[Annecy 2021] Les meilleurs courts-métrages de l’Officielle

Vous le savez, nous le savez, on se sait, l’animation est rarement plus libre et inventive que dans le format court. C’est bien pour cela que le format est autant mis en avant à Annecy. Découvrez ici une sélection des courts de l’édition 2021, tous disponibles dans la version online du festival.

Dans la nature, de Marcel Barelli

Présenté sous la forme d’un film éducatif pour enfant (et narré par un également, Lucia Barelli, sûrement la fille du réal), ce petit délire de cinq minutes couple une voix-off très scientifique et directe, qui pose l’existence de l’homosexualité et de la fluidité de genre chez les autres animaux que l’humain, avec un animation 2D délirante et un peu cartoon. Une manière amusante d’aller à l’encontre de l’essentialisme tranquillement, surtout pour toute la partie sur les poissons et leurs capacité remarquable à changer de sexe.

Le monde en soi, de Sandrine STOÏANOV et Jean-Charles FINCK

Une jeune artiste se reconstruit en clinique, après un burnout artistique autour de la préparation de sa première exposition. A la fenêtre de son monde en noir et blanc, ponctué par la prise régulière de ses médicaments, un monde triste et froid, mais légèrement coloré s’offre à elle… Avec un petit écureuil. En flashbacks, on découvre sa vie autour de l’expo, la cervelle qui déborde et le corps qui ne tient plus. Les jeux sur les couleurs et les textures sont particulièrement appréciables dans ce court-métrage à l’animation sublime, notamment lors d’une rêverie dans le métro parisien qui tourne au cauchemar, tout en multipliant les références et détournements artistiques qui pollue l’esprit fatigué de l’héroïne.

Concatenation 1 et 2, de Donato Sansone

Des collages d’images qui transportent des explosions, du souffle et du son de droite à gauche et de haut en bas. Une balle de tennis devient une avion qui devient un tuyau qui devient une voiture qui devient un poing qui devient une lampe… Le deuxième volet raccommode différents sports olympiques pour en faire une seule performance acrobatique. Expérimental, très court, ces deux films semblent théoriser le montage comme liant du monde. Difficile à décrire, saissisant à voir.

How to be at home, d’Andrea Dorfman

La cinéaste s’associe à la poétesse Tanya Davis pour animer un texte qui parle de comment apprivoiser notre solitude. Une énumération d’activités animées en dessins sur un livre qui défilent sous nos yeux… Simple, court, et touchant. Le genre de chose que l’on a besoin de se répéter quand on est tout seul chez soi le samedi soir, sans personne à voir, et que l’on aimerait vraiment beaucoup exister dans les bras de quelqu’un d’autre.

Le journal de Darwin, de Georges SCHWIZGEBEL

Sans la moindre parole, le cinéaste extrait d’un passage du journal de Darwin une rencontre avec trois indigènes anglicisés par la civilisation occidentale ; celle qui se croît civilisé, donc. A l’aide de sons et surtout d’un dessin extrêmement dynamique qui préfère la mutation dans le cadre à la coupe (sûrement une référence à la théorie de l’évolution telle qu’on la comprend dans la culture populaire), on découvre toute l’histoire de ces trois personnes, de leur ravissement jusqu’à leur éducation « classique », leur conversion à la religion chrétienne et à la vie de la cour londonienne. Assurément l’un des films les plus forts du festival, et peut-être le plus intelligent de tous formellement.

Hold me Tight, de Mélanie-Robert Tourneur

Une histoire sauvage, qui même animation 2D par ordinateur et dessin sur papier pour narrer la rencontre entre deux créatures humanoïdes dans la forêt. Tout n’est que nuances de bleu et de noir, une chasse à la vie et au sexe extrêmement sensuelle. C’est d’une violence terriblement séduisante, je sais que ça paraît cliché dit comme ça mais il faut le voir pour le saisir, l’animation est brûlante.

Bestia, de Hugo COVARRUBIAS

Si j’étais Gaël Martin, je me serais enflammé sur ce film à vous montrer comment ce portrait d’une femme seule avec son chien met parfaitement en scène toute la dramaturgie politique qui se joue au Chili en 1975, j’aurai terminé en signant « NEVER GIVE UP NEVER SURRENDER » et Florian Etcheverry aurait fait une vanne sur Cinématraque sur Twitter derrière. Mais je suis juste le bouffon de service, il est presque minuit et je n’en peux plus de bosser, alors tout ce que je vais dire c’est que ce film est incroyable à tous les niveaux. Sa mise en scène extrêmement léchée et plastique retranscrit parfaitement la tension qui se joue à l’intérieur de l’héroïne, le style graphique est particulièrement dingo (des marionnettes luisantes et pas franchement rassurantes), et le propos particulièrement pertinent. Il va sûrement gagner des prix lui.

Ecorce, Samuel PATTHEY et Silvain MONNEY

Sans un mot, sans un commentaire, et dans un dessin crayonné très brouillon, les cinéastes donnent vie à une maison de retraite. Les couloirs silencieux, les bruits des appareils hospitaliers, des fauteuils qui couinent, le brouhaha poli de la cantine… A une période où plus que jamais nous avons été tous coupés des EHPAD dans une crise sanitaire et politique sans précédent (il faut rappeler à quel point les lieux ont été délaissés par le gouvernement…), ce portrait plein de douceur semble redonner de la vie à des espaces où l’on a voulu cacher la mort. C’est touchant, c’est juste, parfois drôle rien qu’avec une image insérée pile au bon moment. Une belle réussite.

Opera, de Erick Oh

On attendait pas forcément l’animateur, déjà venu à Annecy pour des conférences sur ces travaux (chez Disney notamment) sur une œuvre aussi follement ambitieuse. La pinture gigantesque d’une structure pyramidale dévoilée de haut en bas, puis en dézoom, avec des centaines de petits personnages qui s’activent et interagissent les uns avec les autres. Il s’agit moins d’un film d’animation que d’une fresque au final, tant la forme et l’envergure sont osés. Un film curieusement révolutionnaire, et assurément une des plus belles surprises du festival.

Et enfin, quelques un des courts étaient déjà présentés au Festival National du Film d’Animation plus tôt cette année, et nous vous les avions déjà recommandé ! C’est le cas d’un magnifique film sur le deuil, et d’un autre très dérangeant sur la nature humaine :

Ce qui résonne dans le silence de Marine Lin

Horacio, de Caroline Cherrier

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