The Lighthouse : Phare from home

Quand sort The Lighthouse, Robert Eggers est déjà connu du public cinéphile grâce à The VVitch qui nous avait plutôt séduit à l’époque. Pour son deuxième long-métrage, il continue à imposer son style particulier, aidé par la boîte de production A24, férue de ce type de projets.

The Lighthouse raconte donc l’histoire d’Ephraim (Robert Pattinson) qui vient de trouver un travail et rejoint Thomas (Willem Dafoe) gardien de phare qu’il va assister. Eggers affiche tout de suite la couleur, justement en la soustrayant du film. À ce noir et blanc, s’ajoute un format 1.19 :1, très proche du carré, qui rappelle le cinéma muet et sort immédiatement le film des formats habituels. On est tout de suite dans l’exercice de style et le réalisateur ne s’en cache pas.

Tout semble exagéré dans The Lighthouse et tout va en s’empirant. Eggers n’hésite pas à aller au bout de sa démarche et nous hypnotise par son audace formelle et conceptuelle. Dans ce huis-clos suffoquant, il embrasse les récits mythologiques de pirates, de sirènes et de kraken. Il faut souligner la prouesse du cinéaste qui arrive à faire cohabiter dans le même film, la claustrophobie du tête-à-tête oppressant et l’ampleur du fantastique débridé. Si le film tient malgré son pari étonnant, c’est notamment grâce à la performance de ses deux incroyables acteurs.

Robert Pattinson ne nous surprend plus tant il s’impose, film après film, comme l’un des grands acteurs de sa génération. Willem Dafoe n’a plus rien à prouver, et pourtant, il donne tout. Et quand Willem Dafoe donne tout, on est rarement déçu du voyage. Quelle formidable prestation dans ce rôle de marin fou aux multiples facettes. On pensait voir un mutique renfrogné, on se retrouve avec une pipelette pétomane. Son maniement du vieil anglais de marin, ses yeux exorbités, ses éclats de rire et de colère. On a droit à un véritable récital pendant les deux heures du film, et quel régal ! Robert Eggers ne s’y trompe pas et rend hommage au visage de l’acteur avec de merveilleux plans qui en font une figure presque divine où ses deux grands yeux ronds semblent bouffer tout l’écran. A-t-il déjà écouté la chanson de Nougaro sur un gardien de phare alcoolisé ? Sans doute pas, mais la démesure est la même.

Après deux jours de confinement

Plus généralement, on sent que le réalisateur a pris un plaisir fou à filmer ce phare. Un plaisir évidemment communicatif. Eggers multiplie les références, au cinéma, mais aussi à la peinture, dans ses compositions de plan. Il s’amuse de ses deux personnages prisonniers du délire qu’il a créé. Et il nous invite à regarder jusqu’où il peut aller sa petite expérimentation. Heureusement, si le film frôle parfois avec la vanité de ce type d’exercice de style, le soin apporté à l’atmosphère du phare maudit, aux codes des films d’épouvante, au vécu des personnages donne de la chair et de la matérialité au film. The Lighthouse n’est pas un simple manège de concepts. Il y a du sang, de la merde, de l’eau, des corps dans ce phare. Cela rend les envolées hallucinées du film encore plus saisissantes.

Deux hommes coincés dans un phare, en noir et blanc, ça aurait pu faire un magnifique Béla Tarr. Entre les mains de Robert Eggers, le film prend un tout autre chemin radical et envoûtant qui ne vous laissera pas de marbre pour peu que vous soyez sensible au chant des sirènes…

The Lighthouse, de Robert Eggers avec Willem Dafoe, Robert Pattinson, disponible sur Ciné+

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1 thought on “The Lighthouse : Phare from home

  1. Plaisir à filmer, sens esthétique, atmosphère, références, prestation des acteurs… certes. Mais pour dire quoi exactement? L’article ne répond pas à cette question, pas plus que le film, et c’est dommage! Parce que le sang et la merde peuvent très bien rester des concepts si, justement, il n’y a pas d’idée derrière… Pour moi, le film est resté vain de la première à la dernière image, aussi expressionniste soit-elle.

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