Indiana Jones et le Cadran de la destinée : l’aventure au parfum de Botox

Quelques notes de musique, un fouet et un chapeau suffisent à faire briller les yeux de millions de spectateurs à travers le monde. C’est la magie des icônes du cinéma, et il est indéniable qu’Indiana Jones figure à leur panthéon. Créé dans les années 70 par George Lucas et magnifié par la réalisation de Spielberg, le mythique Indiana Jones a subjugué le monde en trois films dans les années 80, et reste indissociable de son acteur, Harrison Ford, qui a su donner au personnage son charisme, mélange irrésistible de classe, d’humour et d’espièglerie.

Comme pour toute franchise à Hollywood, il était impensable de se contenter des trois succès originels. En 2008, Spielberg a repris la caméra et Ford, le fouet, pour un épisode que l’on qualifiera pudiquement de désastreux. Quinze ans plus tard, Spielberg laisse la main et c’est à James Mangold que revient la lourde tâche d’essayer de refaire vivre la légende, alors qu’Harrison Ford a passé l’honorable barre des 80 ans.

Terminé les extra-terrestres et les communistes, on revient aux fondamentaux : les nazis. Et tout de suite ça fonctionne mieux. Pas la peine de vous détailler plus précisément l’histoire, mais vous vous doutez bien qu’il y a un objet très magique à récupérer, des énigmes et des courses-poursuites. Mangold remplit respectueusement le cahier des charges tout en saupoudrant l’intrigue de l’inévitable fan-service à base de clins d’œil plus ou moins appuyés aux précédents volets. Phoebe Waller-Bridge apporte une fraîcheur bienvenue et surtout un personnage féminin intéressant à la série, ce qui était, de loin, le plus gros problème de la trilogie originale.

Pour le reste, le film réussit bien mieux que le précédent volet à recuisiner les ingrédients de la formule. Harrison Ford semble retrouver avec plaisir le costume de l’aventurier solitaire. Les passages où il est rajeuni numériquement sont véritablement bluffants (et renforcent encore plus les craintes qu’on peut avoir sur l’usage de cette technologie…). Mais même quand le personnage retrouve son corps d’octogénaire, la mise en scène réussit à dynamiser les prouesses moins virevoltantes de son interprète. On y croit, et on se laisse porter sans déplaisir par les pérégrinations habituelles de l’archéologue le moins archéologue de l’histoire de l’archéologie.

Fleabag et Oldbag

Malheureusement, le film laisse quand même ce goût de fadeur qu’on commence à reconnaître entre mille. Celui des suites qui ont trop de respect pour leur saga d’origine pour se permettre de tenter des choses et qui passent alors à côté de ce qui avait tant marché au début. La trilogie Indiana Jones (comment ça Mehdi, tu oublies l’existence d’un certain épisode ? NDLR) est notamment marquante pour son côté un peu cracra : des morts glauques, des insectes dégoûtants, des pièges rigolos. Ce n’est pas pour rien que certaines séquences sont restées gravées dans la mémoire de nombreux enfants traumatisés. Pas de risque que ça arrive avec ce film très lisse et calibré qui sera sans doute aussi vite oublié. Cela explique aussi pourquoi il semble parfois si long. Avec vingt minutes en plus que ses illustres prédécesseurs, il en semble le double, notamment à cause de quelques personnages secondaires totalement inutiles. Encore une preuve que les blockbusters modernes feraient mieux de réapprendre les vertus des montages resserrés.  

Et ce constat est d’autant plus dommage que le film se permet quand même une grande audace que nous ne dévoilerons pas ici, ne vous inquiétez pas. Mais alors que l’on pense que le film ouvre une nouvelle porte aux promesses infinies, il la referme quasiment aussitôt, comme s’il était trop timide pour s’engager dans l’inconnu. Ce n’est pas le plus beau des hommages à faire à Indiana Jones.

About The Author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.