It Follows, ça s’en va et ça revient (le jour où j’ai hurlé au cinéma)

Cette année, notre rédactrice Louise Riousse représentait Cinématraque au sein du jury du Prix Révélation France 4, présidé par la cinéaste Rebecca Zlotowski : compte-rendu et critique des films de la sélection.

La grosse trouillarde que je suis a poussé son premier cri d’effroi au cours de la projection de It Follows. Je n’étais pas la seule, ma présidente de jury, Rebecca Zlotowski y est aussi allée de son hurlement. Nous qui avions juré de montrer notre plus belle « poker face » pendant cette compétition !

Nuisette et talons aiguille pour seul équipement, une jeune femme court à en perdre haleine entre les pelouses entretenues de ses voisins, avant de gagner sa voiture et de démarrer en trombe. Le plan suivant montre son corps sans vie au petit matin, la jambe ensanglantée faisant face au visage dans un parfait angle droit. It follows est le second long métrage de David Robert Mitchell et annonce la couleur avec brio. Le premier, The Myth of The American Sleepover, avait déjà été sélectionné à La Semaine de la Critique en 2010.

Comme dans tous les films de genre réussis, l’inquiétude que suscite It Follows ne se limite pas aux épouvantables figures qui poursuivent Jay, l’héroïne du film. Le surgissement des visages connus et inconnus, au détour d’une porte ou d’un couloir, sont les manifestations visibles (et encore, cela reste à prouver) d’une crainte bien moins éphémère : celle du passage à l’âge adulte. C’est à la lumière de cette jeune fille en fleurs – arborant soutien-gorges, culottes et vernis fluo comme pour être mieux vue dans la noirceur de Detroit – que l’on mesure l’ampleur de son angoisse.

Symbolisée par le passage à l’acte sexuel, vecteur de la malédiction dont elle est victime, la sortie de l’adolescence ne se fait pas sans peine. Jay est poursuivie par des fantômes ; c’est en faisant l’amour avec un copain de classe qu’elle a contracté ce mal étrange, et ce n’est qu’en faisant l’amour avec une autre personne qu’elle pourra s’en débarrasser. La crainte de la contamination, reliquat épouvantable de l’épidémie du sida, est devenue légitimement permanente pour la jeunesse née à la fin des années 1990 que filme David Robert Mitchell, et se présenterait presque comme une raison supplémentaire de retarder le moment de grandir.

Hantée par un passé terrifiant (les apparitions du géant aux allures de Frankenstein auront été les plus horrifiques du Festival de Cannes), et rétive à l’avenir, puisqu’il met définitivement fin à l’enfance, Jay voudrait continuer de traînasser entre la piscine, sa chambre rose bonbon et une multitude de gadgets girly (une de ses copines dévore Dostoievsky sur une liseuse rose en forme de coquillage). C’est sans compter la folle course-poursuite à laquelle elle est condamnée.

A la suite d’un week-end au bord d’un lac, ou au cours d’une virée à Detroit, David Robert Mitchell confère au road trip une frénésie rarement atteinte, sillonne les autoroutes, la banlieue, puis atteint la ville dévastée, que le regard de ces adolescents pourrait à lui seul ressusciter. Le cinéaste tire toute la vitalité d’une jeunesse décidée à s’affranchir de l’Americana puritaine et moribonde, pour en faire un magnifique portrait, haletant et plein de sève.

It Follows, David Robert Mitchell,  avec Maika Monroe, Keir Gilchrist, Daniel Zovatto, Etats-Unis, 1h34.

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1 thought on “It Follows, ça s’en va et ça revient (le jour où j’ai hurlé au cinéma)

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