Sublime : la chanson des jeunes amants

Après Kokon et sa jeune héroïne qui se découvre au cours d’un été berlinois, le distributeur Outplay Films sort dans les salles françaises Sublime, le premier long métrage du réalisateur argentin Mariano Biasin. Là aussi, il y est question de suivre un adolescent en quête de sens : à seize ans, Manuel traîne avec ses amis, compose et joue de la musique dans un groupe de rock. Bref, rien de plus normal. L’adolescent commence toutefois à se questionner concernant ce qu’il ressent pour son meilleur ami Felipe…

Felipe, c’est l’ami d’enfance de Martin. Celui qui a été là le plus longtemps. Alors le risque de le perdre est d’autant plus grand. Mariano Biasin fait naître le questionnement de son personnage principal à travers ses rêves : de brèves séquences qui s’insèrent aléatoirement dans le récit et nous surprennent autant que dans notre cycle de sommeil. On ne sait pas comment on est arrivé là, on ne comprend pas trop ce qui se passe. Pour Martin, c’est pareil : ce désir pour Felipe n’est-il qu’un fantasme ou bien une réalité ?

Dans beaucoup d’autres films ou séries jusqu’à présent, la question du coming out s’accompagne toujours de la peur. Celle d’être rejeté par sa famille et ses amis. Celle du regard des autres. Celle de paraître anormal. Dans Sublime, là n’est pas la question. Au lieu d’enfermer Manuel dans une spirale de doutes, son cheminement est beaucoup plus positif. Il n’y a pas le besoin de « mettre une étiquette » au personnage. Tout est ici bien plus fluide : Manuel expérimente, voit s’il est intéressé ou non par les filles… Le dialogue s’installe dans cette jeune génération, mais le film ne laisse jamais place au rejet ou à la violence. Comme ce père qui évacue en une phrase toute la tension que peut représenter l’aveu de Manuel. Les choses changent, et il est nécessaire de le souligner.

Dans Sublime, on a toujours l’impression d’être dans une bulle. Il peut s’agir d’un espace en particulier, comme la plage où Manuel va avec ses copains, ou la forêt où il partage un endroit secret avec Felipe. Mais c’est surtout la musique qui occupe ce rôle : les répétitions de Manuel et ses amis sont le lieu où ils sont le plus libre, mais aussi les plus unis. À l’écran, on ressent pleinement l’alchimie entre les membres de cette bande d’amis. Et on y croit d’autant plus que les acteurs sont aussi musiciens, ou avaient du moins suffisamment de connaissances pour jouer et/ou chanter. La composition, c’est aussi un espace de liberté totale pour Manuel, qui cherche à se comprendre à travers l’écriture.

Même si Sublime convainc par la spontanéité de son casting, sa positivité et l’aspect intimiste de sa mise en scène, on ne peut toutefois que se sentir frustré non seulement par le film en tant que tel, mais aussi plus globalement par la majorité de ces romances LGBT qui n’évoquent que la naissance d’une relation. Et qui s’arrêtent là. Alors qu’on aimerait, s’il vous plaît, voir des couples se former et s’épanouir un peu plus que dans les cinq dernières minutes. Côté romances gay et musiques, on peut penser à Given, adapté en anime et en live action, ou encore à la série thaïlandaise My School President, où deux rivaux d’une même école apprennent à se connaître via le groupe de musique de l’un des deux personnages. Bref, on a espoir que les choses changent encore et toujours !

Sublime, un film de Mariano Biasin avec Martin Miller et Teo Inama. Sortie en salles françaises le mercredi 17 mai 2023.

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