Spider-man : No Way Home. Peter Parker Superstar.

La période est morose, et notamment pour les salles de cinéma qui semblent avoir perdu leur public. Si même Spielberg n’arrive plus à faire venir les curieux, vers qui les multiplexes peuvent-ils bien se tourner ? Évidemment, vers le seul studio qui semble être à la tête d’une machine à spectacle infaillible et redoutable : Marvel Studios. 

Le deuxième Spider-man 3 vient de sortir sur nos écrans et il s’annonce comme l’un des plus gros succès du monde d’après. À la suite d’une communication souvent épuisante, il a la tâche de répondre aux attentes des nombreux fans, et de placer les derniers Black Widow, Shang-chi et Eternels au rang de simple amuse-bouches. Sony continue donc son partenariat avec Marvel Studios qui permet la présence du héros le plus populaire de la Maison des Idées (voire du monde) dans l’univers construit depuis des années au cinéma : le MCU. Le film prend la suite directe de Far from home. Tout le monde sait que Peter Parker est Spider-Man ce qui lui cause pas mal de problèmes. Aidé par Strange, il va essayer de remédier à la situation et tout ne va faire qu’empirer.  

Alors que vaut ce blockbuster tant attendu ? Pas de surprise, l’effet nostalgie joue à plein. Le film se construit autour d’un récit partagé avec l’ensemble des fans du Tisseur : celui de Peter Parker face à ses méchants emblématiques. En s’appuyant sur cet amour du personnage, le film réussit à prodiguer des moments iconiques tout en construisant une nouvelle facette du personnage incarné par Tom Holland. Celui-ci avait en effet réussi à représenter l’innocence naïve d’un adolescent qui se découvre des pouvoirs mais a toujours été trop écrasé par le poids du richissime Iron Man, perdant son côté galérien pourtant si important dans sa psyché. No Way Home réussit, pour la première fois de la nouvelle trilogie à redonner de la profondeur et de la sincérité au Spider-man du MCU. Tout le film semble d’ailleurs réfléchir à ce qui fait que Spider-man est Spider-man et propose une réponse intéressante qui revisite la célèbre formule “un grand pouvoir implique de grandes responsabilités”. No Way Home se paye même le luxe de repenser le personnage à l’aune de ses précédentes incarnations, par la présence de la galerie de vilains bien connus des spectateurs. En réinventant le destin du Docteur Octopus ou du Bouffon Vert avec les acteurs de l’époque, le film interroge le rapport de Peter Parker avec la mort brutale de ses opposants, une question cruciale dans l’adaptation des super-héros au cinéma (on repensera avec horreur à Man of Steel qui montre Superman tordre le cou de son ennemi). 

Derrière cette astucieuse idée qui permet de revisiter l’univers élargi de Spider-man au cinéma, il y a bien évidemment de nombreuses failles. On pouvait d’ailleurs les deviner avant même de voir le film tant elles sont consubstantielles au MCU. L’humour omniprésent cache une peur du silence ou de la tension. Comme à chaque fois, les blagues qui marchent dépendront des zygomatiques du spectateur, mais il y en a tellement que vous trouverez toujours un moment trop gênant ou mal amené. Le scénario plie parfois aussi sous le poids de sa propre ambition et crée des moments un peu flottants où on se laisse porter tout en sachant que quelque chose cloche. Enfin, la mise en scène, légèrement plus inspirée que les deux premiers volets, reste globalement en-deçà du spectacle promis. Il faudra décidément se tourner vers les jeux vidéo (ou les films d’animation) pour retrouver le vertige de la voltige arachnéenne. 

Mais malgré tout ça, ça marche. On ne peut donc que se demander pourquoi. Qu’est-ce qui fait que l’on ressent dans la salle une vibration presque inédite. Que les cris et les applaudissements ponctuent le film dans une ferveur collective qui fait la richesse des blockbusters et qui semble si dure à retrouver. A l’heure où les plateformes remettent en cause l’intérêt même du cinéma, vivre une séance de Spider-man No Way Home en soirée dans une salle bondée redonne tout son sens au spectacle comme expérience partagée. Il faut donc reconnaître la force principale de Marvel Studios : gérer sa licence et ses personnages. No Way Home réussit l’exploit de brasser vingt ans de culture cinéma (et soixante ans de comics) dans un long-métrage de 2h27 sans que le cynisme de l’exploitation commerciale ne gâche les retrouvailles avec les personnages. Là où Star Wars s’est profondément abîmé depuis la reprise par Disney, Marvel n‘a jamais semblé aussi sûr de sa force.  Un film aux limites apparentes comme Spider-Man : No Way Home se transforme alors en distributeur de plaisir et de moments d’extase partagée. Même Willem Dafoe semble ravi d’être là et se donne à fond dans son personnage. Évidemment que ça marche.  

Difficile cependant de jouer la carte de la nostalgie à tous les coups, et Marvel Studios sait aussi ménager son futur. Aussitôt l’enjeu principal du film refermé, de nouvelles pistes apparaissent pour maintenir l’intérêt des spectateurs éveillés jusqu’au prochain volet. Oui, c’est une machine infernale, mais son efficacité est indéniable. Et tant qu’elle met autant en valeur les personnages de cette mythologie des temps modernes, on continuera à la regarder avec bienveillance. 

Spider-man : No Way Home, un film de Jon Watts, avec Tom Holland, Zendaya, Benedict Cumberbatch et plein d’autres

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