Nebraska, d’Alexander Payne – Compétion Officielle

Quand on a connu peu ou prou la même histoire que celle qui se déroule sur l’écran de cinéma, souvent l’émotion nous submerge. Si cela n’arrive pas, c’est qu’il s’agit d’une intention délibérée du cinéaste ou bien d’un problème de mise en scène. Pour Nebraska, il semble qu’il s’agisse de la seconde solution.

Tout d’abord, le choix du noir et blanc est assez problématique. Sans doute est-ce pour le réalisateur une façon de rendre hommage à Dorothea Lange qui parcourut les USA pour y photographier les conséquences de la crise économique de 1929. Comme elle, Alexander Payne parcourt les routes du Nebraska et y filme les ravages de la crise économique actuelle. Mais là où Lange réussissait à faire ressortir la douleur et l’humanité de ses sujets, Payne fige ses personnages dans l’image comme le moustique dans de l’ambre. Tout donne l’impression d’un temps passé, comme si ces américains appartenaient à la préhistoire et qu’il en était le récent découvreur. Malheureusement la crise est là, toujours présente, bien réelle et plus destructrice que jamais.

Ensuite,  filmer des familles entières, toutes générations confondues, pouvait être une bonne idée si le réalisateur s’était préoccupé plus de ses acteurs que de la photographie dans son cadre. L’histoire qui donne le fil conducteur au film avait tout pour nous émouvoir : un fils aide, une ultime fois sans doute, son père à trouver un sens à son existence, rongée par l’alcoolisme. On ne remettra pas en cause l’honnêteté du projet, d’autant plus que le réalisateur signe son film à la faveur d’une scène où toute la famille se recueille sur une tombe, laissant au premier plan, une pierre tombale au nom de Payne. Malheureusement, ses choix de mise en scène aboutissent à un film sans consistance, baigné dans du formol.

Nebraska, d’Alexander Payne, avec Bruce Dern, Will Forte, Bob Odenkirk, États-Unis, 1h50.

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