Amour & turbulences, une honnête romance

Que mime un garçon quand  il se retrouve à côté de son ancien grand amour dans un avion ? Le joli-coeur. Que mime la fille dans la même situation ? La peur.

Tel est le propos d’Amour et turbulences, nouveau film d’Alexandre Castagnetti, qui ne me donnait absolument pas envie parce que Nicolas Bedos, héros du film, n’était pas celui de mon coeur quand camarade taquin de lycée, je l’aurais bien appelé Nicolas Boloss.

Antoine (Nicolas Bedos) semble incarner parfaitement Nicolas Bedos, du moins l’image que vous en avez : il enchaîne les relations sans lendemain avec des mannequins avec qui il ne partage rien, il boit beaucoup et est pété de tunes. Quant à Julie (Ludivine Sagnier), elle est mignonne, spontanée, dynamique et « habitée » mais elle s’apprête à épouser un mec qui parle cuisson du saumon et couleur des dragées. Ces deux êtres, que les apparences opposent, ont pourtant vécu une histoire d’amour des moins moroses : ils vont se retrouver voisins dans un avion New-York / Paris et au travers d’un récit à leurs voisins, revivre leur histoire d’il y a 3 ans…

La comédie romantique commence mâle : la gentille fille qui s’amourache du connard-type. On a alors l’impression non pas que l’amour rend aveugle mais que c’est la cécité qui rend amoureux puisque Julie, consciente du DSK à qui elle a affaire (Antoine a couché avec le tout Paris, refait constamment la même scène de drague à toutes ses conquêtes : sommet de la tour Eiffel privatisé de nuit, avec Champagne, musique et slow) en tombe quand même amoureuse dés le premier regard.

Au début du film, malgré la tour Eiffel, je ne me sentais pas décoller. Mais la construction est intéressante. Comme dans Lunes de fiel de Polanski (j’ose tout) où, dans un bateau, Peter Coyote raconte sa passion avec Emmanuelle Seigner à Hugh Grant, c’est dans un avion que nos deux héros racontent leur histoire passée à un tiers : ici à  leurs voisins : un couple quinquagénaire incarné par Jackie Berroyer et Brigitte Catillon.

D’habitude, au cinéma comme dans la vie, j’ai horreur du perpétuel ping-pong entre passé et présent mais dans ce film, l’un et l’autre sont nécessaires pour comprendre que concernant le vrai amour, il n’y a finalement jamais de passé.

Ce qui est bien dans cette histoire, c’est qu’il n’y a pas de bourreau ni de victime : un dragueur invétéré rencontre une jalouse invétérée ; leurs torts sont partagés.

Au fil du film, j’ai été émue par leur histoire : je me suis reconnue dans Julie dont la jalousie obligeait Antoine à désactiver son compte facebook, à virer ses amies, et triste de constater que contrairement à mon ex, Antoine trouvait ça normal de la contenter.

J’ai été touchée par Antoine, queutard repenti, dont la seule lubie était devenue sa Julie. Dans la vraie vie, les anciens queutards nous trompent tôt ou tard. J’ai beaucoup pleuré parce qu’il s’agissait de vrai amour entre eux et j’ai su que c’était une bonne comédie romantique quand pour moi, il était hors de question qu’ils finissent l’un sans l’autre.

« Le sang ne peut pas irriguer le cerveau et la queue en même temps », Clémentine Célarié (mère de Julie).

J’ai aussi beaucoup pleuré parce que Julie a une mère, certes castratrice, mais qui lui donne plein de conseils alors que ma mère ne doit même pas se douter que j’ai déjà mes règles. Comme ma mère, sa mère est la première à nourrir son angoisse des hommes. Je me souviens qu’au dernier repas de Noël j’ai évoqué en famille l’idée d’un jour me marier et ma mère m’a répondu : «Concentre-toi d’abord sur tes études, Mélanie.»

Je préfère avoir peur avec lui que d’être tranquille avec toi. C’est la morale de cette romance. Longtemps, ce fut la mienne jusqu’à ce qu’il me vienne à l’esprit que la vie de ZAZ, j’en voulais pas. Mais le temps de ce film, elle le redevenait.

Ce film aura peu d’étoiles sur Allo ciné, cette critique sera méprisée, Nicolas Bedos vous énervera de ne pas vous énerver, vous me direz que j’ai quinze ans, vous rigolerez doucement de mon grand projet de livre sur Rohmer et je vous répondrai que l’amour, c’est mieux que l’amer.

Mélanie, 15 ans.

Amour & turbulences, Alexandre Castagnetti, avec Ludivine Sagnier, Nicolas Bedos, Jonathan Cohen, Jackie Berroyer, France, 1h36.

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4 thoughts on “Amour & turbulences, une honnête romance

  1. Mélanie, tu as tort : on ne méprisera pas ta critique. En tout cas, en ce qui me concerne, je trouve qu’elle n’a rien de méprisable, au contraire, elle est très juste et, en plus, extrêmement agréable à lire (et c’est quelque chose de suffisamment rare en matière de critiques cinéma pour être souligné).
    Je m’étais moi-même essayée à cet exercice (par ici : http://blog.notes.over-blog.com/amour-et-turbulences-d-alexandre-castagnetti) avec bien moins de style et de pertinence (je manque encore de culture cinématographique pour cela) que toi, et je dis cela sans jouer la fausse modestie.

    A.

  2. Un livre sur Rohmer, c’est une très bonne idée. Par contre (je suis prévisible), j’ai trouvé ce film insupportable, surtout effectivement à cause de Nicolas Bedos et de ses épouvantables répliques pas drôles. Et j’ai l’impression de Ludivine Sagnier a un problème avec son oeil droit (qui tombe, non?)

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