At The Gates : Panic in the Basement

Quand on voit le pitch de At The Gates, impossible de ne pas faire un (léger) rapprochement avec le Parasite de Bong Joon-ho : une mère femme de ménage et son fils, originaires du Salvador, sont contraints de vivre dans le sous-sol de la famille chez laquelle ils travaillent à Los Angeles quand ils se rendent compte que la police de l’immigration est à leurs trousses. Au fil des jours, la situation se tend dans la maison alors que chaque famille commence à douter des intentions des uns et des autres…

Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Augustus Meleo Bernstein utilise un procédé relativement simple, mais pourtant cruellement efficace quand il s’agit de représenter ce que peuvent être les États-Unis aujourd’hui. D’un côté, une famille blanche aux allures parfaites, qui vit dans un quartier riche. De l’autre, une mère qui peine à joindre les deux bouts et se lève tous les matins à cinq heures en espérant que son fils, presque majeur, puisse avoir une vie meilleure. Entre deux s’immiscent les tensions ravivées par l’ère Trump et la défiance envers les différentes communautés immigrées, sur qui l’on a jeté l’opprobre. Si la politique de Joe Biden s’est avérée radicalement différente depuis son arrivée à la Maison Blanche, rappelons toutefois que les cent premiers jours du mandat Trump ont été marqués par une hausse de 40% des arrestations pratiquées par les agents de l’ICE.

Tout au long de At The Gates, le spectateur doute des véritables intentions de la famille Barris : a-t-elle recueilli Ana (Vanessa Benavente) et Nico (Ezechiel Pacheco) dans un but particulier ? Ou est-ce uniquement dans le but d’assouvir le désir d’être un « sauveur blanc » (ou white savior) ? Augustus Meleo Bernstein distille de beaux moments de malaise, entre l’innocence d’un enfant de dix ans qui demande à Ana et son fils pourquoi ils sont venus vivre aux États-Unis ou l’ignorance de Marianne Barris (Miranda Otto), qui pense que le Salvador est une partie du Mexique.

Jusqu’au bout, on s’attend à ce qu’il y ait quelque chose de bien plus louche dans cette situation déjà inacceptable : la peur naissante de Nico va-t-elle mettre à mal son avenir ? Peter Barris, le père de famille, cache-t-il quelque chose dans son bureau où personne n’a le droit de se rendre ? En tant que spectateur, comme les personnages, nous nous imaginons forcément le pire. Dans At The Gates, la tension nait le plus souvent de ce que l’on ne voit pas, ou plutôt de ce que l’on ne connait pas. Et comme le dit l’un des enfants Barris à sa mère, si l’on cherchait plutôt à comprendre ce que l’on ne connait pas, on s’éviterait sûrement bien des soucis…

At The Gates, un film de Augustus Meleo Bernstein. Avec Vanessa Benavente, Ezekiel Pacheco, Miranda Otto, Noah Wyle, Sadie Stanley. Date de sortie française inconnue. Présenté en Première lors du 48e Festival de Deauville.

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