Terreur de cinéma : celui qui avait vu le GIGN débarquer dans sa salle

Pour Halloween, on a cette année demandé aux chroniqueurs.euses de Cinématraque de nous raconter leur plus grosse flippe de cinéma. Ce peut être dedans l’écran, dedans la salle, etc. L’exercice d’écriture est libre, la question ouverte. Ici, c’est Gabin qui y répond. Pour lire tous les articles de ce cycle Halloween, cliquez ici.

Chez Cinématraque, la peur est un moteur. Mon premier article pour le site, il y a maintenant presque quatre ans, c’était pour le remake de L’Appel de la forêt version Harrison Ford. C’est dire à quel point on est prêt.e.s à affronter toutes les plus grosses atrocités pour nos lecteurs (ok, c’était complètement gratuit, mais il faut quand même avouer que c’était vraiment pas très bien comme film).

Pour célébrer Halloween cette année, il a été demandé à l’ensemble de la rédaction d’écrire un texte sur notre plus grande peur au cinéma. Outre le dossier punaises de lit que j’avais réussi à fermer à double tour dans un recoin sombre de ma mémoire jusqu’à la rentrée, j’ai quand même vécu plusieurs expériences assez perturbantes en salle. Le point commun ? Elles se sont toutes déroulées depuis que je suis arrivé à Paris. C’est pas super important comme info, mais peut-être que le cinéma est un peu plus cursed ici, je ne sais pas.

Le film qui fait peur : merci Hérédité et Ari Aster

Hasard total dont je me suis rendu compte en relisant l’article de Renaud sur les meilleurs stratagèmes pour faire face au cinéma d’horreur : il y mentionne la grosse connerie d’aller voir Hérédité lors de la dernière séance du soir. Bon, je n’ai pas fait ça puisque j’y suis allé un après-midi, mais quand même. Hérédité, c’est sûrement l’une des séances les plus traumatisantes de ma vie. Et, pour une fois, pas parce que voir un film d’horreur dans une salle de cinéma est aujourd’hui du quitte ou double. Soit ça se passe bien, soit le public est totalement débilos. Là, on n’était même pas dix (et quand je suis allé voir Midsommar, on était genre trois ou quatre, j’espère que ça ne va pas correspondre au box-office de l’ensemble de la carrière d’Ari Aster, sinon le bougre est sacrément mal barré).

Non, cette fois je n’ai strictement rien à reprocher au public.

Hérédité, c’est très clairement le film d’horreur qui m’a mis dans un état d’angoisse que je n’avais jamais éprouvé auparavant au cinéma. Et que je n’ai jamais retrouvé depuis. Même devant Midsommar. Un état d’angoisse tel qu’il m’a fallu un peu plus d’une heure pour enfin sentir le malaise me quitter. Pourquoi ? Parce que Hérédité était probablement tout ce que j’attendais d’un film d’horreur sans même le savoir. Quelque chose qui prend véritablement aux tripes… et d’emblée. Déjà parce que je suis misophone. Alors le bruit de claquement de langue de Charlie, qui revenait de façon hyper récurrente, ç’en était déjà assez pour me faire devenir fou.

Puis, de toute façon, tout le monde dans le film devient fou, alors nous aussi. Après ce bruitage, c’est la musique qui se veut quasiment omniprésente, de plus en plus tordue, malsaine. Puis Toni Collette. Pas besoin d’en dire plus. Toni Collette m’a mis dans le même état que Cate Blanchett devant Blue Jasmine (ça, c’était quand je voyais encore des films de Woody Allen), où j’ai chialé sans discontinuer pendant trente minutes après le film (on me regardait bizarrement dans le bus quand je rentrais chez moi).

Bref, je vous souhaite (ou pas) de ressentir une aussi belle frayeur que moi devant Hérédité. Mais ce n’est pas tout : en termes de traumas au cinéma, j’ai bien d’autres anecdotes dans ma besace.

The Strangers Prey at Night : la séance influenceurs en folie

On est en avril 2018, quelque chose comme ça. Je vais voir The Strangers Prey At Night en projection presse au Club 13, le lieu de projection ultra classe créé par Claude Lelouch, à proximité des Champs Elysées. C’est LA salle de projection qui cache bien son jeu, puisque les sièges ne sont pas des sièges de cinéma classiques… mais des canapés en cuir. Ton film est nul ? Tu dors. T’es crevé ? Bah tu dors aussi. Mais sinon, qu’est-ce qu’on est bien.

Bref, c’est pas trop le sujet. Déjà j’avais les pétoches de voir ce film tout court, parce que les suites, c’est toujours tendu. Aussi parce qu’elle était signée Johannes Roberts, capable du pire (The Door) comme du un peu moins pire (son Resident Evil que je kiffe beaucoup). Mais ce n’est pas non plus pour ça que cette séance était horrible au sens propre du terme.

Elle l’était parce que c’était à ce moment où les distributeurs commençaient à inviter d’autres gens que des journalistes ou des blogueurs. Et parce qu’une projo le soir, c’est quand même plus pratique pour faire venir du monde. Bref, c’était un peu les débuts des influenceurs en projo privée. Et dans un lieu comme le Club 13, on n’en avait pas encore forcément l’habitude. Ce qui se voit quand certains des invités en question débarquent vingt minutes après le début du film (peut-être qu’ils pensaient qu’il y avait des bandes-annonces), parlent comme s’ils étaient chez leur mère, laissent planer de magnifiques vapeurs de beuh en ouvrant leur sac dans la salle… Et se mettent à filmer toute la fin du film, flash inclus, pour la mettre sur Snapchat.

Morale de l’histoire : n’invitez pas n’importe qui pour voir un film d’horreur.

La séance 4DX qui tourne mal

Je garde volontairement un peu de suspense avec ce titre. Pour le coup, la vraie séance de cinéma la plus traumatisante de ma vie ne l’était pas à cause d’un film, mais pour une expérience immersive non-désirée et particulièrement déplaisante. D’où l’expression de 4DX qui tourne mal. C’était le 15 décembre 2021, à l’UGC de Vélizy-Villacoublay, devant le film qui allait devenir le plus gros succès au box-office français de l’année. Le film qui a le moins bien caché son plus gros secret de toute l’histoire d’Hollywood… Spider-Man : No Way Home.

La salle était blindax, le public était en transe, et moi-même j’étais extatique à l’idée de revoir à l’écran tous les Spider-Men live action, même si le film en lui-même est clairement à chier. Sauf que je n’ai pas vu le film en entier ce jour-là, alors qu’il commençait tout juste à devenir intéressant (bref, quand tous les Peter débarquent). Une scène semble se terminer quand l’écran bascule au noir. Connement, j’ai cru que c’était… un fondu au noir. Sauf que ça s’éternise un peu. Plus d’écran. Plus de bruit.

Puis des lampes torches commencent à éclairer la salle dans tous les sens. Les lumières se rallument. Et là, on entend… « Police, personne ne bouge ! ». Et ouais, il y avait bien la police. Quasiment une vingtaine d’agents armés, certains avec des boucliers, d’autres avec des fusils d’assaut et en armure. Toute la salle reste debout, les mains sur la tête. Et on n’a aucune idée de pourquoi ils sont là. Quelques messages au talkie-walkie passent. « On a chopé un mec avec un lance-pierres et un couteau ». Moi, je panique grave. On évacue chaque rang un par un, chaque personne est fouillée. On ne sait toujours pas pourquoi on est là.

Avec le recul, c’est sûrement la meilleure façon de ne pas faire paniquer davantage. Je me fais fouiller, au bord de l’implosion mentale, et je sors du ciné en tremblant comme si j’avais Parkinson à un stade avancé. Le mec qui sort après moi s’empresse d’aller à la caisse pour demander un remboursement parce qu’il n’avait pas vu la fin du film, alors qu’on est passé juste avant devant un mec contre un mur gardé par une flic avec un bon gros Famas ou truc du genre.

En gros, on a passé quasiment une heure dans une salle avec une équipe du GIGN, car quelqu’un a fait un appel anonyme pour dire qu’il allait buter tout le monde au centre commercial, et la première pensée de ce gars, c’est de demander un remboursement. Chacun ses priorités, moi j’avais juste envie de vider une boite de Xanax pour arrêter de trembler. Bref, après tout ça, est-ce que je peux vraiment encore avoir peur devant un film au cinéma ?

About The Author

1 thought on “Terreur de cinéma : celui qui avait vu le GIGN débarquer dans sa salle

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.