Cérémonie Mortelle : Morgue-moi le noeud

On continue dans notre lancée d’Octobre avec les films d’horreur plus ou moins douteux : cette fois avec un obscur slasher récemment restauré qui s’ajoute au catalogue Rimini. Cérémonie Mortelle, ou Mortuary dans son titre original raconte la quête d’une jeune fille nommée Christie (Mary McDonough) qui enquête sur la mort mystérieuse et ridicule de son père, effleuré par une arme blanche au bord de sa piscine dans une séquence d’introduction totalement pétée.

Si le reste du film n’est en rien mémorable ou brillant, il relève heureusement le niveau après cette ouverture digne d’un film étudiant. Mais genre d’un étudiant nul, genre un gars qui va à Assas. Bouuuu, la fac de droite !

Ainsi, on va découvrir qu’en plus de cette mort mystérieuse, on a un culte étrange qui semble s’organiser au sein de la morgue. On a le fils du patron (Bill Paxton jeune et beau, qui surjoue à fond l’incel gênant histoire que même le plus inattentif des spectateurs comprenne qui est le méchant du film) qui semble avoir un rôle à jouer dans tout ça, du somnambulisme, un tueur maquillo-masqué, beaucoup de scènes avec des filles en petite tenue (Lynda Day George en tête, qui joue la mère de Christie), des jeunes qui font la bringue avec insouciance… Un film chargé !

Le réalisateur, né à Bagdad et habitué aux pseudonymes – Howard faisait plus vendeur aux US que son vrai prénom Hikmet – est un spécialiste du thriller érotique qui officie en général avec sa compagne Marlene Schmidt, au scénario ici par exemple. Comme on l’apprend dans une très bonne vidéo disponible sur le DVD Rimini sur l’historique du film, le film arrive à un moment où le slasher n’a plus vraiment la côte, et l’intérêt pour le couple de cinéastes est donc de réussir à lui donner un second souffle. Ainsi on voit des inspirations plus ou moins inattendues, notamment de Scooby-Doo puisque comme l’expert le fait si bien remarquer dans les bonus, Christie et son petit ami Greg ressemblent physiquement aux héros du célèbre dessin animé ET mènent l’enquête en se déplaçant dans un van. Et puis, pour revenir à cette spécialisation en érotisme : c’est sans doute la force du film, qui arrive à donner dans la mise en scène des errances nocturnes et des cauchemars de son héroïne, un côté plutôt émoustillant mais plus malin et raffiné que l’on ne pourrait le croire. D’ailleurs les scènes où les corps sont dénudés, à un exception près où l’on épouse le regard du tueur qui regarde les héros en train de faire la bête à deux dos, ne sont jamais les scènes où les corps sont sexualisés, puisque ce sont des scènes de morgue. C’est au contraire les mouvements dans l’entre-deux mondes (le rêve et le somnambulisme) qui font l’érotisme, parce que c’est là que se situe la vie. Un film qui a donc de l’ambition malgré ses faibles moyens.

« Me regardez pas comme ça, il restait qu’une seule bougie chez Hema voilà merde »

Une belle ambition à relativiser tout de même : on reste dans du cinéma d’exploitation assez bête et méchant, jusqu’à sa promotion avec des posters pas du tout représentatifs du film et des variations à l’infini sur le titre du film, pour réussir à mieux le vendre. C’est d’ailleurs ce trop plein d’idées qui pénalise le film et qui en fait paradoxalement sa richesse, car si on a du mal à adhérer à tout ce qu’il propose, on ne peut qu’admirer tout ce qu’il tente d’accomplir.

C’est un peu ça, au fond, le plaisir des fans de cinéma d’horreur. Il y a un plaisir archéologique à explorer ces univers pas toujours bien branlés, avec une générosité indéniable (toutes les scènes avec le culte et les scènes de somnambulisme notamment) et une envie de s’éclater malgré une intrigue pas… Pas toujours facile à suivre, pour dire les choses poliment. C’est un territoire d’expérimentation, où les meurtres sont toujours des occasions de travailler des idées de montage, d’éclairage, de mise en scène… On peut trouver bien pire que Cérémonie Mortelle pour passer une bonne soirée de Halloween entre potes. On peut aussi trouver bien mieux, mais il y a un certain plaisir à découvrir les œuvres moins connus du genre.

Cérémonie Mortelle, un film de Howard Avedis et Marlene Schmidt, avec Lynda Boy George et son mari Christopher George qui ne joue PAS son mari dans son dernier rôle au cinéma, Mary McDonough et Bill Paxton. Ressortie chez Rimini en octobre 2022, sorti en 1982.

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