Omar d’Hany Abu-Assad : à bout de course

Après avoir été sélectionné à la Semaine de la Critique en 2001 pour Le Mariage de Rana, un jour ordinaire à Jérusalem, Hany Abu-Assad fait de nouveau partie de la sélection cette année avec le récit de l’amitié entre Omar, Amjad, Tarek et Nadia sa jeune sœur, sérieusement mise à mal par la cause qui les avait jusqu’alors réunis. Les trois hommes combattent pour libérer leur territoire occupé par l’armée israélienne. Alors qu’ils mènent une action de résistance, un soldat est tué ; Omar est fait prisonnier et doit accepter, pour être libéré, de livrer ses amis d’enfance. Commence alors un jeu de dupes, où chacun craint en permanence d’être trahi par ses frères d’armes.

Hany Abu-Assad dépeint le quotidien d’une jeunesse palestinienne révoltée par les humiliations quotidiennes qu’endure son peuple, c’est ainsi qu’Omar, Tarek et Amjad décident d’agir pour mettre un terme à ce quotidien fait de petites et de grandes humiliations. En escamotant le discours idéologique, la mise en scène se tourne résolument vers l’action, qu’Omar incarne sans réserve, il court saute, s’arc-boute, livre et sacrifie son corps tout entier aux causes qui l’animent., qu’il s’agisse de son combat pour la liberté ou celui qu’il mène pour conquérir Nadia, le garçon s’épuise dans les dédales et sur ce mur de séparation chaque jour plus difficile à gravir.

Malheureusement, Omar s’essouffle. Le film présente dans un ordre convenu et récurrent des scènes de courses-poursuites faisant ensuite du surplace, – lorsque notre intrépide héros se fait attraper -, à un huis clos carcéral, lieu de non droit où ses cruels geôliers lui administrent quelques corrections musclées. Enfin, on nous présente des séquences où Omar et Nadia se retrouvent pour échanger leurs précieuses missives, qui semblent au moins pour un temps, être le dernier rempart à la violence environnante. Mais leur amour sera mis à l’épreuve par le soupçon de traitrise qui plane sur Omar et que Nadia ne parviendra pas à ignorer.

Ni l’amour ni l’amitié ne survivent à la méfiance qui gagne toujours plus de terrain, dès lors le combat initialement engagé contre l’ennemi se mue inévitablement en une lutte intestine et sanguinaire. On assiste à ce drame sans pour autant être invité à le regarder vraiment. Comme si toute cette histoire ne nous concernait pas.

Omar, Hany Abu-Assad, avec Adam Bakri, Waleed Zuaiter, Leem Lubany, Palestine, 1h37.

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