Los Angeles au cinéma : les meilleurs films selon la rédac

Portrait de Los Angeles au Forum des images

Ah, la ville des anges ! Lieu de fantasmes et de désillusions, de rêves hollywoodiens et de cauchemars capitalistes. Rassemblement de tous les extrêmes sur une immense surface presque plate, où l’extrême pauvreté côtoie la démesure indécente des plus riches dans leurs communautés fermées, mais aussi le point névralgique d’une industrie cinéma scrutée par le monde entier. Qui dit ville plurielle dit incarnations multiples : ne serait-ce que par les tournages qui s’y installent 365 jours par an, Los Angeles est une ville de cinéma (des cinémas) comme il en existe très peu encore aujourd’hui. Film noir, horreur, action, comédie, absurde, film social et fantaisiste : il y en a pour tous les goûts dans la cité du mauvais goût.

S’il est à peu près impossible de résumer en une poignée de films tout le cinéma qui met en scène la ville la plus célèbre de la Californie, c’est néanmoins l’expérience cubiste que tente notre cher Forum des images pour son dernier cycle avant la trêve des vacances d’été. Et comme Cinématraque est de plus en plus attaché au FDI (au point d’avoir une de nos rédactrices en poste de programmatrice jeune public là-bas depuis peu), on vous propose ceux qui sont selon nous les meilleurs films sur Los Angeles de la programmation.

Captain Jim conseille : Invasion Los Angeles, de John Carpenter

They Live, comme on le nomme dans la langue de Big John, montre frontalement l’enfer du consumérisme abrutissant et du capitalisme avec un grand C de la ville la plus pourrie de la côte Ouest. Et pourtant, il s’agit bien d’un film de science-fiction pur et dur, avec des aliens tout laids et des lunettes révélatrices du futur en lieu et place des monstres bien humains de la génération Reagan. John Carpenter a l’intelligence avec ce film de confronter les extrêmes qui composent réellement la cité des anges : son centre touristique et commercial et les simili bidonvilles des marginaux, exclus et déclassés.

Croyez-le ou non, mais ce sont ces derniers que les producteurs n’avaient pas très envie de montrer. Faire du héros un SDF (Roddy Piper, magistral) et du cadre du premier acte ces territoires en ruine qui sont habituellement bien cachés dans le hors champ, ça n’a pas été une chose facile. Alors que raconter que des extraterrestres utilisent des messages subliminaux pour contrôler les masses et les forcer à consommer bêtement et indéfiniment sans questionner l’ordre établi, ça passait crème. A l’image des lunettes du héros qui révèlent la vérité derrière la pollution publicitaire, Invasion Los Angeles est un film nécessaire pour ouvrir les yeux.

Programmé en Juillet 2023 (notre envoyée spéciale connaît la date exacte non annoncée encore mais ne veut pas nous la dire parce qu’elle est méchante)

Mehdi conseille : Mulholland Drive, de David Lynch

Comment ne pas parler de Mulholland Drive, le chef d’œuvre de Lynch, dans un cycle sur Los Angeles ?

Mais en même temps, comment parler de Mulholland Drive, alors que le film lui-même nous impose un célèbre « Silencio » qui annihile toute tentative d’exégèse de ce film aux mystères insondables ?

On va simplement se contenter de rappeler la beauté irréelle qui se dégage de ce qui était à l’origine un pilote de série télé et qui est devenu l’un des films les plus marquants de l’histoire du cinéma. Dans les méandres d’une intrigue qui à mesure qu’elle se dévoile devient plus opaque, le film fait surgir une ville hypnotisante. Comment ne pas avoir envie de s’y perdre, surtout en compagnie de Naomi Watts, Laura Harring et Justin Theroux ? C’est aussi l’occasion de se laisser porter à nouveau par la musique de Badalamenti qui nous a quitté récemment.

Le Los Angeles de Lynch est violent, baroque, triste, coloré, ridicule, sexy, ambigu, terrifiant et rejouissant. Bref, il est incontournable.

Programmé le 16 avril à 20h30, juste après un autre chef d’œuvre : Boulevard du Crépuscule de Billy Wilder.

Gabin conseille : Pleasure, de Ninja Thyberg

Récompensé d’un Prix du Jury à Deauville, Pleasure suit une jeune Suédoise de vingt ans fraichement débarquée à LA pour devenir une vedette du porno. Ninja Thyberg filme une plongée sans concession dans l’industrie du X, où tous les coups sont permis pour se faire une place. Entre clichés persistants, notion de consentement bien différente d’un tournage à un autre, le film n’oublie pas les zones d’ombre du milieu, tout en mettant en lumière des évolutions nécessaires (le porno féminin…). Si Hollywood est le versant éclairé de l’industrie cinématographique de la ville, l’univers du X en est évidemment l’envers du décor – tout y étant lié intimement. Notre camarade Jacky Goldberg donnera d’ailleurs une conférence le 12 mai à 18h30 au sujet de la « Porn Valley ».

Programmé le jeudi 11 mai à 20h30.

Juliette conseille : Une Étoile est née (A star is born), de George Cukor

Pas moins de quatre versions de A Star Is Born ont foulé le grand écran, mais aucune n’égale celle du maître de la comédie musicale, George Cukor, avec la plus grande icône de ce genre, la magnifique et étonnante Judy Garland. En 1954, la grande actrice et chanteuse apparaît pour la première fois hors de la MGM pour un rôle presque autobiographique sur sa carrière compliqué par le système hollywoodien, sur la pression patriarcale la réifiant depuis toute petite. Masculine, fatale, parfois même grimée, Judy Garland semble se libérer dans la peau d’Esther, jeune fille pleine de rêves qui parvient à devenir une star, guidée par Norman Maine (le charismatique James Mason), célébrité dont le déclin se fait vite ressentir. C’est bien un récit de rise and fall en deux personnages que propose cette œuvre qui se permet par la différence de genre d’évoquer la toxicité masculine de l’industrie du spectacle (cette même toxicité qui a ruiné Judy Garland, un rôle, donc, définitivement bien méta — une idée reprise par les films qui ont suivi avec Barbra Streisand en 1976 et Lady Gaga en 2018 — excellente dans le rôle malgré ce remake abominable).

Los Angeles y est représentée par le monde d’Hollywood, si caractéristique de cette ville, le microcosme type de l’American dream qui propose à la fois toutes les libérations et toutes les entraves. À ce sujet c’est bien le numéro musical de 15 minutes entières, qui compile plusieurs morceaux, avant la première intermission du film, qui est le plus révélateur. Judy Garland, par le truchement de son personnage Esther, y évoque le quotidien des femmes dans le milieu du show business où elles sont sexuellement en danger, utilisées comme des objets et doivent lutter jusqu’à attirer l’attention d’individus au premier abord meilleurs mais in fine tout aussi dangereux. Même si la dernière scène déçoit un petit peu politiquement (et on pardonne pour l’âge du film), Une Étoile est née version George Cukor est un véritable chef-d’œuvre par sa mise en scène, ses numéros musicaux virtuoses, son commentaire sur l’industrie et sa grande tristesse. En complément de ce film, sur une autre ville avec des vices bien proches, il est intéressant de se pencher sur New York, New York de Martin Scorsese, autre chef-d’œuvre musical sur des relations toxiques avec Liza Minnelli, la propre fille de Judy Garland.

Programmé le 22 juin et le 2 juillet.

Gaël conseille : Collateral, de Michael Mann

Ce film contient un des plus beaux plans de l’histoire du cinéma : l’apparition furtive d’un coyote sur la route. Pour vous dire la puissance du moment, et ce qu’il pourrait amener comme réflexion : on pourrait tirer tout un livre de ces quarante secondes. L’apparition d’un coyote sous les phares du taxi conduit par Jamie Foxx, avec Tom Cruise comme passager. Il serait réducteur d’y voir qu’une allégorie de la jungle urbaine, celle de Los Angeles. On pourrait même dire qu’il n’y a rien de plus faux que de songer à cette métaphore. C’est bien au contraire, une nouvelle fois pour Michael Mann un moment en suspension qui concentre en quelques plans sa réflexion humaniste et politique et qui fait de lui un cinéaste romantique. Cinéaste urbain, amoureux fou de Los Angeles qu’il ne cesse de filmer, Michael Mann sait que l’humanité doit tout à la nature et sa biodiversité que l’artificialisation des sols cherche à repousser. Los Angeles est un monstre de béton, quadrillé à perte de vue par des routes et des autoroutes pour imposer la violence motorisée : dans Collateral comme dans la vraie vie, on se déplace dans Los Angeles en avion, en hélicoptère et évidemment en bagnole. Pour remplir ses contrats, Vincent, notre tueur, ne va pas s’aventurer à prendre le métro et encore moins faire le trajet à pied. Un moyen efficace et rapide s’offre à lui : un taxi. Un véhicule capable d’encaisser les chocs, de le protéger, tout en lui permettant de remplir ses missions. Il y a un prédateur dans le film, c’est Vincent. Rien ne serait plus faux que de l’associer au canidé. Le coyote, s’il se nourrit parfois de petits rongeurs, est essentiellement un animal opportuniste qui voit dans la ville un moyen de trouver facilement de la nourriture (les restes des humains qu’il trouve dans les poubelles et les décharges publiques) tout en étant protégé de ses prédateurs naturels. C’est plutôt à Max que l’animal fait penser. Le coyote ne surgit pas dans le plan, sa présence est amorcée par l’action du personnage de Max. Le chauffeur de taxi ne s’arrête pas à la vision du coyote, il ralentit avant que le carnassier n’apparaisse. Alors qu’on arrive au climax du film, le récit s’offre une pause. C’est un moment paisible, ou l’homme et l’animal s’observe. Surtout deux protagonistes qui se connaissent et qui se sont déjà croisé. Contrairement à Vincent, Max connaît le coyote et son itinéraire. Tout comme le coyote est habitué à la présence humaine, il ne la craint pas. Vincent agit comme un prédateur sur un territoire qu’il ne maîtrise pas, contrairement au coyote et à Max qui ne cherchent qu’à survivre avec ce qu’ils ont. En 2022, c’est un tout autre animal qui a fait parler de lui à Los Angeles, la mort d’un vieux puma. Le félidé avait élu domicile quelques années auparavant dans un coin de la ville et a vu son territoire se réduire d’année en année face aux constructions humaine. Michael Mann lui-même s’était retrouvé une nuit face à un coyote alors qu’il était au volant de sa bagnole. Les habitants ont fini par s’habituer à la présence de ces bestioles qui étaient là avant que la ville s’impose à la nature.

L’apparition fantomatique du coyote fonctionne pourtant comme un déclic pour le personnage de Max, mais également sur Michael Mann. Les échanges entre Vincent et Max durant le récit évoquent ce que les personnages recherchent dans leur travail et l’anonymat de la ville : ici Los Angeles. Sitôt passé l’effroi du premier meurtre, Max va «faire avec » son encombrant passager. Une complicité va naître, pratiquement un syndrome de Stendhal, bien qu’il ne s’habitue pas aux meurtres, Max va se sentir obliger de continuer à acheminer le criminel sur chacune de ses missions. À la vue de l’animal, à ce moment précis, quelque chose se passe. Peu avant, Vincent se demandait pourquoi Max se contentait de sa vie, qu’il ne cherchait pas à sortir de sa zone de confort et lui promettait un avenir sans éclat. Max, lui s’interrogeait sur ce qui animait Vincent, concluant qu’il n’avait pas grand-chose d’humain en lui. Si Michael Mann filme ici deux travailleurs, comme il le fait à chaque film, il filme surtout un rapport de classe. Lorsque les deux hommes se font arrêter par la police qui se pose des questions quant à l’état du taxi (cabossé par la chute du premier cadavre) Vincent ne va pas intriguer les flics : il présente bien. C’est un homme blanc, d’un certain âge, avec un costard. Bien que le tueur cherche à se présenter, à l’instar du chauffeur, comme un travailleur, il n’en est rien. Là où Max ne compte pas ses heures et survit sans couverture santé (comme lui fera remarquer Vincent), le personnage interprété par Tom Cruise se permet le luxe de bien s’habiller, de se déplacer en avion et de traverser Los Angeles toute une nuit en taxi. Ce que dit ici Michael Mann, c’est que pour traverser Los Angeles en bagnole, il faut que celle-ci soit l’outil de travail ou bien en avoir les moyens financiers (comme Michael Mann, comme Vincent). Voilà ce que le coyote rappelle au cinéaste et à son personnage, on ne peut pas s’en sortir à Los Angeles sans voiture. Sauf à retrouver sa liberté.

Car c’est un des paradoxes du film et du cinéaste, son roadmovie urbain, véritable déclaration d’amour à sa ville et à ses différents quartiers, ne trouve son débouché que lorsque le travailleur casse volontairement son outil de travail : sa voiture. En provoquant l’accident, Max va pouvoir retrouver sa liberté, et sortir de sa condition. C’est en abandonnant son bien qu’il trouve la force d’appeler sa première passagère qui l’avait pourtant draguer. C’est le côté conte de fée de ce grand romantique de Michael Mann d’imaginer un avenir possible interclasse entre un chauffeur de taxi et une procureure. Mais si un travailleur peut s’en sortir à Los Angeles sans voiture et même lui permettre d’accomplir ce qu’il n’osait pas, la chose se complique pour Vincent, l’homme blanc privilégié. Le bourgeois peut très bien se déplacer dans Los Angeles en avion, ou en bagnole, mais une fois qu’il se retrouve sans moyens de transport, il se retrouve démuni, incapable de s’orienter. Il y a une véritable ironie que Vincent perde totalement le contrôle une fois dans un transport en commun. L’homme qui disait que son « travail » lui permettait de sortir de sa condition et de profiter des avantages de la bourgeoisie, se retrouve à mourir dans l’indifférence dans le métro. Et si c’était ça qui permettait à Los Angeles d’exister : ses travailleurs, ses transports publics et évidemment ses coyotes ?

Programmé en juin.

Julien conseille : Short Cuts, de Robert Altman

En 1993, l’année suivant The Player, dans lequel il réglait plus ou moins directement ses comptes avec l’industrie hollywoodienne, Robert Altman s’attaquait à un monument de la littérature de son temps, Raymond Carver. Il faut dire que l’œuvre du maître nouvelliste, angelino d’adoption comme lui, représentait un mariage de rêve pour le cinéaste. En portant à l’écran avec Short Cuts neuf nouvelles et un poème publiés par Carver dans différents magazines pendant les années 70 et 80, le cinéaste trouvait un terrain de jeu idéal pour son goût de la narration chorale et des ensemble casts démesurés. Le seul véritable fil conducteur entre toutes ces histoires, c’est Los Angeles, dans laquelle la plupart des nouvelles adaptées ont été “relocalisées”. Bien qu’il vivait à l’époque de l’autre côté du pays à New York, Altman était fort peu friand de cette Big Apple trop européenne, trop ordonnée, trop bien rangée. La Cité des Anges, bien plus horizontale, tentaculaire enchevêtrement de boroughs disparates, était le terrain de jeu idéal de la narration empirique altmanienne, fortement modelée autour de son amour du jazz, passion partagée par Carver également. Reçu en triomphe à Venise d’où il repart avec le Lion d’Or (à égalité avec Trois couleurs : Bleu de Kieslowski) et une Coupe Volpi récompensant l’intégralité de son colossal casting (Tim Robbins, Chris Penn, Jennifer Jason Leigh, Robert Downey Jr., Andie McDowell, Julianne Moore, Matthew Modine…), Short Cuts est peut-être aujourd’hui le plus proche de ce qu’on pourrait tenter de qualifier de film-somme de la filmographie d’Altman. Ne serait-ce que pour l’inoubliable duo qu’il a su former devant sa caméra entre Tom Waits et Lily Tomlin.

Programmé le 15 avril à 20h30.

Maguelonne conseille : Le violent, de Nicholas Ray

Un film américain sorti en 1950, qui mêle drame et satire dans l’univers du show-business… Il pourrait s’agir d‘All About Eve, mais le film de Mankiewicz se déroule à New York. Il pourrait aussi s’agir de Boulevard du Crépuscule, mais l’immense classique de Billy Wilder (qui est d’ailleurs à la programmation du Forum des Images le 16 avril !) n’a sûrement pas besoin qu’on vous encourage à lui donner une chance. Ils font tous deux de l’ombre à In a Lonely Place, cinquième film de Nicholas Ray, dont le titre français, Le Violent, laisse bien moins de place à l’imagination.

Sortie cinq ans plus tard, l’œuvre phare du cinéaste – La fureur de vivre – a immortalisé James Dean autant qu’un monument de Los Angeles, l’observatoire Griffith (le film fait bien sûr aussi partie du cycle du Forum des Images, les 22 et 30 avril). Ici, Humphrey Bogart nous emmène faire plusieurs tours en décapotable à travers Beverly Hills ou Santa Monica, notamment le long d’un canyon qui est le fameux endroit solitaire éponyme ou pour un pique-nique à la plage, avant de rentrer dans son appartement au style renouveau colonial espagnol typique de la ville. Plus encore que de nous balader dans les avenues angelines, le film fait tout un inventaire de l’imaginaire hollywoodien avec autant de tendresse que de cruauté, convoquant et retournant au passage toutes les figures incontournables et les genres emblématiques de la capitale américaine du cinéma, la comédie et le drame, le film noir et la romance ardente – entre un scénariste génial mais désabusé (Bogart) et une mystérieuse actrice interprétée par Gloria Grahame, qui était alors la compagne du réalisateur et joue du sourcil comme personne. Le scénario terriblement moderne nous ménage quelques surprises, un morceau de jazz, un peu de sous-texte historique, et la plus poignante des ironies dramatiques. A ne pas manquer.

Programmé le mercredi 17 mai à 19h30 et le dimanche 21 mai à 15h.

Pauline conseille : La La Land, de Damien Chazelle

Probablement un des films de la sélection qui a le moins besoin d’introduction, mais quand on aime on ne compte pas… Preuve en est, nous avions consacré un épisode entier du podcast à la (encore petite) filmographie de Chazelle en février. Aux côtés de Ryan Gosling et d’Emma Stone, c’est bien Los Angeles la troisième tête d’affiche du film. L’incroyable séquence musicale d’ouverture dans les bouchons de cette ville tentaculaire (passer des heures sur ces interminables autoroutes à 8 voies, coincé.e dans sa voiture, est un véritable rite d’initiation), sa chanson dédiée (City Of Stars), ses lieux emblématiques (l’Observatoire Griffith, encore et toujours, les studios de cinéma, le Chateau Marmont…) et même le titre lui-même (on peut lire LA comme L.A.) prouvent que Los Angeles est une partie intégrante de l’histoire de Mia et Sebastian. Leur éloignement final sera d’ailleurs aussi « sentimental » que géographique, puisque Mia, le succès aidant, accèdera au LA luxueux et hollywoodien, tandis que Sebastian restera dans le LA « underground » et plus anonyme des clubs de jazz.

Programmé en juin 2023

Et pour aller plus loin encore…

Si la sélection du Forum est déjà folle (le documentaire fou Los Angeles Plays Itself en ouverture pour la première fois en France ? Que rêver de mieux ? Le fou To Live and Die in LA ? Il y est aussi), on ne peut s’empêcher de vous parler d’autres films qu’on affectionne particulièrement et qui vous permettront de continuer à explorer la pluralité résolument absurde de cette ville qui déborde d’un trop plein de tout.

Captain Jim veut vous orienter vers le Little Shop of Horrors de Frank Oz. Puisqu’on parle pauvreté et capitalisme dans They Live de John Carpenter, pourquoi ne pas s’intéresser à un autre film de science-fiction culte qui traite des mêmes sujets dans la même ville ? Adapté du musical scénique d’Alan Menken et Howard Ashman, et lui-même adapté du film de série Z de Roger Corman, La Petite Boutique des Horreurs se passe intégralement dans « Skid Row ». Comme on le comprend dans la chanson introductive qui plante le décor, Skid Row est le coin le plus déprimant et paupérisé du centre de LA. Seule échappatoire possible pour Seymour Krelbron, fleuriste maladroit et pathétique ? Une plante magique arrivée de l’espace qui lui fait miroiter tous les possibles du rêve américain, à condition qu’il lui donne à manger de la chair humaine. On aura vu plus subtil dans le genre critique du capitalisme et de l’impossibilité d’ascension sociale sans se mettre du sang sur les mains, et pourtant la majorité du public pense encore le film comme une simple comédie loufoque ! Dernier point en tout cas et pas des moindres, Little Shop of Horrors est intégralement tourné en studio, ce qui veut dire que pour une fois Los Angeles est représenté comme l’ont été toutes les autres villes du monde lors de l’âge d’or de Hollywood : par des décors censés représenter l’essence même du lieu. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le réalisateur et marionnettiste Frank Oz n’est pas tendre avec LA.

Pour Julien, ce sera un détour vers un classique des nineties, White Men Can’t Jump de Ron Shelton. Le 17 mars 1992, un mois avant la sortie de The Player d’Altman évoqué précédemment, les salles américaines voyaient débarquer un autre morceau colossal de culture angelino, dans un autre registre. Scénariste et réalisateur incontournable quand on évoque l’histoire du film de sport (il fut lui-même dans ses jeunes années joueur de baseball aux portes du statut professionnel), Ron Shelton offrait au basket de rue l’un de ses plus beaux plaidoyers avec White Men Can’t Jump. Sidney Deane (Wesley Snipes) est un petit truand qui s’amuse à arnaquer les joueurs de basket de rue sur les playgrounds de Los Angeles. Un jour, il rencontre Billy Hoyle (Woody Harrelson), un blanc-bec à la langue bien pendue qui le prend à son propre jeu. Les deux hommes décident alors de s’allier dans leurs magouilles, Billy représentant l’appât idéal pour les basketteurs trop sûrs d’eux face à un adversaire blanc, hyper doué (Harrelson étant d’ailleurs selon les échos de tournage un bien meilleur basketteur que Snipes) mais incapable de sauter pour dunker. Et pour ce dernier, la manne générée par leur petite affaire est l’occasion de régler sa dette auprès de petits mafieux, et d’offrir la belle vie à sa petite amie Gloria (Rosie Perez), qui ne rêve de son côté que de devenir une championne de Jeopardy.

Intégralement tourné à Los Angeles, White Men Can’t Jump est notamment une ode à la culture du basket de rue dans la ville californienne, et particulièrement des terrains iconiques de Venice Beach. Aussi mythiques que ceux de Rucker Park à New York, ce lieu de rencontre incontournable a vu aussi bien défiler sur un pied d’égalité les basketteurs made in LA (Russell Westbrook, Baron Davis, Paul Pierce), les stars NBA liées par leur parcours à la Cité des Anges (Kobe Bryant, Blake Griffin, LeBron James…) que les légendes des pickup games qui ont toujours préféré la rue aux parquets du sport professionnel (Joe “The Destroyer” Hammond, Larry Williams aka Bone Collector). A l’image du film, ils sont un portrait parfait du melting-pot chaotique et multiculturel (au grand dam des producteurs du film, qui voyaient d’un mauvais œil la romance entre un homme caucasien et une femme portoricaine) qu’est LA et de l’image bigger-than-life qui lui collera toujours à la peau.

Pauline continue dans ses recommandations de normie et vous suggère le splendide objet pop qu’est Drive, de Nicolas Winding Refn. Pour compléter cette plongée dans le Ryan Gosling x Los Angeles Universe, il faut enfiler son blouson scorpion et attacher sa ceinture… Ryan y joue un personnage sans nom de cascadeur automobile à Hollywood le jour et pilote pour les gangsters la nuit, qui s’éprend de sa voisine (Carey Mulligan) et accepte un casse avec le mari de celle-ci (Oscar Isaac) pour les aider à régler leurs dettes. Tourné entièrement à Los Angeles, c’est une vision des bas-fonds violents et crasseux de la ville que nous présente le film, loin des spotlights et du rêve américain.

La rédaction

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