Festival d’Albi : les courts métrages

Comme beaucoup de festivals de cinéma, les Œillades présentaient hier, en plus de la programmation de longs métrages, une sélection de courts métrages francophones. Huit films au total, dont cinq étaient représentés par un membre de l’équipe. La sélection proposait un panel assez large de styles et d’émotions, avec des films aux modes de production divers, dont la moitié environ bénéficiaient du soutien du CNC.

La qualité, quant à elle, était assez homogène : ainsi, de Passé composé, film « à chute » au plan-séquence concis et efficace, à Peuple de Mylonesse, pleurons la reine Naphus, amusante pochade en forme d’hommage au théâtre d’hier (et prix du public – en court métrage, le rire paye), en passant par Le Concours d’Anatole, mignardise burlesque au charme un peu compassé, la plupart des films « auto-produits » étaient des exercices de styles destinés avant tout à montrer les capacités de leurs auteurs ; ce qui est déjà quelque chose.

Plus ambitieux dans leur forme : Un été, de Clémence Marcadier, tente de retranscrire l’ennui adolescent d’une banlieue estivale par petites touches impressionnistes, mais son sujet (l’éternel passage à l’âge adulte) confine au cliché du « film CNC » et son traitement est subtil au point d’en être évanescent ; et surtout Une raclette à deux, de et avec Maxime Dambrin, qui malgré un petit goût d’inachevé dans son traitement narratif, se montre souvent intelligent dans le filage de ses sous-entendus et dans sa direction d’acteur au cordeau.

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Ogre, de Jean-Charles Paugam, brille quant à lui par ses allures de thriller et sa judicieuse utilisation de la pellicule 35 mm. Le film propose de belles séquences et un acteur à la présence imposante et énigmatique : à dire vrai, on peine à dégager le sens du récit jusqu’à ce que le réalisateur présente son travail comme un exutoire analytique qui montre la frustration et la violence inhérente au statut d’obèse. Enfin Oripeaux, de Sonia Gerbeaud et Mathias de Panafieu – seul film d’animation de la sélection – , attire nettement l’attention par sa colorisation douce et évocatrice. Cette version miniature et québecoise de Princesse Mononoké bénéficie également d’une bande-son soignée et réjouissante.

Par contre, l’incompréhension est totale devant Le Formidable fils de la famille martin, qui prétend traiter, à coup d’humour pas drôle, de l’eugénisme – rien que ça. Un ahurissant mélange d’amateurisme voyant et d’absurdité narrative qu’on oubliera bien vite. Après la séance, les réalisateurs se sont prêtés de bonne grâce au jeu des questions-réponses avec le public ; et ce dernier, nombreux, enthousiaste et naïf, de poser en chœur cette question cruciale et lancinante : « Pourquoi ne voit-on plus de courts métrages au cinéma ? » Réponse : « Pour que les exploitants puissent caser une séance de plus par jour ». « Et à la télévision? » «Parce qu’il y a déjà vingt-cinq minutes de pub. » Une démonstration expresse de la pertinence et de l’utilité des programmations de courts métrages en festivals.

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