Fantasia 2023 : on fait le bilan, calmement

Mes collègues qui se rendent chaque année à Cannes, à Annecy et/ou à Séries Mania seront certainement du même avis: un festival (de cinéma en l’occurrence mais de tout autre art aussi) propose bien souvent un reflet de l’année écoulée entre la dernière édition et l’actuelle, un avant-goût également de l’année à venir en salles et en VOD, et tout au moins une prise de température de la sociéter l’époque.

Alors que nous raconte cette édition 2023 de Fantasia ? Éléments de réponses non exhaustifs ci-dessous.

Si l’on en croit le nombre de films avec des sécrétions corporelles diverses et variées, un certain retour au corps (si tant est qu’on s’en soit jamais éloigné.e.s) et donc au body horror. Merci le Covid qui s’est chargés de nous rappeler notre fragilité ? Si vous n’êtes pas émétophobes et que vous ne craignez ni vomi de nourriture, de sang, de poils de chat, et/ou de liquide extra-terrestre non identifié, vous pourrez vous lancer dans Booger, The Becomers, Perpetrator ou le très bon Tiger Stripes.

Tag yourself je suis le gros machin blanc à gauche

Impossible de parler du Covid sans évoquer également la santé mentale qui a pris bien cher ces dernières années – eh oui l’apocalypse capitaliste n’est pas fun, qui l’eut crû ? Les délicats Sometimes I think about dying (on fait pas dans l’abstraction ici) et People who talk to plushies are kind font du bien là ou ça fait mal. Au passage, Vincent doit mourir vous donnera peut-être quelques clés pour survivre en cas de vraie apocalypse.

Autres conséquences de ces sombres années, notre dépendance toujours plus grande à Internet, qui a par exemple inspiré Pascal Plante pour son film Les Chambres Rouges. On a aussi repéré et ressenti un besoin d’évasion, réelle ou fantasmée, dans le magnifique film d’animation Deep Sea, dans le joli Flaming Cloud, et dans le délirant Killing Romance, tous faisant référence d’une manière ou d’une autre au conte – côté sombre des contes compris, oubliez les fées. La mort rôde d’ailleurs partout, mais il est probablement inutile de le préciser pour un festival de films de genre.

Au rayon luttes, les identités de genre et les LGBTQphobies ont été représentées notamment par l’excellent Femme et le sus-cité People who talk to plushies are kind, dont la photo plus haut est tirée.

Zafreen Zairizal montre les crocs dans Tiger Stripes d’Amanda Nell Eu

Le féminisme version « femme en colère » (peut-il en être autrement de toute façon ?) est aussi largement présent, avec Tiger Stripes, The Sacrifice Game, le prometteur Raging Grace, les rigolos New Normal, #Manhole et Mad Cats, et l’hypnotisant Mami Wata.

Leurs frustrations les poussent dans au moins trois films (Tiger Stripes, Booger et Mad Cats) à se transformer en félins. Pour le plus grand plaisir de l’équipe Cinématraque qui compte plusieurs heureux.ses propriétaires de chats, les félins sont d’ailleurs représentés en nombre dans le cru Fantasia 2023: Deep Sea, Tiger Stripes, Phantom avec le meilleur cat dad fictionnel, Raging Grace dont le réalisateur est le meilleur cat dad dans la vraie vie, Insomniacs After School, et Killing Romance.

Grosse année au passage pour l’actrice Lee Ha-nee qui tient le rôle féminin principal dans Phantom et Killing Romance, et dans une moindre mesure pour Marcia DeBonis qui a un rôle secondaire dans Booger et dans Sometimes I think about dying, chaque fois très touchant.

Pour finir et pour combler ce besoin maniaque de tout classer, je vous propose mon top 5 des films Fantasia de cette année, sur une trentaine de films vus :

  • 5ème ex-æquo : The Childe, Tiger Stripes, River, New Normal, Raging Grace (oui ce sont cinq films en cinquième position et vous allez rien faire parce que c’est mon article)
  • 4ème : Sometimes I think about dying de Rachel Lambert, avec Daisy Ridley, brillante.
  • 3ème : Killing Romance de Lee Won-suk
  • 2ème : Femme de Sam H. Freeman et Ng Choon Ping
  • 1er: Deep Sea de Tian Xiao Peng

Voilà, c’est l’heure de remballer jusqu’à l’année prochaine, où l’on retrouvera avec joie les publicités pour les ramens instantanés, les miaulements et Daniel. Merci à l’équipe presse internationale Madison, Jacob, Maggie et Annie, à toute l’organisation du festival, et merci le cinéma, notre mère à tous.tes !

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