Mon premier film d’horreur

En parlant des films qui m’ont marquée, je me suis souvenue de Dr Rictus. Aussi bizarre que cela puisse paraître de citer un sombre nanar parmi des noms comme Gondry ou De Sica, Dr Rictus m’a laissé des souvenirs impérissables. Non, ce film ne m’a pas traumatisée parce que mon père est médecin. Oui, je l’ai vu sur RTL9 un soir d’errance télévisuelle. Et non, je ne vous dirai pas ce que je faisais sur RTL9 à 22h passées.

Je l’ai donc visionné une nouvelle fois. Une 2ème perte de pucelage rétinien. C’est la crème de la crème de la série B. Et j’avais beau prévoir toutes les morts dans l’ordre chronologique, je détournais la tête quand j’avais trop la trouille. Le « de toute façon, c’est naze, même pas peur » n’était clairement pas crédible : je me pissais dessus face à ce navet pour teenager, digne de Scary Movie au pays de Sherminator 2.

 Hey Macarena ! Haah!

Soudain, mon coloc, qui assistait à ma lente liquéfaction, fit une remarque des plus perspicaces : les Noirs meurent toujours en premier dans les films d’horreur des années 90. S’ensuivit un débat sur le racisme dans les films de série B, histoire de regagner un peu de dignité. Faut pas croire, on est des intellectuels, on regarde des nanars mais on en fait une lecture post-freudienne.

Mais pas seulement.

Dr Rictus prône l’abstinence, à tel point qu’on se croirait dans une mauvaise série puritaine, style Dawson (j’étais également fan de Dawson à l’époque -EPIC FAIL-).

Suivez plutôt : le film est porté par des adolescents aux hormones en folie (dont l’une des actrices de Charmed, Holly Mary Combs !), et qui punit-on en premier ? Ceux qui ont le feu au cul : hasard, c’est un couple de jeunes Noirs (buter des blancs dès le début, ça fait mauvais genre, et le blanc, c’est salissant). Prochaines victimes : des jeunes qui s’apprêtent à copuler allègrement sans capote. Résultat, la chaudasse portant les sous-vêtements érotiques de la mère de son mec (Œdipe, si tu m’entends) meurt d’un thermostat au fond du gosier (le scénariste était plein d’humour), et son mec y passe aussi (non sans y perdre sa virilité… enfin, vous voyez ce que je veux dire).

Les suivantes à y passer commettent 2 péchés : curiosité et gourmandise. L’une meurt d’inattention (nous nous délectons alors d’un magnifique plan de l’intérieur de la bouche en latex de ladite vieille fille), l’autre de liposuccion, version gorge profonde (là encore, régalons-nous du détournement des messages de prévention gouvernementaux).

Apogée de la réminiscence christique : flashback dans l’enfance du serial killer. Celui-ci connaît la douloureuse perte de son père, psychopathe et précurseur de la greffe cardiaque, lapidé par les gens du village car il jouait un peu trop du bistouri avec ses patients, afin de sauver sa femme cardiaque (vous suivez ?). Bref, le môme est planqué dans un cadavre et là, j’avoue que j’ai littéralement couiné face à cet accouchement macabre (non, ce n’est pas une figure de style). Le rire narquois de l’enfant indique bien la présence du Vilain. Conclusion : par cette deuxième naissance, le futur méchant quitte l’enfance en choisissant Satan comme second père, puisque la mère enfante dans la mort (capito ?).

Dois-je préciser que ledit médecin satanique accompagne chacun de ses actes diaboliques d’une punchline cocasse ?

Parmi celles-ci, nous retiendrons le magnifique « incurable » à la vue d’un jeune geek en proie aux affres de Dr Mario, et le « Avant de pleurer, attendez de voir ma facture » (à moins d’avoir vécu aux US, nous autres Français ne pouvons saisir tout le cynisme de cet homme plein de finesse).

Seuls survivants : le jeune geek, le père aimant (version caniche de table), la sainte nitouche niaise et vierge accompagnée de son infidèle amant, qui a regagné sa valeur en mettant sa vie en péril par amour. C’est beau comme un sundae chez McDo.

Morale de l’histoire : pour ne pas finir collé à une vitre, version mouche asphyxiée (une scène mythique, soit dit en passant), prônons l’abstinence OU jouissons de plaisirs simples (comme Super Mario). Don’t make love, just war. Si avec ça, le message passe pas, montrez donc à vos gosses/frères/cousins prépubères/potes en rut les 30 premières minutes de Dr Rictus. C’est même remboursé par la Sécu.

 

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5 thoughts on “Mon premier film d’horreur

  1. Je tiens à dire, et beaucoup de matraqueurs que je connais personnellement me détesteront pour ça, que je trouve déjà bizarre de citer Gondry à côté de De Sica sans y avoir rajouté le nanar encore.

  2. Le Dentiste c’est un peu un de mes plus beau souvenir de soirée films d’horreur que j’organisais chez moi quand j’étais ado et que j’avais rien compris de comment il fallait s’y prendre pour toucher les seins des filles. Nerd, oui…

  3. Un article excellent au style fracassant (aïe), un flim d’horreur qu’il a l’air bien et qu’il a l’air de rentrer dans la cétégorie « flim de qualité » (oui, je parle bien la France) (t’as vu ?) (bien ou bien ?)… Un grand merci à toi, Anne-Cé =D

    Et si tu remates les Vendredi 13 et autres Halloweens, tu te souviendras que les premiers à clamser sont celles et ceux qui profitent un peu ^^

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