John Wick 4 : Manu t’es foutu, Keanu est dans la rue

À l’heure où le peuple français descend dans la rue et cherche à se faire entendre malgré un 49.3 sauvage, on aurait eu envie que John Wick profite de son détour à Paris pour faire le ménage. Trucider trente-six personnes au milieu d’un rond-point de l’Etoile surchargé et s’attaquer aux escaliers du Sacré-Cœur, l’Elysée à côté ce serait peanuts. Mais passons.

Laissé pour mort après s’est méchamment gamellé du haut de l’hôtel Continental, John Wick aka Baba Yaga cherche toujours à échapper à la Grande Table. Sa tête est mise à prix et la récompense grimpe encore et encore, tandis qu’un nouvel antagoniste sort de l’ombre : le Marquis de Gramont… C’est chic non ? C’est français. Enfin pas tout à fait, puisqu’il est incarné par Bill Skarsgard, qui cabotine un petit peu avec son accent forcé. Même s’il a l’apparence du parfait connard royaliste sorti d’Assas, peut-être aurait-on pu trouver un acteur français… ou proposer le rôle à Macron, du coup (pardon, c’était gratuit.)

Quand Parabellum contenait principalement son intrigue à New York, avec une escale à Casablanca, ce quatrième opus fait voyager John d’un bout à l’autre de la Terre (bonjour le bilan carbone.) Cette fois, on fera un détour par Osaka, Berlin… et Paris. Après Ethan Hunt qui parade en moto à contre-sens sur le Rond-Point de l’Étoile, John Wick fait parler la poudre sur ce même lieu cauchemardesque pour tout automobiliste parisien.

Quand Valérie ne propose que 37€ de remboursement pour le Navigo, John Wick intervient

« Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort » : Olivier Minne aurait pu faire une pirouette pendant la promo du film pour résumer l’état d’esprit de Chad Stahelski, qui retrouve son aire de jeu avec un plaisir non-dissimulé. Dans John Wick 4, la surenchère est partout. Par son nombre de destinations donc, mais aussi par sa flopée de nouveaux personnages (Donnie Yen et Scott Adkins, stars du cinéma d’action à deux échelles radicalement différentes, ou la chanteuse Rina Sawayama), et surtout par sa durée qui avoisine les trois heures. Tremble, James Cameron !

La mythologie autour de la Grande Table, la société secrète qui règne en maître sur les agissements de ces assassins, se développe un peu plus par son aspect très féodal (les convocations écrites du Marquis, les blasons des clans marqués au fer rouge, les provocations en duel…). Ce qui marque toujours, en bien comme en mal, c’est aussi son immatérialité. Au bout de quatre films, l’incarnation de la Grande Table reste très mystérieuse. Nous n’en voyons que les petites mains, prêtes à obéir aux ordres reçus par SMS et à devenir de la chair à canon. La Grande Table est-elle une IA ? Est-elle Chat GPT ? Qui sait…

Donnie, on t’aime, toi aussi viens casser Manu

Et qui dit John Wick dit des impératifs. La palette de couleurs bleu-orangée de la saga, toujours présente, ainsi que ses nombreuses scènes de baston sous musique électro (parfois avec des gens qui continuent de danser comme si de rien n’était alors que ça se trucide sec sous leurs yeux). L’adage précédemment cité se vérifie une fois encore, puisque la castagne se veut toujours plus généreuse, mais surtout plus fluide. Toujours de façon à parer le montage épileptique de nombreux autres blockbusters, Chad Stahelski préfère poser un cadre large, qui laissera loisir à Keanu de tabasser tout ce qui bouge d’un bout à l’autre sans perdre en visibilité. C’est surtout à Paris que l’action est la plus folle, que ce soit sur le Rond-Point de l’Étoile, dans un bâtiment en travaux où la mise en scène vue de dessus rappelle les jeux d’action façon Hotline Miami… ou surtout John Wick Hex, ou dans les escaliers menant au Sacré-Cœur. Point culminant du film, il s’agit de la séquence où le sérieux de la saga réussit enfin à coïncider avec sa légèreté.

On préférera retenir la partie parisienne à l’affreuse parenthèse berlinoise, où un Scott Adkins cabotine dans un fat suit et un accent allemand dégueulasse. Paraît-il que son personnage est un hommage à l’un des ennemis de Donnie Yen (qu’il a déjà affronté dans Ip Man 4) dans Sha Po Lang, bof. Ce qui plaît toujours dans John Wick, c’est la façon dont son héros, qui accuse le coup de l’âge et des blessures, parvient malgré tout à s’en sortir face à plus fort que lui. Davantage encore que dans les précédents volets, ce chapitre 4 cherche à mettre en avant ses autres personnages, peut-être dans l’espoir de disséminer quelques graines pour de nouveaux spin-offs ? Si Ballerina est dans les cartons avec Ana de Armas (réalisé par Len Wiseman par contre, on ne peut pas tout avoir), on pourrait voir un film inspiré de la séquence post-générique, ou qui mettrait en vedette le personnage de Donnie Yen. Voilà peut-être l’idée derrière ce « toujours plus » : introduire d’autres personnages pour laisser John Wick faire une petite (ou longue) pause…

John Wick — Chapitre 4 de Chad Stahelski. Avec Keanu Reeves, Donnie Yen, Bill Skarsgard, Laurence Fishburne, Rina Sawayama, Scott Adkins dans un fat suit et plein d’autres gens qui se font trucider. En salles le 22 mars 2023.

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