freya Allan, ne relève pas la barre non plus face aux maigres enjeux à se mettre sous la dent. Si ce n’est à la toute fin du film, où Wes Ball présente enfin le potentiel qui pourrait se cacher derrière cette nouvelle trilogie. Dommage qu’il ait fallu attendre 2h20 pour assister à une simple introduction. Et quand on sait que l’autre grand projet de Wes Ball est l’adaptation des célèbres jeux The Legend of Zelda, on espère qu’il parviendra enfin à trouver le sens de l’épique qui lui manque toujours aujourd’hui…

La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume (Kingdom of the Planet of the Apes), un film de Wes Ball. Avec Owen Teague, Freya Allan, Peter Macon, Kevin Durand, William H. Macy, Lydia Peckham… Sortie française le 8 mai 2024. 

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