Swagger : Fenêtre sur Cité

Six ans après son Robert Mitchum est mort, qui avait fait pas mal de bruit sur le circuit des festivals, Oliver Babinet revient en force avec un documentaire protéiforme qui n’a pas peur de casser les codes du genre.

Mettre en avant des collégiens en leur donnant la parole

Ce cher Babinet, voyez-vous, travaille en fait avec des collégiens quand il n’est pas auteur-réalisateur (donc un peu comme votre rédacteur, mais avec le succès en plus), et c’est avec eux qu’il s’est décidé à créer Swagger. Le principe ? Mettre en avant des collégiens en leur donnant la parole sur tout un tas de sujet, sans limites. C’est la cité, et ce qui est terrible, c’est qu’il nous faut aller au cinéma pour la voir.

Aucun jugement de quelque sorte. Les gamins sont là, et même assis, ils sont grands. Ce n’est pas vraiment qu’ils crèvent l’écran, c’est qu’ils le maltraitent et le transpercent d’un simple souffle de vie. Et c’est vraiment les ados en tant que jeunes qui sont le sujet, point de portrait fleuve de la cité. Même si des plans aériens nous donnent le cadre, on ne s’y trompe pas : le décor et les personnages, ce sont eux. Leurs vies, le collège, les cours, les moqueries liées à la couleur de peau, au genre, l’amour, l’amitié, tout y passe. Tu veux pas savoir ce que les jeunes de la cité pensent de François Hollande ? Ce qu’ils pensent des blancs (meilleur passage du film, surtout quand tu constates que oui, tous les journalistes de la salle toi compris sont blancs) ? Passe ton chemin.

des séquences poétiques, qui viennent illustrer et encadrer

Honnêtement, Olivier Babinet aurait pu se contenter de ces interviews telles qu’elles sont montées dans le film, et ça aurait été déjà une réussite. Mais pour célébrer la créativité de ses collégiens, avec qui il travaille et a réalisé déjà des courts métrages et un clip, il insère également des séquences poétiques, qui viennent illustrer et encadrer. Grâce à ces séquences, le fils de l’inventeur du goniomètre (oui, je fais mon taff de chroniqueur moi d’abord) donne tous son sens au titre du film : Swagger. Qui veut dire se pavaner.

C’pas juste pour être hype oklm qu’il a choisit un tel titre en fait. C’est pas juste parce que swag est un mot de djeuns. C’est parce qu’ainsi il ramène la beauté de ces enfants à la poésie de l’homme qui a inventé le terme : William « fucking » Shakespeare.

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Olivier Babinet au moment de finir le montage de son film

Swagger d’Olivier Babinet avec Aïssatou Dia, Mariyama Diallo, Abou Fofana, Nazario Giordano. Documentaire. 1h24. Sortie le 16 novembre 2016

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