Ca y est, le Festival de Cannes 2023 s’est terminé ce samedi avec le couronnement d’Anatomie d’une chute de Justine Triet, un choix qui nous a ô combien emballé tant le film a fait partie de ceux qui ont rythmé notre festival. Au terme d’une cérémonie bien proprette, à l’image de celle d’un festival qui s’est voulu tout au long de ces dix jours le plus hermétique possible à toute polémique, la réalisatrice française a mis un coup de pied dans la fourmilière, faisant entrer l’actualité politique dans le Palais des festivals. Tout a été déjà dit et écrit sur les réactions à ce discours, et ce qu’elles peuvent avoir d’inquiétant sur la conception de la culture défendue par le gouvernement.
Mais il n’y a pas eu que cela au cours de ce festival. Alors une fois tous rentrés dans nos pénates avec plus ou moins de casse et après notre première vraie nuit de sommeil depuis un bail, l’équipée cannoise de Cinématraque revient sur le meilleur de ce Cannes 2023.
Mehdi

Nombre de films vus
25
Podium (toutes catégories confondues)
Anatomie d’une chute, Vers un avenir radieux, Les herbes sèches
Plan le plus marquant
Dans les herbes sèches, une discussion incroyable entre les deux protagonistes est suivi d’un plan que je ne peux pas dévoiler ici mais qui m’a fait beaucoup réfléchir
Meilleur acteur
Enea Sala dans L’Enlèvement
Meilleure actrice
Sandra Hüller dans Anatomie d’une chute
Film que tu regrettes le plus avoir raté
Eureka de Lisandro Alonso
Ton avis sur le palmarès et sur cette édition dans son ensemble
Une sélection de haut niveau même si sans chef-d’œuvre inoubliable, selon moi. Et le palmarès est pour une fois parfait, bravo au jury
Une anecdote à garder de ce Festival?
La salle qui applaudit à tout rompre pendant le film en hommage à Godard, lors de la séquence qui le montre en train de crier contre les festivaliers qui ne veulent pas annuler le festival en 68. C’était un moment assez stupéfiant à observer tant personne ne semblait voir le terrible paradoxe en place.
Jean-Baptiste

Nombre de films vus
33, ce qui doit être mon record, j’appelle le Guinness
Podium (toutes catégories confondues)
Le livre des solutions, The Zone of interest, Vers un avenir radieux
Plan le plus marquant
Le plan final du Livre des solutions, que j’ai trouvé magnifiquement malicieux, délicieusement méta, et résumant parfaitement le zigoto que semble être Michel Gondry.
Meilleur acteur
Kõji Yakusho (Perfect Days), donc nickel, Ruben
Meilleure actrice
Ebla Mari, dans The Old Oak
Film que tu regrettes le plus avoir raté
Le Scorsese, mais nique la billetterie.
Ton avis sur le palmarès et sur cette édition dans son ensemble
Écoute, je partais pas confiant mais les films étaient tous vraiment chouettes, je n’ai rien vu de nullissime et j’ai croisé quelques beaux gros morceaux. Quant au palmarès, moi j’avais confiance en ce jury, et je pense qu’il a livré le meilleur possible. Bien joué, les zigs !
Une anecdote à garder de ce Festival ?
Non, je ne suis pas un gars qui a des anecdotes, il ne m’arrive rien, ah si on m’a fait me coucher après minuit pour enregistrer un podcast. C’était drôle de voir la nuit noire pour de vrai.
Julien

Nombre de films vus
33, comme Jean-Baptiste, sauf que moi j’ai pas couru un 10km pendant le Festival en plus.
Podium (toutes catégories confondues)
The Zone of Interest, Anatomie d’une chute, Killers of the Flower Moon
Plan le plus marquant
Un plan de la séquence finale de Killers of the Flower Moon, sur lequel je ne peux rien dire, mais tous ceux qui ont vu ou verront le film comprendront son importance crépusculaire dans la filmographie de Martin Scorsese.
Meilleur acteur
Jussi Vatanen, le sosie de Bastien Bouillon de l’avis général dans Les Feuilles mortes de Kaurismäki
Meilleure actrice
Alma Pöysti, qui joue le love interest du sosie de Bastien Bouillon dans Les Feuilles mortes de Kaurismäki
Film que tu regrettes le plus avoir raté
Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan que j’adore, mais dont les 3 heures et demie sont difficiles à caser dans un planning quand tu rates la séance presse.
Ton avis sur le palmarès et sur cette édition dans son ensemble
Après une édition en 2022 en demi-teinte, 2023 a été un très bon cru. Peu de chefs-d’œuvre certes, mais très peu de films horribles et une sélection en compétition d’une belle homogénéité qualitative. Et même si on peut toujours trouver à redire sur les absents (Moretti, Wes Anderson, Rohrwacher) ou la position de chacun (Kaurismäki un peu bas), le jury mené par Ruben Östlund a su parfaitement identifier et récompenser les films qui ont marqué cette édition. Même un film sur lequel j’ai de grandes réserves comme Dodin Bouffant est à sa bonne place!
Une anecdote à garder de ce Festival?
J’ai une pensée pour le pauvre Arnaud Desplechin. Au cours de la masterclass donnée par Howard Shore lundi dernier, Desplechin lui avait réservé une surprise en enregistrant un petit message vidéo à en hommage au compositeur qui avait pour lui la musique d’Esther Kahn, sélectionné au festival en 2000. Une jolie vidéo dans laquelle le réalisateur français témoignait de l’importance de cette collaboration dans sa carrière. Sauf qu’à peine le message diffusé, Thierry Frémaux déboule dans la salle pour annoncer que Martin Scorsese vient d’arriver dans la salle. Et puisqu’on ne peut pas faire attendre Martin Scorsese, Desplechin est passé à l’as sans ménagement.