Je ne sais pas si c’est parce que je suis l’un des plus plus âgés de la team qu’on m’a refourgué la critique du film pour vieux. Si c’est le cas, je le prends très mal.
Fin de ce préambule.
Tout s’est bien passé, c’est le nouveau film choc de François Ozon, réalisateur du tonitruant Grâce à Dieu, et du virevoltant Frantz. Un cinéma de déglingo, plein de rage. Je vois l’équipe qui me fait de gros yeux, j’arrête les âneries.
Mais voilà, moi je suis emmerdé, je ne sais absolument pas quoi écrire sur ce film, dont vous savez déjà ce à quoi il va ressembler. Dussolier vient de faire un AVC, il est paralysé de toute la partie droite du visage, et il va demander à Sophie Marceau qu’elle l’aide à mourir. C’est l’adaptation d’un bouquin d’Emmanuèle Bernheim. Vous voyez l’idée, quoi ; Ozon est aux manettes, le truc roule. Comme dans Grâce à Dieu, on va suivre un moment de chaos dans une famille bourgeoise parisienne. Le système Ozon est sur ses rails, et l’on n’aura évidemment rien à en redire : le mec sait raconter ces histoires.
Son habileté et son tact à les conter confinent à la marque de fabrique, tant et si bien que l’on est persuadés que rien ne dépassera du cadre, que tout aura été réfléchi dans tous les sens, qu’aucune marge de manœuvre ne sera laissée à la moindre imperfection (ni à la moindre fulgurance, de fait). Dans le cadre, tout est à sa place, les acteurs sont nickels, les dialogues parfaitement écrits et le rythme de la narration conviendra à tous les publics.
Mais alors qu’est-ce qui fait qu’un Ozon ne fait jamais plus vraiment vibrer (je mets L’amant double à part, curiosité cinématographique qui, pour le coup, sort totalement des clous, et c’est assez kiffant j’avoue) ? Sûrement ce système si rodé, ces films si écrits qu’ils en deviennent presque des bouquins.
Il ne reste ici pour s’évader un peu que l’humour d’André Dussolier, et quelques scories tout de même (bien planquées) du Ozon des débuts, plus provocant, lorsque par exemple (le seul plan m’ayant marqué) Sophie Marceau se regardant dans une glace tire sur les traits de son visage pour imiter celui de son père. Sur ce plan-ci, tiraillé entre l’envie de rire et la tristesse, je me remémore le Ozon qui me mettait en difficulté, celui qui me questionnait, qui en tout cas discutait avec moi plutôt que de me raconter une histoire.
Mais ça serait malhonnête que de dire que Tout s’est bien passé ne laisse plus de place au cinéma, tant la mécanique est bien huilée : des acteurs au top, des plans signifiants, des scènes bien écrites ; en soi, on ne demande pas grand chose d’autre. Le film finira dans les DVDthèques de tout quinqua amateur de cinéma comme d’aucuns aiment le bon vin. Il fera ses 400 000 entrées habituelles. Tout se passera bien.
Tout s’est bien passé, un film de François Ozon avec André Dussolier et Sophie Marceau.