Ding dong… C’est le retour de l’un des festivals les plus cool de Paris ! Pendant une semaine, le FFCP fait se mouvoir les foules pour remplir les deux salles du Publicis Cinémas sur « la plus belle avenue du monde » ™ désormais végétalisée (avec une fougère qui dépasse aux pieds de chaque arbre posé sur les Champs-Élysées, merci Anne Hidalgo). C’est ma deuxième édition et je profite de ce premier article pour clamer haut et fort mon amour de ce festival à son équipe de bénévoles, puisqu’en deux jours, j’y ai vu plus d’originalité et d’audace que dans toute la semaine que j’ai passée à Deauville en septembre dernier. Pardon, c’était gratuit. Mais ce qu’il y a de bien avec le cinéma coréen, c’est que l’on n’est jamais déçus… et toujours surpris.
Pour ma première séance sur cette édition, Next Door ne fait pas exception à la règle. Ce premier long métrage de Yeom Ji-ho lorgne en permanence entre le film à suspense et le grand-guignolesque grâce à son personnage principal. Chan-woo (Oh Dong-min) souhaite devenir policier depuis cinq ans. La veille de son énième candidature, il se prend une murge avec ses gars sûrs. À son réveil, il se retrouve dans l’appartement de sa voisine de palier, un cadavre ensanglanté à ses pieds. C’est le début des emmerdes…
Non, malgré le huis clos et un cadavre qui traine, Next Door n’est pas un nouvel épisode de Saw. Toute ressemblance ne serait que fortuite. À la place, on se retrouve face à un héros qui se voit contraint d’endosser tous les rôles. Celui de victime, puisqu’il n’a aucun souvenir de comment il s’est retrouvé là, et s’est lui aussi fait esquinter au passage. Celui de suspect, puisque se réveiller à côté d’un corps inanimé, c’est jamais trop bon signe non plus. Et celui d’enquêteur lui-même, puisque Chan-woo va rassembler toutes ses facultés de flic en devenir pour tenter de découvrir ce qui lui est arrivé.
Le problème, c’est que Chan-woo est loin d’avoir la dextérité d’un Inspecteur Derrick. On comprend nettement mieux pourquoi ça fait cinq ans qu’il échoue au concours d’entrée tellement il est à côté de la plaque. Ou plutôt, en écart constant entre le héros qu’il pense être, et ce qu’il fait vraiment (soit faire n’importe quoi sur une scène de crime). En accumulant des mimiques forcées de stupeur ou de dégoût, l’interprétation de Oh Dong-min et la mise en scène de Yeom Ji-ho rapprochent les aventures de Chan-woo d’un cartoon, tant chacune de ses tentatives devient gaguesque.
Il n’y a pas que Chan-woo qui est ridicule : plus on avance, et plus on se croirait perdu au beau milieu d’une affaire d’un Phoenix Wright. Le huis clos du film (l’intrigue se réduit à l’étage auquel vit Chan-woo) ne l’empêche pas pour autant d’enchaîner plot twist sur plot twist. Les personnages secondaires, de la propriétaire de l’immeuble un peu trop invasive aux membres d’une secte encore plus invasifs, viennent semer le trouble. Et les pistes s’accumulent : qui est vraiment la voisine de Chan-woo ? Et surtout, qui est la personne à ses pieds ? Next Door a peut-être quelques défauts comme tout premier film, comme un montage parfois un peu foutraque et surtout sur ses scènes de flashback. Mais c’est tellement barré et avec une si bonne maîtrise du timing comique qu’on ne peut s’empêcher de passer un bon moment. Et de compatir avec Chan-woo, même si j’espère sincèrement qu’il ne sera jamais, mais alors vraiment jamais, un vrai flic.
Next Door, un film de Yeom Ji-ho, avec Oh Dong-min, Choi Hee-jin, Lee Jung-hyun… Présenté en Première française lors du 18e Festival du Film Coréen à Paris. Date de sortie française inconnue.