In The Fade : Fatih Akin fait sa mise au point (Godwin)

Il y a trois parties dans In The Fade (Aux Dem Nichts, en allemand). D’abord un attentat, ensuite son jugement, et enfin la vengeance. L’héroïne, formidable Diane Kruger qui à elle toute seule rend cet immonde bouse regardable, perd en effet dans ce qui s’apparente dès le début à une attaque raciste, mari et fils.

In The Fade est donc un film de vengeance, de ceux qui te donnent envie de frapper des nazis, d’engueuler des avocats, de taper sur le siège de ton voisin de devant, même si celui-ci n’est pas nazi. En ce sens, il répond parfaitement à ce que l’on attend d’un film de ce type. Assis pépouze sur notre fauteuil, on déteste bien fort les méchants, parce qu’ils sont pas très sympas, et on a envie de faire des câlins à la veuve éplorée, parce que merde, c’est terrible, vous vous rendez compte, ces salauds mettent des clous de 10cm dans leurs bombes.

Passé l’instinct animal qui amène le spectateur à réclamer vengeance, celui-ci sur son siège, s’il est un tantinet éduqué aux images et pas trop rincé après 10 jours de festival et de films en pagaille, se demandera s’il n’est pas un peu vain, voire malsain, en tout cas indigne, de lui faire froncer les sourcils à coup de mécanismes aussi neuneus que filmer une maman ayant perdu son gamin et pleurant dans le lit dudit gamin.

Là où Tarantino, lorsqu’il créait Kill Bill, dépassait complètement son côté film qui t’assoiffe de vengeance, en donnant à son spectateur le sang qu’il méritait, jusqu’à l’en dégoûter, Akin choisit lui la roublardise. Le fun de l’Américain qui martelait à chaque scène de vengeance combien « c’est pour de rire », est ici remplacé par la gravité : « on ne rigole pas avec ça ». Le film aurait de fait – et c’était sûrement là le but premier de Akin – pu être une belle oeuvre sur la justice si celle-ci n’était ponctuée d’invraisemblances franchement honteuses. Allez, on spoile : arrêtez là si vous comptez un jour voir Aus dem Nichts (mais on ne vous le conseille vraiment pas).

Dans son dernier tiers, tandis que ces bâtards de nazis ont été acquittés faute de preuve, ceux-ci se barrent en vacances. En Grèce. Chez un mec qui a témoigné en leur faveur et dont l’avocat de l’héroïne a réussi à pointer les potentielles connivences avec Aube Dorée. Les mecs postent même des photos sur Facebook légendées « acquittés ! En vacances en Grèce aux frais de l’Etat ». Et là, tu comprends vraiment combien le film est invraisemblablement couillon.

Autre passage génialement neuneu, ce moment où l’héroïne a déposé une bombe de la vengeance qui tue (qu’elle a su fabriquer parce qu’elle est fortiche en technologie, rappelez-vous, on l’a vue dans un flashback réparer la voiture télécommandée de son fiston – qui est MORT MAINTENANT), mais choisit finalement de l’enlever après avoir vu un petit oiseau graviter autour. C’eut en effet été abusé que de tuer un petit oiseau, remarque. Et dans la scène suivante, cette même héroïne voit le retour de ses règles, elles qui avaient disparu en même temps que son fils et son mari. J’ai pas tout compris la symbolique, mais on y comprend qu’elle est en train de REDEVENIR UNE FEMME.

Sauvons donc tout de même du film Diane Kruger, qui est exceptionnelle. Il n’y a guère que dans ses yeux que le film trouve quelques nuances. En dehors de ceux-ci, Aus Dem Nichts a tout du Point Godwin du Festival, ce moment où un mec un peu concon en vient à faire digresser le tout vers un truc idiot contre le nazisme sans trop de raison.

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