Annecy 2020 : le meilleur des films de fin d’études

On vous le dit tous les ans ; Annecy est un festival dévoué aux artistes. La majorité du public est formée tous les ans d’étudiants qui rêvent de rencontrer leurs idoles, et qui y parviennent. Quelque chose que l’on ne mentionne en revanche pas assez souvent, c’est que la cérémonie de clôture célèbre toutes les catégories confondues.

Ce qui veut dire que lorsque les artistes et auteurs établis montent sur scène pour recevoir des prix, ils sont précédés d’étudiants qui font leurs premiers pas dans le monde professionnel. Bien sûr que nous idéalisons le processus, mais l’image reste forte : une absence de frontières.

Rendons donc aujourd’hui honneur aux étudiants qui ont la chance, le talent et la joie de présenter leurs films de fins d’étude à Annecy, en vous proposant une petite sélection parmi ceux qui nous ont le plus marqué. Rappelons à ce sujet que tout le monde peut y avoir accès via la plate-forme Annecy Online, pour le prix d’une accréditation festival.

Jestem tutaj, de Julia Orlik (Pologne)

L’audace d’un film de fin d’études, c’est ne pas trop en faire volontairement. Dans ce court de quinze minutes, Julia Orlik filme – à l’aide de marionnettes – en plan fixe la fin de vie d’une vieille femme paralysée. Les mouvements à l’écran sont très rares, les dialogues épars aussi. Tout simplement puisque l’art est déjà au service du propos, et ça fonctionne puisque c’est bouleversant. Un grand oui pour nous.

Sous la glace, de Ismail Berrahma, Milan Baulard, Laurie Estampes, Hugo Potin, Quentin Nory et Flore Dupont (France)

Cette réalisation des élèves de l’ENSI met en scène la vie d’un héron tentant de se nourrir alors que l’hiver approche. C’est très simple et en même temps très efficace puisque l’animation 3D est irréprochable, et surtout le story est parfaitement pensé pour le suivi de l’action. Et puis dans la conclusion de cette brève histoire, on ressent aussi le désir d’explorer par l’imaginaire le « comment en est-on arrivé là ? »… Je reste mystérieux volontairement pour donner envie de jeter un oeil.

Inside Me, de Maria Trigo Teixera (Allemagne)

La réalisatrice utilise de l’animation sur papier pour raconter la découverte d’une grossesse, et du parcours juqu’à l’avortement. En représentant le monde par une immense feuille blanche sur laquelle l’histoire s’invente par le trait noir et brouillon du crayon. Les formes qui racontent un lieu ou un personnage se transforment en autre chose pour mieux raconter ce parcours particulièrement éprouvant. A noter d’ailleurs que le cinéma d’animation comme témoignage est de plus en plus en vogue ces derniers temps, allant même parfois – ce n’est pas le cas ici – jusqu’à la forme du podcast animé.

On se permet de vous conseiller aussi le film de La Poudrière Inès, réalisé par Elodie Dermange, et qui traite d’un sujet similaire mais dans un tout autre style. Et avec brio !

Podle Sylvie, de Verica Popislova Kordic (République tchèque)

Immense coup de cœur pour ce petit court qui raconte la charge mentale de Sylvie, femme qui doit jongler entre la vie de mère, d’épouse, travailleuse, j’en passe et des pas meilleures du tout. Pour cela, elle dispose de plusieurs cerveaux qu’elle transporte dans son sac à main, et en change selon la situation. Le problème c’est qu’au bout d’un moment, la charge devient trop lourde et les cerveaux se mélangent… Le chaos s’installe.

Podle Sylvie est un de nos plus gros coups de cœur du festival. Son animation dynamique et rebondie permet d’alléger un sujet qui reste sérieux, actuel et universel, tout en offrant la possibilité d’une émancipation à son personnage. Voyez-le.

Such a beautiful Town, de Marta Koch (Pologne)

Décidément les polonaises ne sont pas venues pour déconner cette année à Annecy. Ce court-métrage montre une jeune femme explorer sa ville la nuit, pour fuir son compagnon qui lui est infidèle. Tandis qu’elle s’enfonce dans les rues toutes plus sombres les unes que les autres, l’univers devient de plus en plus étouffant. Cela se traduit par un jeu sur les couleurs sombres et surtout sur les traits qui tremblent de toutes parts, qui en font une oeuvre particulièrement captivante à regarder.

Tente 113, Idomèni, de Henri Marbacher

Encore un témoignage mis en animation, cette fois celle d’Agir Aldi, jeune syrien qui raconte son périple de plusieurs années pour fuir le pays. Mais l’animation ni la narration n’opte pour le mélo ou le larmoyant ; c’est très sobre, parfois drôle (Agir est très enjoué), et particulièrement réussi.

The Fox and the Pigeon, Michelle Chua (Canada)

Sans doute le film le plus mignon de la sélection. Dans une histoire qui rappelle celles de Dr Seuss, un narrateur joue avec un renard et un pigeon, dictant leurs péripéties avec autorité et sadisme. On voit les personnages se battre contre les mots du narrateur, qui apparaissent écrits dans l’image, et se rebeller pour prendre le pouvoir et ainsi conter leur histoire comme il l’entende. Montrez ça à vos gosses.

Les films de fin d’études sont tous visibles sur la plateforme Annecy Online.

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