10 Cloverfield Lane, la cave se rebiffe

Que se passe-t-il donc au 10 Cloverfield Lane ? Depuis quelques mois, magie d’un buzz déclenché notamment par un teaser d’une efficacité redoutable, les théories s’enchaînent sur les réseaux sociaux, sous l’œil que l’on suppute satisfait du chef d’orchestre J. J. Abrams.

Parce que oui c’est bien le big boss des coups de com cinéphiles (via sa boite, Bad Robot) qui est à la production de cet objet au sujet duquel on a tout et surtout finalement rien dit. Est-ce une suite de Cloverfield premier du nom ? Et d’abord, que se passe-t-il derrière cette putain de porte ?

10 Cloverfield Lane est, de mémoire de cinéphile slash communicant, la plus belle réussite d’objet multi-média depuis Cloverfield premier du nom. Et si les liens scénaristiques entre les deux films peuvent paraître tirés par les cheveux ou carrément absents, ceux relatifs à ce malin packaging secret semblent en revanche évidents.

Pour mémoire, l’idée de Cloverfield, c’était de placer le spectateur dans la position des protagonistes, confrontés à une catastrophe (un monstre géant terrorise New York) les dépassant largement. Utilisant la technique dite du found-footage, le film générait son lot de frustrations (depuis les énigmatiques trailers jusqu’à cette envie de dire au héros de mieux filmer ce qu’il se passe autour de lui, putain) et, du fait de ses inévitables trous scénaristiques (pourquoi ? Comment ? Qu’est-ce que c’est que cette merde qui mange des gens ?), engendrait diverses théories farfelues.

C’est une véritable mythologie qu’a engendrée tranquillou Cloverfield.

Si la technique du found-footage et l’histoire du monstre géant terrorisant New York ont cette fois-ci été délaissées, la posture du spectateur face à 10 Cloverfield Lane reste la même.

Un accident de voiture. Se réveiller attaché dans une cellule planquée dans un bunker de survie. Un tortionnaire qui serait finalement protecteur ? Un monde extérieur toxique ?

L’intelligence première du film, c’est de faire passer sa radinerie pour de l’ambiguïté. A l’instar d’une production Jason Blum, il capitalise sur ce qu’il ne montre pas (et ainsi économise aussi plein de thunes : le film n’a pas coûté cher du tout). Ici, l’horreur, elle n’a pas la même tête selon le spectateur. Qu’y a-t-il dehors ? Un virus ? Une attaque extraterrestre ? Rien ? Si celui arrêté à la bande-annonce a certainement sa théorie, le spectateur de la première moitié du film en a certainement une autre. Et celui qui l’a terminé a quelques réponses. Quelques…

J. J. Abrams et son réalisateur Dan Trachtenberg parsèment le parcours du spectateur d’indices subtiles que l’on capte dans un bruit de fond ou sur le visage d’un personnage. Leur génie, c’est d’inclure leur film dans une communication qui a commencé il y a maintenant 2 mois. Au départ, donc, ce teaser. Puis cette frustration d’un début de film qui s’éternise et ne nous montre rien, à nous qui nous sommes rués en salles pour enfin comprendre. Le spectateur, on l’a depuis des mois comme enchaîné à l’héroïne, interprétée par Mary Elizabeth Winstead, la fameuse « Scream Queen » d’Hollywood (surnommée ainsi rapport à ses nombreux rôles dans divers films d’horreur). Aussi, le cinéphile l’ayant reconnue ne peut que supputer le pire. Celle-ci est, de fait, un choix de casting assez passionnant. Habituée aux scénarii catastrophiques, elle semble ici complètement paumée, persuadée de l’horreur qui l’attend mais n’arrive pas franchement. Elle est pour beaucoup dans cette sensation d’oppression lancinante permanente.

Face à elle, l’immense John Goodman.

Un jour, il faudra filer un Oscar à John Goodman.

10clover

Peut-être n’a-t-il jamais été aussi excellent. De sa silhouette de mec sympa mais qu’il ne faut pas emmerder quand même émanent une ambiguïté et une présupposée instabilité assez insupportables. Ne raconte-t-il pas n’importe quoi ? Mais en fait, n’a-t-il pas tout orchestré façon marâtre de Bad Boy Bubby ?

Evidemment, on l’assimile facilement au producteur J. J. Abrams, ce personnage. Omniscient, tout puissant, il tient le cours du film entre ses mains immenses et peut tout faire péter d’un claquement de doigts.

Le film serait un thriller psychologique de séquestration de plus avec son lot de passages obligés (le doute, le syndrome de Stockholm, l’ambiguïté identitaire un peu chelou etc.) si ne planait pas perpétuellement – littéralement – au-dessus des têtes de ses protagonistes la possibilité d’un monde extérieur bien pire encore.

Assez facilement assimilable dans son ensemble à un conte (la maison de l’ogre moins gentil qu’il n’en a l’air, la forêt des alentours où il ne fait pas bon s’aventurer etc.), le film raconte finalement l’histoire de cette fille (« little princess », comme le dit Goodman lors d’une partie de Pyramide où il ne parvient jamais à l’appeler « femme ») qui va devoir s’émanciper, peu importe la violence du monde extérieur, pour contrôler sa vie, éviter la routine et enfin devenir une combattante.

Le film se termine donc logiquement – et littéralement – sur ce virage, cette ouverture sur le nouveau monde, le monde réel, cette jungle.

10 Cloverfield Lane, de Dan Trachtenberg avec Mary Elizabeth Winstead et John Goodman – En salles

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1 thought on “10 Cloverfield Lane, la cave se rebiffe

  1. Après le 1er opus dans le style fusion Godzilla /projet blair witch et surtout la prouesse incroyable d un réalisateur probablement autiste-consanguin qui à
    l époque avait eu l’extrême audace de confier la caméra à une personne atteint de la maladie de Parkinson , voilà la suite tant attendu pour les personnes qui se laissent berner par les bandes-annonces acrocheuses et un marketing à tout épreuve .Le seul point positif dans cette suite c est que le nouveau cameraman ne souffre apparemment
    d’aucune pathologie invalidante .Sinon et bien… rien voilà tout , sauf peut être que l’ on passe d’ une grosse chiasse immonde ( le 1er opus ) à une merde un peu moins liquide .

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