Magic Mike 3 : ce que veulent les femmes

Affiche de Magic Mike : Last Dance. Salma Hayek enlacée par Channing Tatum sur fond violet

Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, Magic Mike XXL (le 2) n’est pas canon. Je sais qu’il existe, mais je préfère ne pas y penser comme un film dans la continuité de Magic Mike premier du nom, un peu comme les fans de Star Wars (les non-problématiques, ndlr) préfèrent oublier l’épisode 9 de J. J. Abrams.

La raison à ceci est en grande partie l’absence de Steven Soderbergh aux manettes du deuxième volet (je salue tout de même la présence au casting de Donald Glover, qu’on adore), tout comme la raison principale qui fait du troisième une réussite est son retour aux dites manettes.

Magic Mike’s Last Dance – ou Magic Mike: Dernière Danse en VF, Kyo appréciera – ramène Channing Tatum pour un troisième et dernier (?) tour de piste, mais cette fois, sa rencontre avec une riche-bientôt-divorcée jouée par Salma Hayek change un peu la donne : Mike va être passer de barman de soirées pour riches à metteur en scène & chorégraphe d’un show de strip-tease 2.0 à Londres.

La soif est réelle

Exit la troupe des deux premiers volets (ils apparaissent néanmoins le temps d’un Zoom longue distance plutôt mignon et drôle), et adiós Mike qui danse 90% de son temps d’écran, il laisse à présent la place à des danseurs plus jeunes et ne venant pas forcément du monde de la nuit. Précisons tout de suite pour ma communauté d’assoiffé.e.s (ma traduction personnelle de thirsty) et les Tatum stans: les deux numéros qu’il exécute lui-même sont des pivots du film à part entière, puisque le premier lui permet de décrocher son nouveau job (et de pécho) et le second est une sorte de déclaration d’amour dansée pour conquérir la meuf de ses rêves. Les deux étant brûlants à te faire rougir dans le noir, chez Cinématraque on fait du journalisme de terrain oú les critiques ressentent des trucs dans leur chair pour vous ramener les scoops. 

Magic Mike et une danseuse sous une fausse pluie dans un duo sensuel

It’s raining mennnnnnn, alleluiaaaaaa

Si les danses lascives sont mises (relativement) au second plan, que reste-t-il, me direz-vous ? Eh bien il reste Steven Soderbergh et son génie des petites choses. MM3 est au final le parcours d’un transfuge de classe, toutes proportions gardées, Mike passant de sa vie de galérien un peu white trash à un manoir particulier du centre de Londres avec majordome/chauffeur attitré (excellent Ayub Khan Din), presque de la même manière que Channing est passé de strip-teaseur à acteur millionnaire dans la vraie vie.

Mike Du Roy de Cantel

Pensez Bel-Ami de Maupassant sans l’arrivisme du héros ou la critique des médias (passion caler des classiques de la littérature française dans les comparaisons les plus inattendues possibles), où le protagoniste arrive à gravir les échelons de la société grâce à l’influence des femmes sensibles à son charme. Les deux derniers volets présentent d’ailleurs plusieurs femmes en position de pouvoir, et toutes plus âgées que Channing, fait assez rare à Hollywood pour être apprécié : Jada Pinkett Smith et Elizabeth Banks dans le 2, Salma Hayek dans celui-ci, sans compter le love interest de son film précédent, Sandra Bullock dans The Lost City.

Salma Hayek, les yeux fermés, la main sur les abdos de Channing Tatum

J’espère que Salma sait qu’elle est bénie des dieux

MM3 verbalise d’ailleurs clairement par la voix de la MC du show (Juliette Motamed) cette volonté de remettre les femmes au premier plan, même si au final personne ne va voir ces films pour un petit précis de féminisme qu’ils ne seraient probablement pas capables de faire correctement de toute façon. D’ailleurs la riche mécène, Max, est surtout l’incarnation ambulante de ses privilèges, même si Salma Hayek arrive à la rendre globalement attachante. Sa fille Zadie (Jemelia George) en revanche est la narratrice de l’histoire, révélation qui arrive assez tardivement alors même que sa voix off démarre dès les premières secondes du film dans une introduction d’anthologie. Ce ressort scénaristique crée une mise en abyme drôle et piquante pour la conclusion du Magic Mike Universe et renforce d’ailleurs la comparaison avec la forme littéraire du roman, évoqué plus haut.

En bref, entre les bonbons pour les yeux (hommes et femmes, on peut toujours espérer des personnes non cisgenres/non binaires pour le 4…) et la description caustique de ces socialites londoniens oisifs, prêts à recracher leur Château Margaux de mépris lorsqu’ils pensent que Mike ne sait pas ce qu’est l’Art Basel, est un délice dont on aurait tort de se priver.

Magic Mike : Last Dance, de Steven Soderbergh, avec Channing Tatum, Salma Hayek-Pinault… 1h52. En DVD et VOD le 14 juin 2023.

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