Olga : changement de ré-gym

Sorti en 2021, Olga premier film du Suisse Elie Grappe, résonne évidemment différemment quand on le regarde, aujourd’hui, un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le film, qui se déroule en 2014, suit en effet le parcours d’Olga, gymnaste ukrainienne obligée de se réfugier chez sa famille en Suisse alors que son pays se révolte contre le pouvoir pro-russe. Olga est tiraillée entre son envie de se qualifier pour les compétitions internationales, sous drapeau Suisse, et son attachement à son pays natal qui vit un moment historique.

Ce positionnement du regard, via Olga, est particulièrement intéressant. C’est à travers les yeux d’une ukrainienne exilée que l’on redécouvre les événements historiques d’Euromaïdan. Comme nous à l’époque, Olga ne peut voir la révolte de ses concitoyens qu’à travers les écrans communiquant des informations floues contradictoires. Mais contrairement à nous, la gymnaste a un investissement personnel dans ce qui se passe à Kiev ce qui nous permet de relire ces évènements à travers un regard bien précis : celui de la jeunesse inquiète et en colère.  Cette relecture de la révolte d’Euromaïdan a évidemment un poids symbolique encore plus fort aujourd’hui alors que Kiev vit depuis un an sous les coups de l’armée de l’envahisseur russe. Une scène du film, glaçante, montrant l’équipe russe de gymnastique applaudie par tout un stade alors que l’Ukraine s’apprête à entrer dans une ère de conflits meurtriers nous rappelle à notre aveuglement sur les appétits de la Russie de Poutine…   

Anastasia Budiashkina incarne parfaitement le tiraillement de l’expatriée

La frustration, la peur et les hésitations d’Olga sont parfaitement bien rendues par l’actrice et gymnaste de cirque, Anastasia Budiashkina. Le film réussit à capter derrière le mutisme de l’adolescente, la fragilité d’une expatriée tourmentée par sa conscience. Quelques belles idées de mise en scène dans la froideur de la neutralité suisse montrent une ambition esthétique prometteuse chez Elie Grappe. Mais le film reste un peu trop sage, un peu trop léger pour convaincre totalement. Les personnages secondaires notamment (le grand-père, l’entraîneur…) n’arrivent pas à exister autour d’Olga, et leurs dialogues sonnent beaucoup trop faux, donnant au film une tonalité artificielle qui tranche avec la réalité des images de révolte à Kiev.

Un peu trop frêle pour le poids de l’Histoire qu’il décrit, Olga reste un film intéressant qui résonne tragiquement aujourd’hui et rappelle que les aspirations de la jeunesse ukrainienne à s’éloigner de leur voisin russe ne datent pas d’hier…

Olga, un film d’Elie Chappe, avec Anastasia Budiashkina, disponible sur Ciné+

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