Film argentin d’Agustin Toscano, El Motoarrebatador fait référence aux Frères Dardenne, à Pedro Almodovar et, aussi surprenant que cela puisse être à The Place Beyond the Pines de Derek Cianfrance (2013) où, à l’instar de Luke (Ryan Gosling), Miguel (Sergio Prina), conducteur de moto, séparé de sa compagne et père d’un enfant de 11 ans, tente de subvenir à ses besoins tant bien que mal.
La grève des policiers et des policières à Tucumán plonge la ville dans le chaos. Dans ce contexte-là, le vol est monnaie courante. Malheureusement, un vol à l’arraché tourne mal lorsqu’une vieille dame : Elana (Liliana Juárez) tombe dans le coma en voulant conserver son sac convoité par les motards dont Miguel. Elle se retrouve à l’hôpital et se réveille victime d’une amnésie quasi totale. Rongé par la culpabilité, Miguel lui rend visite et tente de réparer ce qu’il a détruit. Pourtant, plus le temps passe et plus il se sent incapable de livrer la vérité à la victime. De cet accident naît alors entre Elana et Miguel une relation mère-fils plongeant le film dans un entre-deux entre thriller psychologique et drame sous fonds d’innombrables questions morales et philosophiques dont la fameuse : doit-on toujours dire la vérité ? Débat fameux entre Kant et Constant que Miguel semble trancher en se rapprochant de l’idéologie du Suisse : « la vérité n’est donc un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui ».
En cachant la vérité, Miguel se met évidemment en tort vis-à-vis d’Elana, mais il permet à celle-ci de mener une « nouvelle » existence heureuse. Une question de double rédemption que met subtilement en images et en musique Agustin Toscano sous fond de chaos à la frontière argentino-bolivo-chilienne.
À l’arraché d’Agustin Toscano, avec Sergio Prina, Pilar Benítez Vibart, Mirella Pascual, Liliana Juárez, León Zelarrayán, Daniel Elías et Camila Plaate. 1 h 33. Prochainement en salles.
About The Author
