Terreur de cinéma : celle qui pensait qu’il y avait des aliens dans le 94

Joaquin Phoenix, Abigail Breslin et Rory Culkin dans Signes de M. Night Shyamalan. Ils sont assis sur un canapé avec des chapeaux en aluminium sur la tête.

Pour Halloween, on a cette année demandé aux chroniqueurs.euses de Cinématraque de nous raconter leur plus grosse flippe de cinéma. Ce peut être dedans l’écran, dedans la salle, etc. L’exercice d’écriture est libre, la question ouverte. Ici, c’est Pauline qui y répond. 

Je me suis mise à « l’horreur » (c’est barbant de tout ranger dans des cases, mais pour l’exercice qui nous intéresse ici, utilisons ce terme) tardivement, et je viens seulement de réaliser que c’est probablement parce qu’à chaque fois que j’ai voulu m’y intéresser jeune, ça m’a terrifiée ou au mieux, dégoûtée. Je vous passe la séance de l’horrible Jeepers Creepers (2001) parce que le film était nul, mais je viens de me rappeler la séance qui m’a fichue la frousse de ma vie et qui m’a probablement empêchée de m’intéresser de nouveau aux films-qui-font-peur avant d’avoir entamé ma trentaine, j’ai nommé Signes de M. Night Shyamalan.

(En fait j’ai menti j’ai vu un autre excellent film qui fait peur avant d’avoir 30 ans, c’était It Follows, à Cannes avec Cinématraque, là où tout a démarré et qui fait que quasi 10 ans plus tard je suis là à raconter un traumatisme de pré-adolescence au lieu de bosser, mais PASSONS.)

Signes, donc. J’ai environ 15 ans, je suis en vacances ou en week-end chez ma cousine Émilie (cet article t’est dédié, je sais que tu t’en souviendras toute ta vie comme moi) en région parisienne, et on part donc voir ce film dans un cinéma à une vingtaine de minutes à pied de chez elle – ce détail aura son importance plus tard. Pourquoi a-t-on choisi ce film, étant toutes les deux froussardes ? Je n’en ai aucun souvenir, peut-être tout simplement l’horaire de la séance.

Une silhouette floue d'alien, tirée du film Signes
L’image qui m’a hantée pendant 20 ans

Je ne sais pas si je me remettrai un jour de ces aliens qui surgissent au second plan d’une vidéo d’anniversaire, ou de Mel Gibson qui s’approche précautionneusement d’une porte fermée où l’on voit des ombres bouger par en-dessous. Je me revois m’enfoncer dans mon siège, essayant de me couvrir les yeux de mes mains ou de l’épaule de ma cousine.

Le film se termine, et maintenant il s’agit de rentrer. Dans la nuit. À pied. En traversant un parc. N’écoutant que notre courage (= l’envie de se réfugier sous la couette et effacer notre mémoire immédiate, Eternal Sunshine of the Spotless Mind style), on s’est engagées dans le parc mal éclairé, et je peux certifier qu’on a fait au moins un (1) bond, en hurlant, en entendant des feuilles bouger. Le mulot (ou le vent) était probablement encore plus effrayé que nous, mais j’ai vraiment cru qu’on allait faire une crise cardiaque, et contrairement à Mel Gibson et sa famille, c’est pas la foi qui allait nous sauver, à 21h30 dans un parc de l’Haÿ-les-Roses.

Si je suis encore ici pour témoigner, c’est que j’ai survécu à cette extrême frayeur, aux aliens, et aux herbes qui bougent, mais ce qui me perturbe le plus dans cette histoire, c’est que M. Night Shyamalan serait probablement ravi de savoir qu’il a traumatisé deux adolescentes, et que j’y pense encore 20 ans plus tard. Le malheur des uns, etc.

Signes, un film de M. Night Shyamalan (2002)

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