Discopath : il m’entraîne au bout de la nuit, le slasher de minuit

Ecoutez, le mois d’octobre est formidable. Après la déprime de septembre et avant la dépression de novembre, les feuilles jaunissent et l’air devient doux à l’approche de la fête de Halloween… L’occasion pour tous les cinéphiles fans de cinéma à hémoglobine et frissons de se jeter sur des créations plus ou moins inspirées. Car oui on ne se le cache pas, on aime fouiller les projets de films d’horreur les plus surprenants, inattendus et bigarrés de nos catalogues en espérant tomber sur la perle rare. Alors quand je suis tombé sur un giallo canadien (ou québécois ? Un peu des deux ? N’hésitez pas à venir m’insulter les potes du Québec si je dis de la crap) sur un homme aux pulsions meurtrières déclenchées par sa haine de la musique disco… Jackpot !

Discopath est un film sorti en 2013 et projeté lors du fameux Fantasia Fest dont nous parle souvent Pauline sur Cinématraque, réalisé par un certain Renaud Gauthier. Ce qui à en juger par son prénom fait de lui quelqu’un d’extrêmement recommandable, comme tous les autres Renaud qui bossent dans le cinéma. L’action commence à New York , où un jeune homme travaillant en cuisine perd tout contrôle de soi en entendant de la musique disco et se fait renvoyer. Puis il se fait draguer par une go à rollers trop mignonne dans un skatepark (je déteste quand ça m’arrive) et rentre chez elle… Mais la fille finit par l’emmener dans une soirée disco en boite. Trahison !! Alors il la tue. Et fuit se cacher au Québec où il travaille avec un casque sur les oreilles de peur d’avoir des pulsions meurtrières déclenchées par un tube disco trop entraînant. Mais nous sommes dans les années 70… Les boules à facettes ne sont jamais bien loin.

La réussite du film, car il est réussi dans la mesure du possible, tient dans son traitement sans une once de second degré d’un concept absolument débile. Puisant à fond dans l’esthétique du cinéma italien à la Argento et Bava, jusqu’à en reprendre certains écueils et clichés (les personnages de détectives et policiers, tous plus ridicules les uns que les autres) mais surtout en y puisant une glamorisation de la mise à mort, du geste au montage alterné. Dans le giallo, on a moins affaire à des personnages qu’à des sortes de figures expressionnistes au service d’un spectacle gore. Meurtres sous les stroboscopes, femmes ligotées par des bandes de cassettes audios, des vinyles recouverts de sang… Le giallo a toujours été un précurseur des comptes Pinterest/tumblr des emo kids que nous sommes aujourd’hui. Avec toujours une certaine esthétique autour de l’érotisme gratuit du cinéma d’exploitation, où les personnages féminins sont appelés à se dénuder sans logique réelle mais pour une logique de scénario de giallo : la nudité et le male gaze appellent le crime. Sur tous ces points, Discopath réussit son coup.

Est-ce que ça en fait vraiment un bon film ? Sans doute que non. Le jeu d’acteur est aux fraises tagada périmées, le budget (semblable à celui de France TV après la suppression de la redevance) limite les décors au point du ridicule (prenez le temps de regarder le bureau des policiers, on dirait un court-métrage étudiant), le rythme est foireux… Mais c’est un film sincère. Et comment ne pas se réjouir face au traitement si sérieux d’une histoire aussi grotesque ? Vous n’avez pas vécu tant que vous n’avez pas vu un homme avoir une crise de flashbacks traumatiques lorsqu’une hôtesse de l’air montre les gestes de sécurité qui ressemblent un peu trop à des pas de danse disco. Et que dire de la scène qui révèle l’origine du traumatisme ? Non vraiment, vive le mois d’octobre.

Bravo, en fait.

Discopath, un film de Renaud Gauthier sorti en 2013, avec des sous-titres en français pour tous les parties québécoises parce que les français sont stupides, apparemment. Disponible sur ciné +

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