Vous avez sagement attendu, spéculé des dizaines d’heures, vous vous êtes entre-déchiré sur les réseaux sociaux devant les 90 premiers noms dévoilés dans les quatre premières parties de notre Top 100 Cinématraque des meilleurs films de la dernières décennies, et aux survivants, nous disons merci de nous rester fidèles. Alors que la quatrième partie de notre top publiée hier se refermait sur la onzième position du sublime Carol de Todd Haynes, on entre dans le vif du sujet avec le top du top, les millésimes des grands crus, les real MVPs de la décennie. Dix films de prestige, ambitieux, humains, engagés, qu’ils soient modernes ou classiques, de dix cinéastes (voire un peu plus, vous verrez) qui ont élevé cet art au firmament au cours des dix dernières années.
Avant de passer à la révélation du Top 10, un grand merci à nouveau à tous ceux qui au sein de l’équipe de Cinématraque ont pris part à l’élaboration de ce top au cours des quelques quatre mois depuis son lancement. Ce Top 100 dans son ensemble a été élaboré en compilant les tops de sept rédacteurs de Cinématraque. Si évidemment les films les plus souvent cités ont primé, ce top a aussi tenu à mettre en avant les vrais coups de coeur de chaque membre du site, à travers un système de pondération favorisant les 20 premiers de chaque top. Je pourrais vous faire un laïus interminable sur des tableaux statistiques et des historiques de concours Eurovision, mais vu que vous êtes probablement en train de lire ce top avec une coupe de champagne à la main pour fêter la nouvelle année, on va tâcher de rester sobre sur les explications. Toujours est-il que si l’on trouvera toujours matière à discuter, ce Top 10, tout comme notre Top 100 dans son ensemble, représente le cinéma qu’on aime, et celui que l’on continuera à défendre, espérons-le, au cours de la prochaine décennie.
Mais sans plus tarder, voici donc les dix meilleurs films de la décennie 2010-2019 selon la rédaction de Cinématraque!
10. The Lost City of Z – James Gray (2017)
Ce qu’en disait Cinématraque : « Il ne faut pas s’y tromper : James Gray s’échine évidemment à faire un film sur le début du 20e siècle, les costumes ont beau être d’époque, il ne fait finalement que parler du présent. Il parvient à transmettre une idée métafilmique qui structure toute sa filmographie. The Lost City of Z, ce n’est pas qu’un long métrage sur une cité perdue que l’on ne trouvera jamais. C’est, également, une ode au film rêvé, celui que la technique tente d’atteindre du bout des doigts sans ne parvenir qu’à l’effleurer. »
Comme vous l’avez constaté précédemment dans ce top, la rédaction de Cinématraque est comme beaucoup d’autre redevable à James Gray pour avoir illuminé notre décennie ciné. Si Ad Astra trône déjà en bonne place dans notre top, il nous fallait réserver au cinéaste une place en bonne et due forme dans le top 10, et ce grâce à The Lost City of Z. Adapté de l’ouvrage de non-fiction de David Grenn, qui adaptait déjà son propre article publié en 2005 dans le New Yorker, le film de Gray retrace l’expédition folle de l’aventurier britannique Percy Fawcett sur la piste d’une mystérieuse cité antique, qu’il baptise Z, au cœur de la jungle du Mato Grosso. D’une majesté visuelle époustouflante, The Lost City of Z s’élève au niveau de ses glorieuses références, d’Aguirre d’Herzog à Apocalypse Now de Coppola, avec lequel il partage cette révérence à peine voilée à l’oeuvre de Joseph Conrad, qui perdure également dans Ad Astra. Un film aussi bouleversant et inoubliable que sa merveille de plan final.
9. Gravity – Alfonso Cuaron (2013)
Ce qu’en disait Cinématraque : « Il est difficile de ne pas se sentir subjugué par la puissance visuelle du film : certains plans agissent sur le spectateur comme le ferait une révélation. En créant chez lui l’illusion de vivre l’expérience de l’apesanteur, Alfonso Cuarón fait de Gravity un objet miraculeux. Le spectacle offert ne peut qu’agacer le mécréant, qui ne verra ici que poudre aux yeux et réflexion nunuche sur l’homme et l’univers. Mais voilà : Gravity est une pomme. Loin de convoquer la foi pour nourrir une méditation philosophique, l’auteur relègue le religieux au rang d’accessoire ».
Alfonso Cuaron n’aura réalisé que deux films cette décennie, mais quels films ! En compagnie de Roma, qui lui valut également l’Oscar du Meilleur réalisateur, on retrouve donc Gravity, porte-étendard des films d’exploration spatiale qui auront rythmé la décennie. De tous ceux-ci, Gravity est probablement l’accomplissement technique le plus abouti. Comment oublier sa phénoménale ouverture, véritable apnée de vingt minutes exploitant comme peu d’autres films toutes les ressources de la 3D pour une immersion rarement atteinte dans ce genre d’exercice. Véritable survival en ligne droite tracé dans un espace sans limites, Gravity est d’une richesse de chaque plan, porté par un storytelling bien plus poussé que la coquille vide caricaturée par ses contempteurs (revoyez attentivement la séquence de l’hallucination, et ce qui la précède, par exemple). Odyssée filmique entremêlant l’immensité de l’univers, et l’intimité de l’humain, Gravity est aussi le premier acte du trio d’Oscars (avec Birdman et The Revenant) qui consacra définitivement Emmanuel « Chivo » Lubezki comme le plus grand chef opérateur de cette décennie (nos amitiés à Roger Deakins, cela dit).
8. Mad Max : Fury Road – George Miller (2015)
Il n’y a pas si longtemps, Steven Soderbergh racontait en interview qu’à chaque fois qu’il regarde Fury Road, il devient fou. Parce qu’il ne comprend absolument pas comment le film a pu être fait. C’est surtout la continuité dans le montage qui le dépasse totalement ; il y a tout simplement trop d’éléments en mouvement pour que cela fonctionne. Et pourtant, cela fonctionne.
Mad Max Fury Road n’est pas qu’un des meilleurs films de la décennie, il est aussi le film d’action ultime. Celui qui a laissé tout le monde loin derrière à mordre la poussière du désert de George Miller. Il témoigne d’une obsession de la décennie à vouloir réparer les erreurs des grosses productions qui misent tout sur le tout-numérique, d’un retour en arrière, d’un regard sur le cinéma d’antan pour mieux exploser vers l’avant et proposer le premier des deux blockbusters post-moderne de notre top 10. Et le passage de flambeau, de Max à Furiosa, qui en a bien enragé certain, annonce aussi la nouvelle place donnée à la femme dans les grosses productions hollywoodiennes. Quand c’est motivé par le cœur comme ici, cela fonctionne. Quand c’est pour être tendance et soumettre le féminisme à une logique de marché, beaucoup moins.
7. Citizenfour – Laura Poitras (2015)
Ce qu’en disait Cinématraque : « Ce qui fait toute la saveur de Citizenfour, c’est la façon dont sa réalisatrice replace au centre du débat la question humaine. Pensé comme le dernier volet d’une trilogie cherchant à photographier le paysage géopolitique de l’après 11 septembre 2001, Citizenfour impressionne par la tendresse qui s’en dégage. On n’y rencontre pas un héros, ni une figure qui se sait actrice de l’Histoire, mais un homme, dans toute sa banalité. L’attention que la réalisatrice accorde au tout jeune Edward Snowden et sa façon, faussement simple, de mettre en scène le dialogue qui s’instaure entre les journalistes et lui, étonnent tant elles s’éloignent des canons du documentaire journalistique. Là où l’on a trop l’habitude d’assister à un montage alterné entre spécialistes et images d’archives, Poitras propose de scruter les battements de paupières, les sécrétions du corps autant que les tics nerveux d’un homme qui se sait épié. »
Le meilleur thriller des années 2010 est un documentaire. Voilà en somme comment résumer le colossal Citizenfour de Laura Poitras. Suivant le lanceur d’alerte Edward Snowden au cœur de ses révélation sur les systèmes d’espionnage mis en place par la NSA, notamment sous le nom de code de PRISM, Citizenfour est une chronique glaçante de l’état des libertés individuelles des internautes américains, doublée du portrait d’un véritable idéaliste du Web, un personnage animé par le besoin viscéral d’informer et alerter, que n’aurait pas renié Steven Spielberg. Parmi les plus grandes scènes de flippe que cette décennie laisse derrière elle, celle de l’alarme de la chambre d’hôtel de Citizenfour restera un immense moment de pure paranoïa.
6. Amour – Michael Haneke (2012)
La meilleure comédie de la décennie.
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Non, on déconne, on est chez Haneke, les gens souffrent, se balancent des horreurs, et pour certains finissent par mourir. Mais quand c’est filmé avec autant de justesse… Amour, deuxième Palme d’Or du cinéaste autrichien avec celle du Ruban Blanc, est avant tout un hymne à la vie, une symphonie composée en harmonie entre Haneke et son tandem de vénérables acteurs. Marquant le retour sur grand écran de Jean-Louis Trintignant après presque une décennie d’absence (absence à laquelle il ne fit que deux autres entorses, une à nouveau avec Haneke dans Happy End et l’autre avec Lelouch pour reformer un autre couple mythique de cinéma), Amour est aussi un beau baroud d’honneur pour l’immense et regrettée Emmanuelle Riva, qui profita du triomphe critique du film pour se frayer un chemin jusqu’aux Oscars. La plus belle gifle du cinéma des années 2010 (au sens propre du terme), elle est dans Amour.
5. Le Loup de Wall Street – Martin Scorsese
Ce qu’en disait Cinématraque : « Martin Scorsese et Jordan Belfort ont en commun d’avoir su utiliser l’argent des autres pour se faire plaisir, et inventer un monde propre à faire fantasmer les masses. C’est sans doute ce qui fait toute la beauté du film, cette jouissance communicative : s’il s’inscrit dans la continuité du récit scorsesien de l’Amérique du crime, Le Loup de Wall Street n’est ni un polar sanglant, ni un film de gangsters à proprement parler, mais bel et bien un retour à la comédie ».
Si la décennie de Martin Scorsese s’est terminée sur un Irishman qui n’a pas pu trouver sa place dans le classement pour cause de deadline dans les rendus des tops de chacun (et non pas parce que c’est une mini-série, rappelons-le), celle-ci a assurément connu son apogée avec Le Loup de Wall Street. Plus gros succès commercial de Scorsese à l’échelle mondiale, le film est une radiographie grinçante du naufrage de Wall Street. Une comédie grotesque sur des personnages de bouffons fortunés, vulgaires (record historique du nombre d’insultes dans un long-métrage!) et arrogants, loin de l’image du golden-boy en costard bien taillé. C’est aussi, rappelons-le, le dernier chapitre de nos meilleurs running-gags sur DiCaprio et sa quête d’un Oscar, ainsi que l’apogée de la McConnaissance, petit ange parti trop tôt.
4. Cloud Atlas – Lily & Lana Wachowski & Tom Tykwer (2013)
Ce qu’en disait Cinématraque : « En s’épaulant d’un troisième membre (Tom Tykwer), la [sororie] épaissit son univers, et offre à son public son film le plus sensible, tout reposant ici sur l’idée philosophique de l’amour et du geste perturbateur. Un acte, aussi anodin soit-il, aura des conséquences sur l’histoire de l’humanité. […] Comme si ce tour de force ne suffisait pas, [elles] parviennent également à faire de Cloud Atlas un film mutant, dans lequel le discours anti-autoritaire s’accompagne, dans les actes, d’une réelle pratique démocratique de la création, leur univers fusionnant avec celui de Tykwer, sans que jamais l’un prenne le dessus sur l’autre. »
Elles l’ont dit à maintes reprises sur la fin de la décennie, c’est là l’oeuvre qui ressemble le plus au cinéma qu’elles rêvent depuis l’enfance. C’est-à-dire un cinéma qui regarde ses codes en face et les éclate totalement pour offrir quelque chose de neuf : Cloud Atlas, c’est le mariage évident de la science-fiction et du cinéma queer, où les notions de genre et de couleurs de peaux se mélangent pour mieux servir la seule valeur qui constitue le cinéma Wachowskien, et leur point commun évident avec celui de Tykwer : l’amour. Le mariage est évident, parce que la science-fiction imagine le monde du futur, et que les communautés LGBTQIA, notamment les trans, sont obligé.e.s d’imaginer le futur pour se voir exister ailleurs que dans les marges, les chutes de blagues et les faits divers. Cloud Atlas, c’est le blockbuster post-moderne de la décennie, c’est le symbole d’une période où les lesbiennes, les homos, les bis, les trans, les pan, en bref les queer, vont enfin commencer à s’emparer du cinéma pour filmer leurs univers à elleux, et leurs Atlas.
3. Portrait de la jeune fille en feu – Céline Sciamma (2019)
Ce qu’en disait Cinématraque : « Cette sobriété permet au récit de se concentrer sur l’essentiel : les sentiments. Face à cette passion aussi inattendue qu’inévitable, les deux femmes restent lucides et comprennent, sans besoin de l’expliciter, qu’elle ne peut être qu’éphémère. Une course contre le temps se lance alors. Comment retenir la puissance de l’instant présent ? La peinture peut-elle figer l’être aimé sans le dénaturer, sans l’emprisonner dans une froideur qui trahirait l’éclat de la passion ? Le générique de fin, cruel, brisant tout espoir de regarder le visage d’Héloïse pour l’éternité, nous rappelle, si besoin était, que même l’art à son sommet ne peut lutter contre le temps. Mais pendant deux heures, Céline Sciamma nous aura peint le plus beau des tableaux. »
Comment un film a-t-il pu nous conquir si rapidement ? Nous évoquer autant en si peu de plans ? Nous sommes simplement, follement tombés amoureux et amoureuses des couleurs, des mots, des corps et surtout des regards. Ce film symbolise parfaitement un certain passage de témoin, en s’emparant des codes d’un cinéma classiciste pour y raconter l’espace de vie et d’amour de femmes qui n’ont que l’instant pour exister réellement. Nous ne rêvons pas de ce film, nous pensons à lui.
2. Burning – Lee Chang-dong (2018)
Ce qu’en disait Cinématraque : « Sans crier gare, Burning un discours politique très étonnant surgit, qui voit se disputer la prolo (Haemi), le paysan (Jong-soo) et le capitaliste (Ben). […] Ce qui rend le film assez beau, c’est de ne jamais trancher, de laisser le spectateur dans ses doutes ou ses certitudes. À l’image de Ben, le bon vivant, Lee Chang dong s’amuse avec les spectateurs et livre un petit bijou autant graphique que scénaristique. »
Au sortir de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2018, tout heureux que la rédaction du site était à l’idée de voir le talent et l’œuvre d’Hirokazu Kore-Eda récompensés par la plus prestigieuse récompense du plus prestigieux des festivals de cinéma, les membres de la rédaction de Cinématraque présents sur place restaient tout de même circonspects. Comment le jury de Cate Blanchett avait réussi à ne pas donner la Palme à Burning? Le retour triomphal de Lee Chang-Dong, huit ans après Poetry, s’était imposé comme le classique instantané de la sélection, de ces films dont la marque qu’il laissera sur leur art se ressent dès son premier visionnage. Adaptation des Granges Brûlées de Murakami, ce triangle amoureux hitchcockien sous fond de mystère, manipulation et séduction, instille insidieusement son poison avec une maestria de chaque instant. Traversé d’instants de grâce inoubliable (ah, ce joint partagé au soleil couchant!), Burning est l’un des rares à faire l’unanimité au sein de la rédaction hétéroclite, exigeante, et il faut le dire très bizarre, du site. La marque des grands.
1. The Social Network – David Fincher (2010)
Ce qu’en disait Cinématraque : « A la vitesse des dialogues d’Aaron Sorkin, David Fincher répond par la sérénité de sa mise en scène, et l’attention portée à ses personnages. Face à un monde qui va de plus en plus vite, la retenue de Fincher est, en soi, un acte politique. Il le dira au Monde, la bataille qu’il aura menée auprès de Columbia était celle du temps. Dès lors, Fincher mène l’enquête sur le culte de la vitesse et de la modernité qui caractérise notre monde. Chaque scène est une pièce de plus au nouveau puzzle du réalisateur qui, à travers le portrait de Zuckerberg, dresse le tableau angoissant d’une société dont le système idéologique valorise la compétition, et qui, grâce à la technologie, rend celle-ci plus féroce encore, plus rapide, et plus inhumaine. »
Au moment de tirer les dernières conclusions et faire le bilan de cette décennie, un constat s’est très vite dégagé dans les tendances de chacun : le meilleur film de la décennie 2010-2019 est un film qui l’a non seulement ouvert, mais qui en a aussi été un prophète. Un prophète artistique, évidemment, d’abord. Car qui d’autre que David Fincher symbolise autant les mutations de l’industrie cinématographique hollywoodienne (qui reste quoi qu’on en pense la plus dominante culturellement à l’échelle mondiale) qui ont marqué la décennie ? L’ancien roi du clip devenu a commencé la décennie dans la peau de chouchou critique du cinéma américain, évidemment avec The Social Network, puis avec le tout aussi applaudi Gone Girl en 2014. Il la termine dans les marges du système hollywoodien non par ostracisme, mais par ambition créative. Car Fincher, c’est aussi l’homme, le premier auteur, qui a franchi le Rubicon pour pactiser avec le diable Netflix : d’abord avec le pilote de House of Cards, puis avec sa propre série, Mindhunter. Celui-là même qui fera son retour au cinéma avec Mank en 2020, biopic du scénariste de Citizen Kane, produit et réalisé pour… Netflix, désormais auréolé de la respectabilité par le landernau hollywoodien.
Mais au-delà de son réalisateur, The Social Network, c’est aussi toute la décennie Facebook en creux, le film qui en son sein annonçait déjà un autre représentant de notre top 10, Citizenfour. The Social Network, c’était les prémisses de Cambridge Analytica, des memes sur l’inhumanité froide de Mark Zuckerberg et ses compromissions morales au profit du profit et au détriment de la démocratie. C’est aussi quelque part également, l’une des racines de la décennie du cyber-harcèlement et de l’Internet pré-#MeToo, Facebook ayant commencé comme un « catalogue de nanas » virtuel. C’est au fond le film des années 2010, comme si au fond, rien dans les mentalités n’avait véritablement changé depuis.
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Merci à tou.te.s d’avoir suivi ce Top 100, et merci à tous nos lecteurs qui ont contribué à faire de Cinématraque le site qu’il est aujourd’hui. Nous vous souhaitons de très belles fêtes de fin d’année, en espérant que vous serez de nouveau à nos côtés au cours de la décennie 2020!
100 FILMS ET PAS UNDER THE SKIN !!!!!??????
comprends pas
de la décennie du cyber-harcèlement et de l’Internet