Salafistes & Furious

Je ne sais pas comment je me suis démerdé, mais en l’espace de quelques jours, je me suis tapé trois films sur le Djihad. Si, en fait, je sais à peu près comment je me suis démerdé : j’ai comme d’habitude été ultra-réceptif, moi qui me réclame libre d’esprit, au battage médiatique accompagnant ces trois films au « sujet touchy ». Elle me fait marrer, cette expression entendue de la bouche de l’actrice principale de Ne m’abandonne pas (ce titre… franchement…), parce que je m’imagine la note d’intention fournie à France TV : « D’un sujet touchy nous allons faire un grand film pédagogique ».

Moi je trouve ça hilarant, mais je vois bien que ça vous fait moyen rire.

Bref, tout ça pour dire que la dernière fois que je m’étais tapé une semaine cinématographique à thème, c’est quand je m’étais mis en tête, trouvant le sujet d’Onteniente magique, de regarder tous les films sur le camping à la suite. Franchement, c’était pas terrible, finalement. Ceci accréditant ma thèse selon laquelle Franck Dubosc est un génie (à paraître bientôt si une maison d’édition m’achète le sujet).

Génies en vacance
Génies en vacances

Voilà déjà que je m’égare. Dans un article sur le Djihad. Mec, tu déconnes, c’est super touchy, comme sujet. Dès que j’écris touchy je souris bêtement. Un rempart, sûrement. J’en parlerai à un psy, un jour.

Donc tout a commencé par Salafistes, un prêchi-prêcha extrêmement con que d’aucuns se sont forcés à défendre pour se montrer plus Charlie que les autres. Ce sulfureux documentaire nous intercale façon sandwich indigeste discours salafistes (ou plutôt takfiristes, mais c’est clair que pour le titre du film c’était moins vendeur) et images de propagande, avec cette promesse de la mort-pour-de-vrai sur grand écran. Je n’ai pas grand chose à dire sur la polémique autour du film, le sujet est touchy (lol), c’est normal. Mais le rôle d’un type qui écrit une critique, et j’ai l’impression que beaucoup l’ont oublié, c’est juste de dire si le film est bon ou pas. En l’occurrence, non, c’est nul. C’est mal filmé, mal monté, et ça ne montre rien de bien neuf ni d’intéressant. Le postulat, c’est juste de nous montrer que quelque part dans le monde, des idiots veulent notre mort.

Même Julian Bugier il le dit dans son JT. Pardon, Julian, c’est juste que ton nom de famille me fait à chaque fois rire. Bref, sur ce sujet touchy, ça n’est sûrement pas le documentaire provoc à chaud qui passionne le plus.

Ca n’est pas non plus le drame. Ne m’abandonne pas (ce titre…), c’est l’histoire d’une brillante élève admise à Sciences Po qui s’est fait endoctriner par un petit copain parti faire le Djihad, et dont les parents découvrent l’intention de partir avant qu’elle ne franchisse le pas.

Ca ressemble à un spot de prévention, le scénario semblant être écrit par des gens remplis de bienveillance, mais complètement vides de tout sens cinématographique (en gros c’est comme Les Cowboys, sauf que là c’était trop tard elle avait eu le temps de partir). En même temps c’est un téléfilm. En même temps je dis ce que je veux.

Les parents désorientés, impuissants, la gamine persuadée de faire le bon choix, les flics dépassés par les événements etc. : tout y passe, et l’on ressort du film complètement KO, endoctrinés par cette idée que si t’as un jour un gamin qui veut partir en Syrie, t’es dans la merde, et le plus simple c’est finalement peut-être de le laisser partir (oh non y a le plan final, qui laisse à penser que finalement elle s’est résignée, parce que quand-même on est sur France 2). Remarque, la gamine elle est bien chiante, mais elle est pas bien maligne quand même : pendant tout le film tu te surprends à réfléchir à comment elle pourrait se démerder pour se barrer. Et moi j’ai trouvé plein d’idées. Je suis prêt à échanger dans les commentaires de cet article à quiconque me soutiendrait le contraire. Mais ici je ne spoilerai pas, parce que le film est toujours dispo sur Pluzz pour les plus téméraires.

Non, ça n’est pas le drame qui se prête le mieux à parler du Djihad. C’est le film policier, en fait, le bon vieux gros polar à la française.

Made in France, avant d’être un film sur le Djihad, est un grand polar. Il nous raconte l’histoire d’un journaliste infiltré dans une cellule djihadiste parisienne. Ce qui est chiant, c’est que je ne peux pas trop vous dire pourquoi c’est génial sans spoiler la scène finale. Regardez le film, et revenez ensuite, donc. Je mets un petit signe pour que vous sachiez où vous vous en êtes arrêtés de la lecture de l’article.

Un petit signe
Un petit signe

Ca y est, vous l’avez vu ? C’est vachement bien, hein ? Sur un sujet touchy, en plus…

Si le film est si bon, donc, c’est parce qu’il ne fait que partir du djihadisme pour dérouler son récit. Ca pourrait être un réseau de types qui vendent des tomates, ça serait la même chose.

OK, à la réflexion, ça serait peut-être un tantinet moins intéressant (quoique je pourrais vous en apprendre… DES VERTES ET DES PAS MÛRES), mais vous voyez où je veux en venir.

Ce que Boukhrief nous montre, c’est que ces types endoctrinés ne sont finalement que des paumés que des âmes mal-intentionnées ont récoltés sur le bord de la route. Et il les montre idiots, pas doués, mais dangereux car emplis d’une colère qu’il ne savent pas vraiment vers quoi diriger. Aux ordres d’un type qui connaît des types qui connaissent des types qui finalement ne connaissent personne.

C’est dans ce final dont finalement on se doute quelque peu tout le film, où l’on apprend que le leader de la bande n’obéit qu’à ses propres règles que l’on prend enfin la mesure de l’horreur générée par le djihadisme d’aujourd’hui. Le résultat glace le sang, bien plus intelligemment que ces images d’exécution en direct, ou que ces parents qui se tuent à vider la tête de leur gamine. La force des djihadistes, ça n’est peut-être finalement pas tant leur réseau que leur faculté incroyable à susciter des vocations isolées, aux quatre coins du monde. Il n’y a plus besoin d’aller en Syrie pour apprendre à poser des bombes, depuis qu’Internet fournit les tutoriels adéquats à qui veut bien les chercher.

Mais de la même manière, il n’y a plus besoin d’aller au cinéma pour voir de grands films… Made in France, c’est seulement en Vidéo à la Demande (ici), et ça vaut vraiment le coup.

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