Ant-man et la Guêpe — Quantumania : des fourmis dans les Kang

Après une phase 4 très décevante, Marvel Studios mise beaucoup sur le début de sa phase 5 et c’est Ant-Man 3 qui a la lourde tâche de redonner un élan à la gargantuesque machine à blockbusters qu’est devenu le MCU.

Le choix du héros incarné par Paul Rudd pour cette mission est un peu surprenant. Les films Ant-Man se sont en effet toujours situés un peu en marge dans la galaxie du MCU. Comédies avec des enjeux modestes, les deux premiers opus reposaient beaucoup plus sur l’alchimie entre les acteurs que sur leur ambition narrative. Et voilà que Ant-Man 3 doit donner le la du fameux arc « Multivers » qui doit voir le méchant Kang remplacer Thanos comme grand épouvantail avec comme objectif un diptyque de films Avengers (The Kang Dynasty et Secret Wars) en 2025 et 2026 pour conclure la phase 6.

Et en effet, Ant-Man 3 change de dimension par rapport aux opus précédents. De la petite comédie familiale, Marvel essaye de tirer un simili Star Wars (au moins ils n’auront pas de problème de copyrights). Pour cela, le film crée un nouvel univers au cœur de l’infiniment petit : le monde quantique. Et dans ce monde quantique on y croise toutes sorte de races qui donnent l’illusion que le film va nous faire découvrir une entière galaxie inexplorée. Il y a même une sorte de Cantina, sans orchestre malheureusement, qui donne à voir plein de designs d’extraterrestres. Serait-ce donc dans Ant-Man et non dans Les Gardiens de la Galaxie que Marvel va trouver le souffle d’un grand space opera ?

Hélas, non. Malgré toutes ses envies, Ant-Man 3 finit par se dégonfler comme une grenouille qui s’est vue trop belle. Toutes les belles promesses du début n’aboutissent jamais à rien de vraiment consistant. Tout semble un peu trop forcé. Ce nouvel univers, ces nouveaux personnages venus d’on ne sait d’où, ne semblent jamais crédibles. Il est facile de désigner le coupable de cet échec : le rythme du film qui ne laisse jamais son environnement exister. Tout va à cent à l’heure et tout semble apparaître et disparaître sans laisser la moindre trace. Je suis bien incapable à l’heure où j’écris ces lignes d’expliquer à quoi servait le personnage de Bill Murray par exemple. Ant-Man 3 nous montre une dictature terrible où une résistance composée de différents extra-terrestres (ou infra-terrestres, je ne sais plus trop) essaye de renverser l’empereur et son armée de clones. Pourtant, on dirait qu’il a conscience qu’on a déjà vu ça en mieux ailleurs et il ne fait même pas l’effort d’y croire lui-même. Tout ça n’est qu’un prétexte pour mettre en avant le personnage de Kang et lui offrir une première véritable confrontation dans le MCU.

Kangoo Junior

Mais même dans l’utilisation de Kang, Ant-Man 3 fait les mauvais choix. On sait que ce personnage est voué à revenir et à devenir le grand méchant des prochains films du MCU. Jonathan Majors fait tout son possible pour donner à ce personnage une gravité inquiétante. Et cela fonctionne plutôt bien dans les premiers instants : Kang est intéressant et semble avoir les épaules pour reprendre le rôle de Thanos — et ce n’était pas gagné tant le personnage des comics semblait difficile à adapter. Malheureusement, avant de devenir le grand méchant du multivers, il est ici, le grand méchant du film et le voir se battre dans une confrontation ratée contre Ant-Man et sa famille ne permet pas du tout de construire un personnage effrayant. Au contraire, à la sortie du film on a juste l’impression d’avoir vu un méchant aussi banal que les autres, au plan anecdotique facilement renversé. Le film a beau insister dans ses derniers moments sur l’importance du personnage de Kang, il n’arrive jamais à faire exister ce qu’il énonce. Le premier film de la phase 5, celui présentant un personnage clef de voûte ne donne pas envie de le revoir, et c’est sûrement là le plus gros échec de Ant-Man 3.

Vous avez remarqué que j’écris toujours Ant-Man 3 et pas son vrai titre « Ant-man et la Guêpe : Quantumania ». Il y a une raison à cela : la pauvre Guêpe, jouée par Evangeline Lilly, est transparente pendant tout le film. Michael Douglas et Michelle Pfeiffer s’en sortent un peu mieux mais le film tourne surtout autour de Paul Rudd et Kathryn Newton qui joue la fille d’Ant-Man, Cassie Lang. Il y a quand même des réussites dans Ant-Man 3, notamment autour de ce duo qui fonctionne. L’humour y est plutôt bien dosé et fonctionne souvent. À côté de l’infâme Thor 4, c’est même une brillante réussite de ce côté-là. Il y a aussi parfois quelques séquences qui retrouvent l’esprit des comics Marvel et on ne peut que regretter dans ces moments-là que le film n’ait pas réussi à trouver son équilibre car un potentiel existait.

Si on joue au petit jeu du classement des Marvel, on pourrait dire qu’Ant-Man 3 s’en sort relativement bien. Plus ambitieux que les pâles Black Widow et Shang-Chi, plus drôle que Thor 4, mieux tenu que Black Panther 2, c’est peut-être même un des meilleurs Marvel depuis quelques temps. Mais cela prouve surtout que le MCU semble ne toujours pas trouver sa voie depuis Avengers : Endgame. Conçu pour alimenter les prochains films et séries du monde Marvel et donner le top départ d’un nouveau cycle, Ant-Man 3 semble bien trop frêle pour ces ambitions et souffre de ces objectifs démesurés. La fourmi s’est faite plus grosse que le bœuf certes, mais qui a envie de voir une grosse fourmi gonflée ?

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, un film de Peyton Reed. Avec Paul Rudd, Evangeline Lilly, Jonathan Majors, Michel Pfeiffer, Michael Douglas, Kathryn Newton. Sortie en salles françaises le 15 février 2023.

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