Trois nuits par semaine : drag-moi si tu peux

Si comme moi, vous êtes déjà tristes que la deuxième saison de Drag Race France soit déjà finie… et si, comme moi, vous avez apprécié y découvrir Cookie Kunty… alors Trois nuits par semaine est peut-être fait pour vous. Après sa sortie en novembre dernier au cinéma, le film de Florent Gouëlou est désormais disponible à la demande sur Ciné+.

L’intrigue est simple à poser : Baptiste s’engage dans un projet photo avec la drag queen Cooky Kunty, après l’avoir rencontrée par hasard dans les rues de Paris. Il découvre alors l’art du drag, qui lui était totalement inconnu, mais aussi qui est Cookie Kunty une fois que les projecteurs sont éteints. Derrière la drag queen se cache l’homme, Romain Eck. Si Trois nuits par semaine est une fiction, il incarne son propre rôle… et son propre personnage de drag.

La plongée dans le monde du drag, c’est un peu le mini-défi du film. Son maxi-défi, c’est Baptiste qui se découvre lui-même et la relation qu’il tisse avec Cooky Kunty alors qu’il se pensait probablement straight as fuck. Il n’y a littéralement aucun spoiler, puisque la première rencontre entre le photographe et la queen est littéralement un coup de foudre. Est-ce que Baptiste s’attendait à craquer sur une drag queen en train de quémander de la monnaie à une terrasse de resto pour la prévention sur le VIH ? Pas vraiment, et c’est pourtant ce qui se passe. Et en même temps, c’est un peu difficile vu le look à la Marilyn irrésistible de Cookie Kunty.

Dès que Florent Gouëlou filme une performance de sa drag vedette, on a l’impression de la vivre des yeux admiratifs de Baptiste, comme dans cette deuxième performance ultra stylisée dans un petit club parisien (d’où provient l’image ci-dessus). Au-delà de la flamboyance de l’artiste, Baptiste se perd aussi dans son regard, et trouve peu à peu dans le drag un espace de liberté. C’est à travers la danse et les soirées que la mise en scène du film gagne elle aussi en souplesse, avec une caméra bien plus agitée qui donne encore plus de corps à ces safe places pour toute la communauté queer. On y croise de nombreux visages bien connus du drag français, parmi lesquelles une certaine… Sara Forever. Et ouais.

C’est pour ça qu’il faut pardonner à Trois nuits par semaine ses petites errances scénaristiques ou sa simplicité, comme le coup de foudre immédiat entre Kunty et Baptiste, ou la vie de ce dernier comme vendeur à la FNAC Saint-Lazare (même si bon, ça nous rappelle qu’il est parfois difficile de vivre de sa passion, hein, je pense que vous voyez pas du tout de quoi je veux bien parler). Le film se montre bien plus intéressant quand il se montre à la frontière du docu-fiction et nous emmène là où on a peut l’occasion d’aller dans le cinéma français, soit du côté de travailleuses du sexe transgenres, de petits shows drag à Paris et en province, dans les urgences de nuit parce que l’homophobie et la queerphobie sont malheureusement encore beaucoup trop présentes en France.

Trois nuits par semaine, un film de Florent Gouëlou, avec Pablo Pauly, Romain Eck (Cookie Kunty), Hafsia Hersi. Sortie en salles le 9 novembre 2022. Actuellement disponible sur Ciné+ via MyCANAL.

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