Entre crash d’avion, montagnes russes, cabines à UV, chute de troncs d’arbres et bien d’autres joyeusetés, la franchise Destination finale est clairement la plus terrifiante de toutes… Si vous êtes atteint d’anxiété généralisée ou de troubles obsessionnels (comme moi, en gros).
Depuis vingt-cinq ans déjà, la Mort s’amuse à massacrer un à un les survivants de catastrophes autant capillotractées que leur funeste destin individuel. En 2011, Destination finale 5 venait déjà boucler la boucle, en reliant sa fin à la catastrophe originelle du Vol 180. Et pourtant, la saga est de retour avec Destination finale Bloodlines. La formule est toujours la même, ou presque : cette fois c’est une affaire de famille.
Il n’est plus question de suivre un groupe d’inconnus ou de connaissances rassemblées par un coup du sort, mais bien toute une lignée. Quand Stefani rentre auprès des siens, elle espère comprendre ce qui se cache derrière le cauchemar qui la hante de façon incessante. Ce mauvais rêve n’est nul autre que la prémonition de sa grand-mère Iris, recluse de la société, qui a empêché l’effondrement d’une tour cinquante ans plus tôt. Cette fois-ci, la Mort joue en famille et elle ne s’arrêtera pas tant qu’elle n’aura pas détruit l’arbre généalogique de Stefani, une génération après l’autre…

La vie, c’est quand même un joyeux hasard. Quand on s’appelle Iris, on peut survivre à une soirée blindée de bourges dans un restaurant situé tout en haut d’une tour flambant neuve mais franchement brinquebalante (décidément avec Drop Game on adore les dates en hauteur qui partent en vrille cette année). Et quand on s’appelle Zack Lipovsky ou Adam B. Stein, on peut passer de mettre en scène le fameux téléfilm Kim Possible (oui) à piloter un nouveau Destination finale. Il faut toujours croire en ses rêves : les réalisateurs l’ont fait dès leur entretien en faisant croire qu’ils étaient poursuivis par la Mort, comme dans l’un des films. Ça mériterait un post LinkedIn gênant de recruteur encourageant à les imiter en entretien d’embauche.
Le développement de Bloodlines a été un peu bordélique : tantôt envisagé comme un film pour HBO Max, la sortie a ensuite été pensée en grandes pompes pour le cinéma, avec un tournage en IMAX, pour célébrer les vingt-cinq ans de la franchise. Et contrairement au cinquième volet, victime de leaks des mois avant la sortie, le secret a plutôt bien été préservé sur la façon dont ce nouvel opus twiste un peu la formule. La Mort en famille : ça marche plutôt bien. Ça apporte un petit supplément d’âme aux personnages, pour lesquels on s’attache davantage. En contrepartie, c’est peut-être le film qui met un peu plus de temps à démarrer, mais une fois qu’on est lancé, c’est la foire à la saucisse. Numérique, certes, toutes les mises à mort étant en CGI – l’une des seules ombres au tableau, avec les effets parfois douteux de la prémonition, ce qui ne l’empêche pas non plus d’être la plus turbo-neuneu de la saga (dans le bon sens du terme).
Ça marche aussi parce que la Mort devient un prétexte pour renouer le dialogue au sein d’une famille dysfonctionnelle – et contrainte de se réunir : barbecue mortel, enterrement dément, tous les prétextes sont bons. Elle permet même d’explorer la notion de traumatisme générationnel, la prémonition d’Iris ayant laissé des marques, inconscientes ou non, sur les générations venues après elle. Par définition, il s’agit de séquelles post-traumatiques décelables dans le corps, d’événements que la personne elle-même n’a pas vécus : soit tout ce que subit Stefani et ce qu’elle « impose » à sa famille, qui fait face avec habileté aux secrets et au déni.
Bloodlines n’oublie pas non plus son propre héritage : les gimmicks de la franchise Destination finale, condensés en un petit best-of avec une pointe de rébellion. On retrouve des caractéristiques propres aux volets réalisés par James Wong : le sadisme de la Mort, qui aime prendre son temps avec des scènes en tension, tout comme son aura surnaturelle. La caméra parfois fantomatique, l’abri d’Iris en mode survivaliste et l’atmosphère orageuse rappellent le dénouement du premier volet, avec Alex et Claire reclus dans la forêt. Tout comme l’esprit un peu plus méta et ironique des autres films, où les personnages sont conscients de l’absurdité totale de la situation et viennent contester eux-mêmes les « règles » de la mort. Mais c’est surtout à travers une autre figure que Bloodlines rend honneur à ses aînés : celle de William Bludworth, le médecin-légiste incarné par Tony Todd, à qui l’on offre le plus beau des adieux, avec toutes ses tripes.
Destination Finale Bloodlines, un film de Zack Lipovsky et Adam B. Stein. Avec Brec Bassinger, Teo Briones, Kaitlyn Santa Juana… Sortie française le 14 mai 2025.