O Canada : confession d’un documenteuriste

Paul Shrader, de retour en compétition à Cannes, adapte à nouveau (après Afflication en 1997) un roman de Russel Banks : O Canada avec Richard Gere dans le rôle de Léonard Fife, célèbre documentariste aux portes de la mort, Uma Thurman dans le rôle de sa femme, et Jacob Elordi pour interpréter les jeunes années de Léonard.

Alors qu’il sent la fin venir, Léonard Fife accepte de participer à un documentaire réalisé par ses anciens élèves. Mais dès que la caméra s’allume il prend le contrôle de l’interview pour livrer son récit final et confesser la vérité sur sa vie à sa femme, ainsi qu’au monde entier.

Le film va s’articuler autour de ce récit chaotique en enchaînant les allers-retours entre le passé et le présent tout en jouant avec ce dispositif narratif. Shrader s’amuse en effet à multiplier les fausses pistes, les confusions et les interruptions brutales pour coller au discours compliqué d’un homme en fin de vie shooté aux médicaments. Cela crée de très beaux moments servis par de belles idées de mise en scène comme les passages de relais de Richard Gere à Jacob Elordi au milieu d’un plan.

J’ai été obligé par certain.e.s membres de la rédaction Cinématraque à mettre une photo de Jacob Elordi…

Richard Gere livre également une prestation aboutie dans un rôle mal-aimable : celui d’un homme qui cherche dans ses derniers instants à tomber le masque pour montrer son vrai visage : celui d’un lâche. Car si Léonard Fife est vu par beaucoup comme un héros et un modèle d’engagement politique, celui-ci cherche par sa dernière confession à montrer que ses choix de vie ont surtout été le fruit d’une fuite perpétuelle de ses responsabilités notamment auprès des femmes de sa vie qu’il a tour à tour abandonnées.

Dommage que le film ne s’attarde pas plus sur cette question où il est passionnant. Dans sa deuxième partie, O Canada semble presque pressé d’en finir et n’arrive pas à trouver la profondeur que lui promettait pourtant ses prémisses. Les scènes dans le présent ne sont pas totalement convaincantes notamment à cause d’un certain nombre de personnages peu développés ; Uma Thurman est ainsi tristement sous-utilisée et devient vite assez pénible à rejouer sans cesse la scène de la femme outrée.

Le film en fait également beaucoup sur la supposée confession de Léonard Fife qui se révèle au final assez chiche en événements. Cela s’intègre finalement assez bien avec ce personnage qui tente de finir sur un coup d’éclat mais qui est déjà trop proche de la fin pour son récit tienne la route. Cependant, la fragilité de son personnage principal contamine O Canda qui paraît également souffrir de son manque d’envergure. Un joli film, mais qui risque de vite se faire engloutir dans le tourbillon d’une sélection de Festival.

O Canada, un film de Paul Shrader, avec Richard Geee, Jacob Elordi et Uma Thurman. Date de sortie inconnue.

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