Lundi dernier, en ouvrant ma boite mail, je reçois un mail de ami Dzbiz me suppliant d’aller voir Computer Chess, en me disant « je veux ta critique« . Face à cette sollicitation aimable et courtoise, et pensant que ce film m’apporterait un petit bonheur passager, je décidais donc d’obtempérer.
Pas de chance, je dois me déplacer à Paris pour ça. Mais ce n’est pas grave, c’est un ami qui me le demande.
Moi qui ne mets presque jamais les pieds au cinéma, voilà un sentiment bien étrange que d’y retourner. Mais quelle joie d’avoir la salle pour moi tout seul ! Non, ce film n’attire pas les foules. Étonnant, celui-ci racontant l’histoire de types qui créent des programmes de jeu d’échecs.
Dans tous les cas, c’est bien mieux que de regarder un divx seul, dans son studio de 12 m² en mangeant un plat de pâtes, et en faisant tomber de la sauce sur son clavier, si jamais sauce il y a. J’avoue aussi que la dernière fois que je suis allé au cinéma, c’était pour aller voir La Gloire de mon Père. Ah non, j’étais trop petit. Non, la dernière fois, je suis allé voir Le Vent se Lève. Un beau film où les valeurs saines du travail et de la famille sont perçues comme positives. Ca change de l’Inconnu du lac ou encore la Vie d’Adèle, films pour lesquels je n’ai pas encore compris le plaisir qu’on peu en retirer, à part pour retrouver les fantasmes que je refoule régulièrement, éventuellement.
Heureux donc de voir enfin un film a priori intelligent, subtile, riche et qui fera travailler mon cerveau, au lieu de rester avachi la bouche ouverte sur mon siège, totalement passif et absorbant les stimulations sensorielles que le réalisateur aura conçues pour me faire croire que le héros c’est moi et que finalement, ma vie n’est pas si médiocre que ça. Du moins pendant que je regardais son film.
Voilà donc ce que j’attendais : pas de paradis artificiel aujourd’hui.
Pari perdu, et qui commence par une désagréable surprise, puisque le film a été tourné avec une caméra Sony AVC 3260 (années 70) . En effet, pour nous mettre dans l’ambiance, on est techniquement dans les années 70, c’est-à-dire en noir et blanc (sauf pour une scène de 5 minutes) et la caméra bouge à la façon journaliste amateur. Je le dis, mes yeux préfèrent Hawai 5-0. Les fans d’anachronismes observeront par ailleurs que les pneus des voitures ne sont pas d’époque. Tatillon ? Oui, un poil, mais uniquement vis à vis des autres.
Ce faux documentaire (donc inutile ?) de 1984 présente un séminaire d’informaticiens, psychologues et autres chercheurs s’affrontant en équipe aux échecs, via le logiciel que chaque équipe a créé. Vous suivez ?
Aparté : un chercheur, Wiley Wiggins ressemble à Jugnot, ce qui le rend fort sympathique.
Plongé dans cette ambiance de séminaire scientifique, le spectateur sera amusé par de nombreuses petites scènes qui sont censées rendre le film plus réaliste, mais qui font plus penser à des séquences des Bronzés. Je n’ai sûrement pas eu assez d’humour pour m’amuser du caméraman qui joue avec la fonction « négatif » de son appareil. Mea Culpa.
Des scènes peu ordinaires feront plaisir aux amateurs d’art moderne, dont je ne fais pas partie. Andrew Bujalski a un grand problème avec les chats tout comme avec les thérapies de groupe. D’ailleurs, si quelqu’un peut m’expliquer le principe de la thérapie par le pain, merci de me contacter.
Un conseil d’ami, si vous n’avez aucune idée de ce qu’est le jeu d’échecs, ce film vous est vivement déconseillé. C’est pour votre bien. En fait, c’est aussi valable si vous ne connaissez rien en informatique (brute force ou loop ne te disent rien ?). Car les scènes « humaines », par exemple de drague, sont trop troublantes pour pouvoir apprécier le talent de ces jeunes et beaux (ou pas) chercheurs lorsqu’il s’agit de satisfaire leur instinct primaire de perpétuer leur espèce. Préférez les Feux de l’Amour, si si.
J’ai fait le boulot pour vous, vous pouvez maintenant me remercier. Lui, ne l’a pas fait.
Remerciements : un grand merci au site officiel du film pour avoir mis à disposition des gif animés permettant d’illustrer à merveille cet article.