2012, l’année du roux ?

Comme j’ai déjà dû vous le dire dans un précédent article, j’ai été élevé par une télévision et on pourrait dire de moi que je suis un sarcé fils de pub. Quand tant d’autres zappent à l’instant fatidique de la réclame, j’ouvre bien grand yeux et oreilles pour mieux laisser la publicité faire l’amour à mon subconscient de CSP+. A mes yeux, la pub c’est la vie. C’est l’âme de la télévision, un miroir embellissant de la société. Mais la pub c’est aussi un indice des tendances sociales/sociétales d’une efficacité terrifiante. Et si j’ai toujours réussi à interpréter ce reflet déformé du prisme des envies consuméristes, dernièrement je me retrouve un peu déconcerté face à un phénomène nouveau: l’invasion des roux dans la publicité.
Si vous regardez la télévision autant que moi, vous aurez sûrement constaté que depuis 2011, le nombre de publicités mettant en scène, et surtout, faisant consommer le produit à un protagoniste roux est en constante augmentation. Vous allez me dire: « Mais putain qu’est-ce que j’en ai à foutre bon sang?! » et ça sera très malpoli de votre part de m’interrompre de la sorte. Soyez un peu patient voulez-vous car j’arrive bientôt au coeur du sujet.
Dans la publicité, la personne qui est filmée en train de consommer, c’est le graal. C’est la représentation idéale de ce que devrait être le consommateur du produit vanté. Ainsi, dès qu’une « minorité » se met à bouffer du yaourt, ou encore à se laver les cheveux avec Dop, ça veut dire qu’elle a été assimilée et intégrée par la société française. Si vous ne me croyez pas, regardez donc un peu en arrière. Dans les années 80, la couleur n’avait pas sa place dans les spots publicitaires, et si on apercevait de temps en temps un africain ou un magrehbin, c’étaient la plupart du temps d’horribles caricatures vestiges des temps coloniaux (Y a bon Banania!). Dans les années 90, la France s’est auto-proclamé Black/Blanc/Beurre et si tu touche à mon pote jte défonce. Pour autant cette mixité décomplexée affichée jusque dans les spots publicitaires de Benetton n’allaient pas jusqu’à montrer le produit utilisé par un black ou un beurre. Il n’y a que depuis le milieu des années 2000 que la pub s’est décidé à montrer une métisse qui se lave les cheveux, des chinois qui mangent des burritos ou encore des arabes qui bouffent du yahourt. Il aura donc fallu près de 30 ans à la publicité télé française pour montrer, sans transgresser de tabou, un jeune black boire une canette de Pepsi qu’Eric Cantonna lui lance depuis le frigo qu’il habite.

Que doit-on en déduire alors, quand on constate soudain qu’avant 2010 et les pubs d’ING on avait jamais vu de roux consommer un produit dans une pub ? Celà voudrait-il dire que la communauté rousse est considérée par la publicité française comme étant une minorité de parias qui aura du attendre plus de 30 ans pour enfin pouvoir être considérée comme des consommateurs potentiels ? Je ne crois pas que ce soit l’idée. En effet, la chose ne s’est pas faite aussi progressivement que pour les autres minorités dites « visibles ». En moins de deux ans, les spots mettant en scène nos amis poils de carotte, se sont multipliés de façon exponentielle, pour atteindre un point culminant début de cette année. 2012 l’année du roux (si vous ne me croyez pas, de quelle couleur sont les cheveux de l’héroïne du dernier Disney qui sort la semaine prochaine ?). C’est comme si, au delà du produit, la publicité voulait faire de la rousseur une nouvelle mode. Ca se comprend d’un point de vue marketing. En effet l’impact visuel du roux est fort et moins stéréotypé que celui du blond, qui lui, est complètement passé de mode (So 90’s). En plus le roux est sympathique, il est télégénique. Les femmes sont piquantes et les hommes sont attachants. Peut-être que cette révolution orange de la publicité française n’est basée que sur la recherche d’une signature visuelle forte. Mais dans ce cas, pourquoi avoir attendu autant de temps pour le faire ?  Est-ce que ça voudrait dire que le monde n’était pas prêt à voir des roux à la télévision avant les années 2010 ? Sommes nous donc aussi stupides que voudrait le croire les agences de pub ? Probablement que oui. Les idées reçues sur les roux semblent avoir la vie dure en France, surtout les jours de pluie. Mais je ne peux m’empêcher de penser que les grandes marques y sont aussi pour quelque chose.  Que pouvait bien répondre Orange ou SFR avant 2010 lorsqu’on leur proposait un casting roux pour leur nouvelle campagne ? Car les agences ont du y penser depuis bien longtemps. Et si je me trompais de direction. S’il s’agissait tout simplement d’une cabale rousse visant à la conquête du monde. Tout, alors, prendrait un sens nouveau.

 Je gage qu’avant mon intervention dans cette tribune, personne n’avait remarqué quoi que ce soit, quant à une éventuelle roussisation de la représentation du consommateur dans la publicité française. Je me pose sûrement beaucoup de questions pour rien. Autant de questions qui demeureront, à n’en point douter, à jamais sans réponses. A moins que vous n’ayez des entrées dans le monde de la communication. Auquel cas, ça m’intéresserait beaucoup d’en savoir plus à propos de toute cette histoire. Néanmoins j’espère vous avoir sensibilisé sur ce sujet de société Ô combien épineux, tabou, voire secret. A présent je vous laisse, mon psy m’appelle sur Skype. En attendant, mangez bien, mangez bio, mangez Bjorg car la jeune fille qui joue dans cette publicité est tout simplement délicieuse…et d’un roux exquis.

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7 thoughts on “2012, l’année du roux ?

  1. Moi je crois juste que c’est la publicité qui perd son âme… Nan, je pense qu’effectivement il y a du mieux dans l’acceptabilité télégénique du roux, et peut être bien que Ron et sa famille, les potes d’Harry Potter, y sont pour quelque chose… Et si je ne dis pas de bêtises pour une fois, le gène roux est dominant, ce qui signifie qu’il y aurait de plus en plus de roux… Blonds, Bruns, Châtains! Unissez vous pour contrer le plan machiavélique des roux! Pensons à la planète, on les brûlait par le passé, serait-ce une piste pour une nouvelle énergie renouvelable? Pardon, j’ai été trahi par un roux une fois, et j’ai gardé des séquelles…

    Tant que c’est roux, ça va! je crois qu’il faudra vraiment s’inquiéter quand c’est des cheveux roses et/ou bleus qu’on nous vendra dans les réclames!

  2. cf South Park ! (Saison 9 épisode 11 si je n’ai pas mal lu google)

    En ma qualité de rouquin, je suis fier d’être enfin représenté à la télé.

    A cette remarque d’un intérêt crucial, pour ne pas dire croussial, j’ajouterais :
    J’ai longtemps cru que les gens étaient jaloux que le roi David fut roux. Mais en fait je pense qu’avant la HD, le roux ne passait pas bien à l’écran. Suffit de mater un épisode d’un vielle série où un roux apparaît pour se dire que l’analogique et le numérique LD ne devait pas saisir toutes les nuances de la rousseur !

    Où alors on a fait un progrès dans les teintures, et faudrait que je m’y mette.

    1. Je pense qu’il y a du vrai dans tes explications. La haute définition rend enfin hommage aux roux et ça je n’y avais pas songé. Peut-être que c’est aussi simple que ça après tout.
      Merci pour cette piste intéressante! A creuser.

  3. J’ai donc mis le doigt sur quelque chose d’énooooorrrrmmmme! « La mondialisation du roux » Voilà le prochain titre du « Monde ».
    Sinon Faye Reagan c’est quand elle veut.

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