The BFG, de Steven Spielberg

On avait quitté Steven Spielberg au troisième volet d’une trilogie nostalgique consacrée au passé des Etats-Unis (Cheval de Guerre, Lincoln, Le Pont des espions). Suivant un inaltérable mouvement de balancier lui permettant d’enchaîner le drame le plus sérieux au divertissement le plus ludique et inversement (La Liste de Schindler après Jurassic Park ou Tintin après Munich), Spielberg est toujours aussi imprévisible. Le Bon Gros Géant, adaptation d’un des contes pour enfants les plus connus de Roald Dahl, succède donc au Pont des Espions, film classique d’espionnage sous la Guerre Froide.

C’est pourtant sans doute la première fois que Spielberg plonge aussi complétement dans l’univers enfantin. Hook représentait un retour de l’adulte dans l’enfance et Tintin, une adaptation d’un classique de la bande dessinée pour tous les âges. Le Bon Gros Géant se rapprocherait bien davantage de E.T. , la collaboration au scénario de Melissa Mathison, auteur de E.T, aidant.

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Il va nous falloir un plus gros bateau pour mettre ce bon gros géant !

On pouvait avoir légitimement certaines craintes par rapport à ce qui pourrait s’apparenter à une sorte de régression, après la profondeur de réflexion atteinte dans ses précédents films. Les craintes sont rapidement écartées dès l’entrée en matière du film : Spielberg a réussi à 70 ans à conserver son regard d’enfant. Steven retrouve sa casquette de pur « entertainer » et ne se pose plus de questions. Il ne faudra donc pas attendre plus du Bon Gros Géant que d’assumer son statut de divertissement pour enfants, hormis peut-être de figurer une jolie parabole sur l’amitié en tant que réunion réconfortante de deux solitudes. Comme Elliott et E.T., Sophie, la petite fille de dix ans, et le BGG sont deux inadaptés, deux solitaires qui trouveront dans la force de leur lien, la volonté d’aller de l’avant.

La nouveauté du film provient surtout de son innovation technologique : les prises de vues réelles et les techniques de performance capture sont mélangées selon un système hybride, permettant de conserver au maximum les prises de vues réelles. Ce système combiné à la Simulcam utilisée par James Cameron permet de filmer les acteurs de performance capture dans les mêmes décors réels que les personnages humains et avouons-le, le résultat est assez bluffant.

Pour le reste, on notera des aspects scatologiques assez drôles dans le film ainsi qu’une excellente transposition du langage inventé par Roald Dahl, le gobblefunk, dont les termes « savouricieux », « frétibulle », « miamissime », contribuent fortement au plaisir de cet univers. La dernière demi-heure où Sophie et le BGG se retrouvent avec la Reine d’Angleterre est tout à fait surprenante et assez épatante en son genre. Ce n’est certes pas du grand Spielberg, on attendra pour cela un retour à la veine d’anticipation de A.I. , Minority report ou La Guerre des Mondes, mais tel quel, ne boudons pas notre plaisir. Savouricieux !


Gaël Sophie Dzibz Julien Margaux David Jérémy Mehdi
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Le tableau des étoiles complet de la sélection à ce lien


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The BFG de Steven Spielberg avec Ruby Barnhill, Bill Hader, Rebecca Hall, Jemaine Clement et Mark Rylance, 2016

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