Le Top 10 absolu et définitif des meilleurs films de 2018 selon Cinématraque

Chez Cinématraque, il y a deux choses sur lesquels la rédaction se met quasi unanimement d’accord. La première, c’est que Wade devrait vraiment se créer un compte Twitter perso pour éviter d’envoyer des GIF de joueurs NBA et des photos de Thierry Frémeaux avec le compte officiel. La seconde, c’est qu’un top ciné de fin d’année, ça se sort en fin d’année, au buzzer, et pas le 4 novembre. Déjà parce qu’on a pas tous les moyens d’aller faire les AVP partout tout le temps, et surtout parce qu’avec notre sens de l’organisation, réussir à convaincre dix personnes d’envoyer un top 10 structuré et ordonné en temps et en heure ressemble à une séance de com’ de crise ministérielle chez la République En Marche pour expliquer des mesures sociales aux gilets jaunes.

Bon an mal an, les derniers pigeons voyageurs sont arrivés à l’heure pour le dernier week-end de l’année, alors voici le top 10 officiel certifié 100% bon goût de la part de votre site préféré. Sans plus attendre, le voici dans l’ordre, selon les votes de chacun des rédacteurs en activité et le système de calcul dit de « à peu près comme l’Eurovision » : 10 points pour le numéro 1 de chaque top, 9 pour le numéro deux, etc.

Sans en en dévoiler davantage, disons juste que l’année ciné 2018 aura été pour nous à l’image de la société française : de la division et de la dissension de partout, le choix du radical par rapport au rassembleur, et un grand moment d’union nationale en plein cœur de l’été (#DemiVolééPavard)

10ème, ex aequo – Utoya, 22 Juillet et Mektoub, my love : 18 points

Utoya 22 juillet, Cinématraque

Seul membre de ce top 10 à y entrer en n’ayant reçu que deux votes, le dernier Kechiche illustre parfaitement ce que le cinéaste a de clivant et de polarisant au sein même de la rédaction. Mais son Mektoub, my love a aussi ses défenseurs, toujours aussi sensibles au talent indéniable du réalisateur. Résultat : avec une première et une troisième place dans la musette, cela suffit à le faire entrer dans le top 10 de Cinématraque aux côtés d’un autre film à avoir suscité quelques débats à sa sortie. Mais la plongée en apnée de l’attentat d’Utoya mise en scène par Erik Poppe a su parler à une bonne partie de la rédaction qui a suivi le film de particulièrement près depuis sa présentation à l’Étrange Festival.

9ème – Under the Silver Lake : 21 points

Autre objet de cinéma mal aimable et mécompris, Under the Silver Lake confirme le penchant de Cinématraque pour le cinéma de David Robert Mitchell, dont nous avions déjà porté aux nues le remarquable It Follows en 2015. Sa première présentation en compétition officielle à Cannes, lui l’enfant de la Semaine de la Critique, a divisé et égaré certains spectateurs dans les limbes de son Los Angeles pétri de références (Lynch ! Pynchon ! Wilder ! Zelda !), mais un certain nombre d’entre nous avons choisi de nous laisser porter par ce formidable créateur d’atmosphères, très certainement l’un des auteurs émergents les plus excitants du cinéma américain.

8ème – Pentagon Papers : 22 points

Tonton Spielberg avait choisi de mettre le paquet sur cette année 2018 avec pas moins de deux films au programme. Ce sera finalement le premier qui aura su davantage tirer son épingle du jeu. Là où peu d’autres films auront autant déchiré et ravagé la cinéphilie que Ready Player One (qui échoue à une honorable 13ème place chez nous, aux portes du classement), Pentagon Papers (The Post dans la langue de Dan Rather) aura réussi à davantage fédérer sur certains points saillants de la filmographie du maître : l’humanisme persistant, la croyance en la force des institutions et bien évidemment la capacité à créer des images iconiques sans le moindre effort apparent. Est-ce parce qu’une partie de la rédaction de Cinématraque est composée de journalistes ? Toujours est-il qu’on ne pouvait pas ne pas avoir Spielberg sur la photo de famille, et c’est encore le cas cette année.

7ème – Hérédité : 23 points

Chaque Top 10 a évidemment ses ratés, ses défauts, ses aspects que l’on regrette à la lecture. Tout aussi parfait et incontestable qu’il soit, le nôtre ne témoignera peut-être pas au premier abord de notre enthousiasme quant à l’état du cinéma de genre en cette année 2018. La faute à une dispersion des votes qui aura empêché de voir arriver dans les dix premiers des films pourtant très aimés en ces lieux comme High Life, Les Bonnes Manières, Sophia Antipolis et surtout Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico, qui termine ici à la place du con, la onzième. Un film sauve tout de même l’honneur : l’Hérédité d’Ari Aster, phénomène du cinéma d’horreur qui aura récolté toutes les louanges et fédéré largement au-delà du cercle des habitués. L’acte de naissance d’un cinéaste assurément à suivre.

6ème – Happiness Road : 25 points

Il en va de même avec le cinéma d’animation qui ne place ici qu’un seul représentant malgré encore une foultitude de très bons films et la présence entre nos murs de quelques mordus du genre familiers du festival d’Annecy. Mais cette année, au milieu des Indestructibles 2 et surtout d’un Spider-Man : Into the Spider-Verse un poil trop court pour intégrer le top 10 (11ème, ex aequo avec Mandico), c’est une petite pépite venue de Taïwan qui se distingue, le doux et touchant Happiness Road de Hsin-Yin Sung. Bon en même temps on était partenaires de la sortie alors ç’aurait été con qu’on ait pas aimé…

5ème – Jusqu’à la garde : 27 points

On l’aura couvé, chouchouté, et on se sera étonné jusqu’au bout de ne pas l’avoir vu représenter la remarquable année 2018 du cinéma français, qui ici aussi n’aura peut-être pas la représentation qu’il mérite au regard des nombreux prétendants qui se sont dessinés dans les tops 10 de chacun (notre JB national en a même mis 8 sur ses 10 !). Jusqu’à la garde, l’uppercut cinématographique de Xavier Legrand, l’un des films contemporains à avoir abordé avec la plus grande justesse possible le douloureux sujet des violences conjugales, est le seul autre film français à tenir compagnie à Kechiche dans cette liste où Amanda, Les Chatouilles ou encore Nos batailles n’auraient pas fait tâche loin s’en faut. Ils ne sont peut-être pas dans notre liste, mais ils sont encore dans nos cœurs #MichelDrucker.

3èmes, ex aequo – The House that Jack Built et Une affaire de famille : 30 points

Deux salles, deux ambiances, et deux médailles de bronze pour ne pas faire de jaloux. D’un côté, la psychanalyse sur grand écran de l’esprit malade de Lars von Trier, revenu des tréfonds après des années d’exil forcé du landernau cinéphile suite à ses dérapages langagiers sur la Croisette. Son The House that Jack Built est un objet filmique malsain, incroyablement misanthrope, volontiers provocateur, mais aussi le terrain de jeu idéal du cinéaste danois, qui offre ici quelques-uns des plans les plus édifiants et majestueux de l’année, et probablement de sa filmographie complète. De l’autre, le conte moral grinçant, probablement le plus politique, d’un cinéaste plutôt spécialisé dans la douceur. Arrivé sur la pointe des pieds dans la moiteur cannoise, le film d’Hirokazu Kore-Eda s’est rapidement imposé comme un cru magnifique d’humanité, récompensé de la plus belle des distinctions par le jury présidé par Cate Blanchett. Une Palme qui aura suscité un enthousiasme non retenu chez beaucoup d’entre nous, et chez une bonne partie de ceux qui l’auront aussi découvert à sa sortie en salles.

2ème – Roma : 32 points

Ah bon, Netflix a tué le cinéma ? MDR.

1er – Burning : 55 points

À vrai dire, tout heureux qu’on eût été au moment où Kore-Eda a (enfin) mis la main sur sa Palme, la joie a vite laissé sa place à une forme d’incompréhension : comment le jury du festival avait-il pu passer à côté de Burning ? Après un début de compétition poussif, le retour aux affaires du sud-coréen Lee Chang-Dong huit ans après son déjà magnifique Poetry, avait mis la quasi-totalité de la presse de la Croisette KO. Son adaptation d’Haruki Murakami était probablement l’objet filmique le plus abouti de la compétiton, un thriller mental d’un lyrisme et d’une maestria quasi sans pareille et sans concurrence cette année. Vous n’avez qu’à regarder les scores puisque avec deux premières et deux deuxièmes places, le film a collé une mine à tous ses poursuivants. Un numéro 1 limpide et incontesté.

On vous laisse sur le top individuel de chacun et chacune (en laissant la possibilité au passage à ceux qui le souhaitaient de déverser un peu leur fiel avec leurs flops annuels), en vous souhaitant évidemment une très bonne année 2019 !

Gaël Martin

1) Happiness Road de Hsin-Yin Sung
2) Les Bonnes Manières de Juliana Rojas & Marco Dutra
3) Utoya, 22 Juillet de Erik Poppe
4) Sophia Antipolis de Virgil Vernier
5) Burning de Lee Chang-dong
6) Leto de Kirill Serebrennikov
7) How To Talk To Girls At Parties de John Cameron Mitchell
8) Un Couteau Dans le Coeur de Yann Gonzalez
9) Avant que nous disparaissions de Kiyoshi Kurosawa
10) Ready Player One de Steven Spielberg

Flops : Tesnota (Kantemir Balagov), Blackkklansman (Spike Lee), Call Me By Your Name (Luca Guadagnino), Senses (Ryusuke Hamaguchi), Sicario: La Guerre des cartels (Stefano Sollima), Solo: A Star Wars Story (Ron Howard), Une Pluie sans fin (Dong Yue), Les Veuves (Steve McQueen), Phantom Thread (Paul Thomas Anderson), Les Filles du soleil (Eva Husson)

Jean-Baptiste Morel

1) Nos batailles de Guillaume Senez
2) Hérédité de Ari Aster
3) L’île au trésor de Guillaume Brac
4) Les Chatouilles de Andréa Bescond & Eric Métayer
5) Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
6) Amanda de Mikhaël Hers
7) Les Indestructibles 2 de Brad Bird
8) Roulez jeunesse de Julien Guetta
9) Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin
10) I Feel Good de Benoît Delépine & Gustave Kervern

Mehdi Knissi

1) Mektoub, my love de Abdellatif Kechiche
2) Roma de Alfonso Cuarón
3) Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
4) Burning de Lee Chang-dong
5) The House that Jack Built de Lars von Trier
6) Avengers: Infinity War de Anthony Russo & Joe Russo
7) Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan
8) Guy de Alex Lutz
9) Senses de Ryusuke Hamaguchi
10) Phantom Thread de Paul Thomas Anderson

Flops : A genoux les gars (Antoine Desrosières), Blackkksman (Spike Lee), Hostiles (Scott Cooper), Madame Hyde (Serge Bozon), Ready Player One (Steven Spielberg), Les Veuves (Steve McQueen)

Alice Saulay Ragaru

1) The House that Jack Built de Lars von Trier
2) Roma de Alfonso Cuarón
3) Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
4) Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico
5) Pentagon Papers de Steven Spielberg
6) High Life de Claire Denis
7) Hérédité de Ari Aster
8) Burning de Lee Chang-dong
9) Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
10) Sophia Antipolis de Virgil Vernier

Captain Jim

1) Avant que nous disparaissions de Kiyoshi Kurosawa
2) Burning de Lee Chang-dong
3) Happiness Road de Hsin-Yin Sung
4) The Shape of Water de Guillermo del Toro
5) Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
6) Spider-Man : Into the Spider-Verse de Peter Ramsey, Bob Persichetti, Rodney Rothman
7) Utoya, 22 juillet de Erik Poppe
8) Liz and The Blue Bird de Naoko Yamada
9) Heureux comme Lazzaro de Alice Rohrwacher
10) Seder Masochism de Nina Paley

Flops : Suspiria, Robin Hood, Venom, Sicario 2, Spirou et Fantasio, 15h17, Death Wish, The Darkest Minds, The Crimes of Grindelwald, The Nutcracker

Wade (ou Zayn, ou je ne sais quel pseudo il s’inventera encore sur son Facebook)

1) Ready Player One de Steven Spielberg
2) Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
3) Hérédité de Ari Aster
4) Roma de Alfonso Cuarón
5) Utoya, 22 juillet de Erik Poppe
6) I, Tonya de Craig Gillespie
7) The House that Jack Built de Lars von Trier
8) L’Empire de la perfection de Julien Faraut
9) Diamantino de Gabriel Abrantes & Daniel Schmidt
10) First Man de Damien Chazelle

Flop : l’année 2018

David Ezan

1) The House that Jack Built de Lars von Trier
2) Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico
3) Mektoub, my love de Abdellatif Kechiche
4) Pentagon Papers de Steven Spielberg
5) Mes Provinciales de Jean-Paul Civeyrac
6) Roma de Alfonso Cuarón
7) Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
8) First Reformed de Paul Schrader
9) Hérédité de Ari Aster
10) ex-aequo Burning de Lee Chang-dong / Sophia Antipolis de Virgil Vernier

Flop 5 : Bohemian Rhapsody (Bryan Singer), Climax (Gaspar Noé), Phantom Thread (Paul Thomas Anderson), Ghostland (Pascal Laugier), Au poste! (Quentin Dupieux)

Salomé Starcelli

1) The Guilty de Gustav Möller
2) Burning de Lee Chang-dong
3) Sale temps à l’hôtel El Royale de Drew Goddard
4) Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
5) I, Tonya de Craig Gillespie
6) The American Meme de Bert Marcus
7) Happiness Road de Hsin-Yin Sung
8) Pentagon Papers de Steven Spielberg
9) My Wonder Women de Angela Robinson
10) Je ne suis pas un homme facile de Éléonore Pourriat

Lucas Guthmann

1) Burning de Lee Chang-dong
2) Phantom Thread de Paul Thomas Anderson
3) Spider-Man : Into the Spider-Verse de Peter Ramsey, Bob Persichetti, Rodney Rothman
4) Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
5) Pentagon Papers de Steven Spielberg
6) Ready Player One de Steven Spielberg
7) The Rider de Chloé Zhao
8) Happiness Road de Hsin-Yin Sung
9) The Shape of Water de Guillermo del Toro
10) Battleship Island de Ryoo Seung-wan

Julien Lada

1) Burning de Lee Chang-dong
2) Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
3) Amanda de Mikhaël Hers
4) Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
5) First Man de Damien Chazelle
6) Under the Silver Lake de David Robert Mitchell
7) Les Chatouilles de Andréa Bescond & Eric Métayer
8) Spider-Man : Into the Spiderverse de Peter Ramsey, Bob Persichetti, Rodney Rothman
9) Roma de Alfonso Cuarón
10) Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan

Flops : Suspiria (Luca Guadagnino), Downsizing (Alexander Payne), The Disaster Artist (James Franco), I Feel Pretty (Abby Kohn, Marc Silverstein), Bohemian Rhapsody (Bryan Singer), Ayka (Sergey Dvortsevoy)

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