Simon de la montaña : la Cordillère des handicaps

Simon de la montaña de Federico Luis est le premier film présenté en compétition à la Semaine de la critique, qui rappelons-le est une sélection parallèle du Festival de Cannes, organisée par le Syndicat de la critique et dédiée aux premiers et seconds long-métrages.

On y découvre Simon, adolescent mystérieux accompagné d’un groupe de jeunes hommes et femmes en situation de handicap. On comprend vite cependant que Simon ne fait pas tout à fait partie de cette bande et semble l’avoir intégrée presque par hasard peu de temps avant l’histoire que retrace le film. On ne comprendra pas grand-chose de plus car Simon de la montaña est assez avare en explications. Cette réserve, qui est aussi celle de Simon, permet au réalisateur de construire la bulle de son récit dans un flou intriguant. Dès la première scène dans laquelle les personnages sont engloutis par la brume et le vent assourdissant de la Cordillère des Andes, l’intention du film est claire : jouer avec l’ambigüité et le doute pour retranscrire les doutes de ces adolescents.

On aurait aimé que le film s’attarde un peu plus sur ses autres personnages

Si l’on découvre plusieurs personnages touchants dans ce film (interprétés notamment par des acteurs et actrices en situation de handicap : Kiara Supini, Pehuen Pedre…), la caméra ne se détache jamais du visage de Simon et de ses inhabituels mouvements de tête. En se fixant sur le visage hermétique de son protagoniste, le film nous communique  l’impression d’enfermement qui semble affliger Simon. On ne sait pas grand-chose des lieux que l’on traverse, du rôle des adultes, du passé de Simon, et certaines scènes semblent parfois dénuées de sens puisque décontextualisées. On ressent cependant que pour Simon, la seule lumière qu’il entrevoit est cette communauté de jeunes auquel il n’appartient pas tout à fait. C’est là que le film est le plus intéressant : dans sa remise en question de la notion de handicap. Car il le fait sans jamais poser les mots dessus, sans en faire un nœud d’une intrigue à dénouer. Mais cette ambiguïté sous-tend (et tend) tout le film : Simon n’est officiellement pas en situation de handicap, et, pourtant, c’est à ce monde qu’il se sent appartenir.

Alors attention, on reste assez loin d’Un petit truc en plus (après je ne l’ai pas vu, mais je suis assez sûr de mon coup quand même). Le film est tendre et touchant dans sa façon de mettre en scène ses personnages mais si vous cherchez un feel-good movie, ce n’est pas tout à fait ça. Simon de la montaña ne fait pas beaucoup d’efforts pour lier le spectateur au destin de Simon. A force de l’enfermer dans son incompréhension, on reste parfois en dehors ce que le film tente de nous raconter. Quelques scènes semblent ainsi un peu forcées justement parce que Simon n’existe pas assez pour que l’on puisse l’accompagner dans ses errances. On aurait aimé un peu plus d’éclaircies dans la brume mais Simon de la montaña reste un premier film touchant et intriguant qui lance avec honneur La Semaine de la Critique.

Simon de la montaña, un film de Federico Luis avec Lorenzo Ferro, Kiara Supini, Pehuen Pedre. Date de sortie inconnue. Semaine de la Critique.

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