Irresponsable Saison 3 : Clap de fin avec l’équipe de la série d’OCS

Dans le sillage de l’autre comédie originale d’OCS, la toute aussi réussie Les Grands, Irresponsable s’apprête à tirer sa révérence au terme de sa saison 3, diffusée à partir du 5 décembre. Une saison 3 dont nous avions pu découvrir les quatre premiers des dix épisodes lors du dernier festival Séries Mania de Lille. Et ça tombe bien, on avait eu l’occasion de rencontrer sur place une partie de l’équipe de la série : le showrunner Frédéric Rosset, la co-scénariste Camille Rosset, les acteurs Marie Kauffman et Théo Fernandez, le réalisateur Stephen Cafiero et le producteur Antoine Szymalka. Avec eux, on a voulu revenir sur ce petit joyau de la comédie télé française, et sur ce qui attend Julien, Marie, Jacques et les autres.

*Attention, certaines questions peuvent spoiler une partie de l’intrigue des quatre premiers épisodes de la saison 4.*

Le cycle d‘Irresponsable se referme sur cette saison 3, tout comme ce fut le cas pour Les Grands. Est-ce que ça n’a pas quelque chose de frustrant de s’arrêter à trois saisons ? Aviez-vous imaginé des plans pour une éventuelle saison 4 ou avez-vous toujours su que ce serait la dernière ?

Frédéric Rosset : Non, on a dès le départ conçu la saison 3 comme la dernière. On avait déjà la conclusion en tête et OCS ne nous a pas piégé. Il n’y a eu aucune frustration. Après là, on voit le travail terminé… D’habitude avec Camille, on est déjà à ce stade en train de réfléchir et travailler sur la saison suivante. Maintenant que ce n’est plus le cas, mon corps ne comprend plus très bien ce qui se passe (rires). Alors oui après coup on y pense forcément un peu, mais c’est toujours resté uniquement spéculatif.

Vous vous attendiez lorsque vous avez lancé l’aventure d’Irresponsable à atteindre une saison 3 ?

FR : Ce qu’on se disait avec Antoine, c’est que le processus de création normal sur OCS débouchait toujours sur une logique en trois saisons. Quand on s’est engagés avec eux, on avait envie de viser ça.

Antoine Szymalka : Je pense qu’on aurait pu, si on avait été les voir au début de la saison 3. On aurait pu au moins en discuter.

FR : Mais tout ce qui se passait nous amenait naturellement à refermer la boucle avec la saison 3. Les acteurs et Stephen pourront vous en parler, c’est difficile et long de tourner une saison dans le laps de temps qui nous est donné. Il faut savoir s’arrêter avant qu’une série ne finisse par s’arrêter d’elle-même.

Stephen Cafiero : Ca se voit pas mais en fait j’ai 23 ans ! (rires) Ca corrobore peut-être ce que Frédéric vient de dire…

La saison 3 s’ouvre peu ou prou deux ans après la fin de la seconde, suivant le même calendrier que leur tournage, alors que la deuxième se termine sur un événement marquant. Comment cette ellipse s’est-elle imposée à vous ?

Camille Rosset : On voulait arriver au moment où Jacques était en âge d’avoir son bac et allait commencer à réfléchir à son avenir. Et l’ellipse nous arrangeait pour raconter ce qu’allait être désormais la cohabitation de tout ce petit monde : désormais Marie et Julien sont en couple depuis deux ans, tout roule, mais la coloc’ commence à devenir pénible pour eux.

FR : Limite, j’aurais préféré que cette ellipse soit plus courte mais c’était très important d’arriver au bac de Jacques. En fait, on s’est rendus compte qu’on avait fait une erreur dans la saison 1 : on dit à ce moment-là qu’il a quinze ans alors qu’il devait en avoir en réalité seize, il était donc en troisième au lieu d’être en seconde comme ce qui était prévu. Si on s’en était aperçus plus tôt on aurait pu se permettre une ellipse d’un an seulement.

Dans cette saison 3, Julien semble attirer Marie avec lui et leur semble à tous les deux comme paralysé, comme s’ils régressaient…

FR : C’est une des raisons d’être de la série, poser la question de leur avenir commun. Après, je ne pense pas que Julien régresse, au contraire tout le monde est plus mature désormais. On avait vu à l’époque de la saison 2 plein de papiers sortir disant : « Irresponsable saison 2 : la saison de la maturité? », alors qu’en fait ça l’était pas du tout ! On les trouvait toujours aussi cons ! (rires)

SC : Cette histoire de maturité se décante au fil de la saison, notamment au cours de l’épisode 4 (attention spoilers). Il picole, il veut faire un môme, on voit qu’il est complètement désorienté, jusqu’à la séquence de la rupture. L’épisode 5 est le plus important de ce côté-là, il y a vraiment une bascule qui s’opère à ce moment-là (fin du spoiler).

Marie, de son côté, montre toujours cette part d’inquiétude, qui n’est qu’amplifiée par sa nouvelle relation avec Julien. Est-ce selon vous le fil conducteur du personnage ?

Marie Kauffman : Je pense plutôt que c’est une nouvelle forme de dynamisme. Elle doit désormais suivre sa propre construction professionnelle : sa thèse, son fils qui s’apprête à quitter le domicile… Et par-dessus, oui, toujours cette forme d’inquiétude. Cette continuité chez elle était très importante. Et cette saison, elle entre dans un processus de questionnement plus autonome, celui d’une jeune femme de 32 ans qui s’autorise à reprendre ses études.

Du côté de Jacques, on a l’impression que le fossé se creuse plus encore entre le fils et le père. On a presque l’impression que c’est lui d’ailleurs, l’adulte de la famille…

Théo Fernandez : Sur les deux premières saisons, je sais pas si on pouvait dire que l’un était plus adulte que l’autre en fait. Jacques n’est pas encore adulte, et pour son père c’est grave pas le cas non plus. (rires) Dans la saison 3, je pense qu’il le devient, et j’en suis ravi. Je suis bien placé pour savoir comment on peut changer entre l’adolescence et le début de l’âge adulte (il a fêté ses 21 ans en septembre, NDLR). Je me sentirai plus capable aujourd’hui de jouer un personnage de lycéen comme on a pu encore me le proposer récemment car ça a été une période assez compliquée pour moi. Ça m’aurait ennuyé de retrouver le Jacques des deux premières saisons. Je fabule peut-être un peu, mais j’ai ressenti cette différence chez lui cette saison.

CR : Et puis désormais il a un vrai projet de vie, travailler pour partir et s’émanciper. Il y a l’affirmation d’un désir plus fort chez lui.

TF : Je l’ai ressenti jusque dans sa manière de parler. Avant, il avait une forme d’anxiété sociale, toujours caché derrière ses lunettes, que je partageais avec lui. Là, il est plus affirmé. Je pense que c’est gratifiant pour le spectateur de le voir évoluer de la sorte. Et en tant qu’acteur, c’est super plaisant.

À propos de ce que vous évoquez sur les parallèles entre l’adolescence de Jacques et ce que vous avez vécu au cours de la vôtre, est-ce que ça a influencé justement l’évolution du personnage ? Est-ce que vous en avez discuté à l’écriture ?

CR : Honnêtement non, on savait pas trop à ce moment-là que ce que vivait Jacques, Théo pouvait parfois le ressentir dans sa propre vie.

TF : J’en avais vaguement parlé, je me souviens…

CR : Oui tout à fait, mais une fois que le scénario était écrit.

TF : C’est ça exactement, je me suis retrouvé avec mon texte devant les yeux et je me disais « Wow, y a un truc là, c’est dingue! », même quand c’était pas forcément ce qu’il y avait de plus simple à assumer. C’est une manière aussi de souligner à quel point la série était bien écrite : je suis un jeune homme comme les autres, ce que j’ai vécu, des tas d’autres jeunes sont passés par là. Et c’est pas forcément toujours des problèmes de parents ou d’alcool!

SC : Enfin, l’alcool si, du coup.

TF : Oui, en fait, t’as raison. (rires)

Cette saison, c’est aussi celle de la recomposition familiale, notamment avec l’arrivée du personnage de Julie, la demi-soeur de Julien. Comment vous est venue l’idée du personnage et la décision de caster Allison Chassagne, la sœur de Sébastien, dans ce rôle ?

FR : J’ai découvert Allison grâce à sa chaîne Youtube, Glamouze, que je trouve super drôle. Et Sébastien avait fait une blague au cours du tournage de la saison 2 où il me demandait que je lui invente un personnage de sœur. Sur le coup, je lui ai dit ce qu’il fallait que je lui dise : que c’était complètement débile. Et puis en y réfléchissant plus longuement, on a trouvé qu’il y avait là matière à relancer tout l’aspect de la série qui tourne autour de la paternité, et du père disparu de Julien. Et puis après tout, on n’était plus à un plagiat de Friends près ! (rires)

CR : On l’écrit en pensant à elle dès le début bien sûr.

SC : En fait, elle s’est pointée aux castings sans qu’on sache qui c’était et boum, par chance il s’est avéré que c’était la sœur de Sébastien.

FR : Plus sérieusement, ça a commencé comme une idée théorique et on s’est rendus compte en pratique à quel point son personnage collait parfaitement à tout ce qu’on voulait dire cette saison, y compris au niveau du couple de Marie et Julien. Elle est un vrai ciment de l’intrigue.

Irresponsable a toujours cultivé une forme de tendresse pour l’oisiveté du personnage de Julien, et cette saison 3 le confronte plus encore aux impératifs sociaux de la vie d’adulte. Comment on articule ce message à l’ambition première de la série qui est de ne jamais quitter le champ de la « pure » comédie ?

FR : Une fois au cours du tournage, on s’est rendus dans un Picard pour trouver à manger et au moment de passer à la caisse, la caissière nous a demandé de noter le service, ce qui nous semblait aberrant, mais ce qui s’est grandement répandu depuis. Sur ce genre de sujets, des anecdotes comme celles-là, on peut les traiter de manière à ce qu’on puisse se marrer. Mais pour d’autres, ce n’est pas le cas, et ça a toujours été le cas dès la saison 1. Lorsqu’on a évoqué l’avortement de Marie dans la première saison, on a cherché une manière de rendre ça drôle, mais on s’est vite rendus compte sur place que non seulement on ne pouvait pas le faire, mais qu’en plus ça n’enlevait rien au fait qu’Irresponsable restait une comédie.

Dans sa démarche, cette saison 3 est probablement la plus politique de toutes.

FR : C’est clairement une incitation à voter Poutou en 2022 effectivement !

AS : Ca correspond simplement à un changement de société : la multiplication des petits boulots, l’émergence des simili-Deliveroo. Et forcément avec un personnage comme celui de Julien on s’y retrouve confronté.

Lors de la présentation des quatre premiers épisodes à Séries Mania, vous aviez à moitié plaisanté sur scène à l’idée de retrouver Julien, Marie et Jacques dans dix ans. C’était vraiment une plaisanterie ?

SC : Là on est encore en train de dire au revoir aux personnages donc forcément on va vous répondre que pour l’instant, c’est fini.

CR : Ca correspond à ce que disait Fred à ce moment-là sur le deuil et le déni qu’on traverse dans des moments comme ça. C’est plutôt que ça nous aide à leur dire au revoir que se dire qu’on les reverra peut-être dans dix ans. Avec un Jacques trentenaire !

TF : Oh putain.

Qui sait ! On a évoqué Friends au cours de cette interview, peut-être que dans dix ans les sériephiles français reviendront en masse pour réclamer un revival d’Irresponsable

FR : Je pense en effet que le peuple attendra ça avec autant d’impatience ! Non, je vais vous dire clairement ce qui va se passer : dans dix ans, on se recroisera et je dirai : « Ah tiens, ce serait bien qu’on refasse un truc ensemble! », et je me rendrai vite compte que tout le monde sera passé à autre chose.

Irresponsable de Frédéric Rosset, avec Sébastien Chassagne, Marie Kauffman, Théo Fernandez…, saison 3 diffusée sur OCS le 5 décembre.

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