Rapaces : Est-ce que ça vaut le tour ?

Deuxième long-métrage de Peter Dourountzis, Rapaces s’intéresse à une équipe de journalistes qui enquêtent sur un assassinat particulièrement sordide. Si le film dresse rapidement le portrait de l’ensemble de l’équipe, c’est surtout la relation entre Samuel (Sami Bouajila) et sa fille Ava (Mallory Wanecque) qui est au cœur du film. Ava est en effet stagiaire au sein de la rédaction et y découvre à la fois les ficelles du métier et la personnalité de son père qui n’a pas beaucoup participé à son éducation.

Sur ces bases, le film déploie une enquête somme tout assez classique tout en développant la thématique de la prédation des hommes sur les femmes qui rappelle évidemment La nuit du 12. On peut regretter que l’avancée du scénario se fasse majoritairement à travers de grosses ficelles et des coïncidences un peu forcées pour une conclusion assez plate. Reste une scène-clé dans le film, un moment de tension inattendu dans un restaurant qui est la seule véritable idée de mise en scène du film mais qui est très réussie.

Dommage que le film soit par ailleurs beaucoup plus convenu, que ce soit dans l’écriture des personnages ou dans celle des dialogues qui font régulièrement lever les yeux au ciel. Avec un casting aussi intéressant (Donzelli, Darroussin, Bescond…), on aurait aimé que Rapaces cherche à développer un peu plus l’univers du journalisme de faits divers à sensation qui est finalement un angle assez inédit. En suivant ces reporters à la réputation sulfureuse, le film évite en effet de raconter une énième histoire policière du point de vue des flics et se permet même un regard assez critique sur les forces de l’ordre. Malheureusement Rapaces préfère se concentrer sur la relation père-fille sur laquelle il n’a pas pourtant pas grand-chose d’intéressant à dire.

La scène qui sauve le film

Plus surprenant, et peut-être plus embêtant, le film semble être construit comme un hommage sans nuances au travail de ce type de journalistes. Le journal fictif s’appelle Détective et cache donc peu son allusion au Nouveau Détective. Tout semble être fait dans le film pour réhabiliter cette revue et on se demande tout le long du film pourquoi il fallait absolument que le cinéma lave l’honneur de la presse sensationnaliste qui fait son beurre sur les faits divers les plus tragiques. Drôle de combat. On préfèrera retenir ce que le film dit de la violence d’extrême-droite et de la domination masculine qui font toujours autant de victimes sans que cela n’émeuve beaucoup nos gouvernants.

Rapaces est donc un film assez étrange. Trop convenu mais laissant transparaître quelques bonnes idées, parfois politiquement intéressant mais aussi très étonnant dans sa représentation de la presse, le film est finalement assez bancal et ne parvient pas à reproduire l’efficacité de La nuit du 12 auquel il sera forcément comparé.

Rapaces, un film de Peter Dourountzis, avec Sami Bouajila, Mallory Wanecque, Valérie Donzelli, Jean-Pierre Darroussin, Andréa Bescond, sortie en salles le 2 juillet

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