Florence Foster Jenkins : le chant du cygne de Hugh Grant

Une riche aristocrate adepte du mécénat sans limites décide de se mettre à la chanson ; seulement elle ne le sait pas puisqu’elle pratique devant les artistes qu’elle entretient, mais elle chante affreusement mal.

Si cela vous semble familier, c’est parce que l’histoire de Florence Foster Jenkins a déjà été adaptée (très librement) chez nous il y a quelques mois sous le titre de Marguerite, et ce avec un grand succès critique et populaire. Mais ceux qui auraient été déçus par certains choix narratifs et formels dans ce dernier, voire frustrés auraient tout intérêt à se pencher sur le nouveau film de Stephen Frears, qui a tout du feel good movie. Sans doute en avait-il grandement besoin après son très sous-estimé et surtout très peu remarqué The Program, portrait cynique et peu empathique de Lance Armstrong.

La comparaison avec Marguerite semble à la fois obligatoire et superflue, puisqu’au fond les deux oeuvres sont très différentes, mais c’est pourtant un excellent point de départ pour pointer du doigt ce qui fonctionne dans Florence Foster Jenkins. Marguerite par exemple, pousse le spectateur à rire de cette riche dame à la voix infecte au début du film. A la fin, lorsque nous avons appris à la connaître et qu’elle chante devant un public qui la découvre, nous sommes horrifiés de les entendre rire comme nous l’avons fait au début. Dans le film de Stephen Frears, rien de tout cela ; à aucun moment Florence n’est la cible de quelconque moqueries. Dès son introduction, le personnage interprété par Meryl Streep est attendrissant. Sa naïveté et son bon cœur font mouche, et ce notamment grâce à son jeune pianiste candide interprété par Howard de The Big Bang Theory, et surtout grâce au personnage interprété par Hugh Grant, qui est avec elle bien plus qu’un simple mari : un ami, un serviteur, un ange-gardien…

Et là je suis forcé par toutes les lois qui régissent l’univers à faire un paragraphe sur Hugh Grant. Parce que oui, on a tous aimé le voir dans Quatre Mariages et un Enterrement et dans Love Actually, et on l’a tous aimé également… mais Florence Foster Jenkins est sans aucun doute possible son meilleur rôle. Il n’y a pas de débat à avoir, aucune discussion, rien. Il n’a jamais été aussi beau, et c’est parce que son personnage est resplendissant d’une humanité débordante et d’une compassion à toute épreuve. Toute fille et garçon ayant rêvé de Hugh Grant pendant sa jeunesse se doit de le voir dans ce film, et si j’étais médecin, je vous ferais une ordonnance pour aller voir Florence Foster Jenkins.

Bien sûr, le film ne casse pas trois pattes à un canard, tout d’abord parce que je viens d’expliquer qu’il était le contraire de cruel et donc ne ferait jamais ça à un canard, mais ensuite parce qu’il reste extrêmement classique et n’est pas forcément très surprenant. Mais il accomplit ce qu’il entreprend avec efficacité ; Stephen Frears a voulu peindre un portrait simple, juste et émouvant, et il le fait pour le mieux et surtout avec honnêteté.

FLORENCE FOSTER JENKINS de Stephen Frears, avec Meryl Streep, Hugh Grant. 13 juillet 2016

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