Yes Sir ! Madame…

Pays divisé en plusieurs communautés bien distinctes, on parle même de castes, l’Inde offre une palette de différences et de mixités que seule sa population égale. Sir, premier long métrage de fiction de Rohena Gera, est une œuvre qui évoque ces différences et l’incapacité pour ces habitants d’y échapper.

Ratna, servante, de Monsieur aussi appelé Ashwin, vient de quitter son village, mariée de force à un homme qui vient de décéder, elle est déjà veuve à 19 ans, un terrible affront pour elle et sa famille dans son village où l’union entre deux êtres est sceau de son intégration. Elle n’a pu rien et a dû bouger à Bombay, deuxième plus importante ville d’Inde. Elle y exercice un métier de servante pour un jeune hériter dans le BTP. L’argent qu’elle touche de son dur travail est envoyé directement dans son village pour que sa sœur puisse continuer ses études et éviter de voir sa vie brisée par un mariage qui serait venu trop tôt. Mais Ratna aspire à autre chose. Elle souhaite intégrer le monde de la mode, être fashion designer. Un monde qui lui aussi est bâti sur des strates quasiment inatteignables pour peu que nous n’ayons pas le bon habitus, ce qui est son cas. Néanmoins, elle ne baisse pas les bras, elle trouve même du temps pour s’entraîner avec le tailleur du coin. Un tailleur qui n’a que de méprise pour elle et qui en un mois de service ne lui fera faire que nettoyage et autres corvées ingrates. Elle abandonne ce poste, se remet en question et recommence à s’investir dans son nouveau rêve. Cette fois-ci, elle intègre une école, qu’elle paye elle-même. Mais, le destin la rattrape. Et, ses parents décident de marier sa sœur à un homme de la ville. Les études seront abandonnées à quelques jours de la remise du diplôme. Déception immense pour Ratna, elle se rend quand même sur place… Du côté de Monsieur, Ashwin, c’est l’effet contraire, du rêve à la désillusion. Revenu des États-Unis, il se lasse des mondanités indiennes et des soirées superficielles. Son ex continue de lui envoyer des cadeaux, qu’il ne prend pas peine d’ouvrir et qu’il entasse dans la chambre de Ratna. Les conquêtes s’enchaînent aussi, mais elles repartent le matin même. Ratna et Ashwin se retrouvent à un même point, bloqués face à l’absurdité de la société (indienne).

Inévitablement, les deux malgré leurs différences se rapprochent, pourtant le regard extérieur pèse et empêche d’avancer, de se donner à l’autre. Ratna est récalcitrante à cause de cela, Ashwin n’en a que faire. De cette situation, Rohena Gera arrive à envisager cette incapacité de manière assez simple et rapide. L’incapacité de trouver une solution pour Ashwin et Ratna n’en devient alors que plus frustrante. Car Sir, s’il n’est pas un film inoubliable et ayant des soucis de rythme, il demeure une comédie romantique sympathique dont le déroulement en Inde permettant un renversement des schémas plus classiques du cinéma occidental.

Monsieur de Rohena Gera, avec Divya Seth, Vivek Gomber et Tillotama Shome. 1 h 39. Sortie prévue en décembre 2018.

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