Cette année, le Festival d’Annecy réussit à rassembler mes deux passions : l’animation et… la Corée. Yup. Gwang-jang, ou The Square dans son titre international, était donc mon tout premier long métrage d’animation coréen. S’il est utile d’apporter cette précision : ça n’a strictement rien à voir avec le film de Ruben Ostlund. Je dis ça parce que la quasi-intégralité de la rédaction de Cinématraque se met à avoir des crises d’urticaire rien qu’en entendant ou en lisant son nom (désolé, de mon côté je le kiffe…).
Premier long métrage de Bo-sol Kim, Gwang-jang se passe à Pyongyang, la capitale nord-coréenne. Isak Borg, diplomate rattaché auprès de l’Ambassade de Suède, est constamment surveillé. Il tient une relation secrète avec Bok-joo, une agente de la circulation locale. En sachant que le voyage d’Isak va bientôt arriver à son terme, les deux amoureux profitent de leurs rencontres en catimini. Mais quand Bok-joo disparaît, Isak commence à la rechercher et à se méfier de tous ceux qui l’entourent, à commencer par son interprète Myeong-jin.
Si la politique nord-coréenne n’est pas tant le propos de Gwang-jang, la direction artistique et l’ambiance du film parviennent parfaitement à nous plonger dans l’esprit d’un état totalitaire. Tout est sombre, gris et triste, régulièrement en intérieur, en sous-sol, ou dans la nuit. Même en pleine journée, tout est morne. Seul Borg se distingue à travers la foule par sa chevelure blonde. La seule source de couleur et de lumière du film, c’est chacune de ses rencontres avec Bok-joo : au détour d’un carrefour, quand il la croise en plein travail, ou lors de leurs rendez-vous, parenthèses au milieu de la tension ambiante. Des ruptures de tonalité qui constituent le cœur du film, avant tout une histoire d’amour impossible. Une romance interdite aux proportions démesurées, qui font basculer le film dans le thriller/film d’espionnage politique, un genre qui se concentre notamment à travers le personnage de Myeong-jin, l’interprète du diplomate. Et tout au long du film, on en viendra à douter des véritables intentions du personnage, tiraillé par son affection pour le diplomate et son devoir pour le pays.
Inspiré par le témoignage d’un ancien ambassadeur suédois, resté trois ans à Pyongyang, Bo-sol Kim voulait explorer la solitude de ce personnage, qui ne pouvait même pas prendre de verre avec des collègues. Malgré une toute petite équipe et un budget très limité, et étant évidemment dans l’impossibilité de voyager en Corée du Nord pour faire des recherches, le réalisateur parvient à restituer un climat de tension permanente, dans. l’attente des proportions que pourraient prendre cette romance interdite, sans pour autant basculer dans le cliché. Et en 1h10, Gwang-jang ne perd pas son temps en fioritures : une vraie bonne surprise très efficace.
Gwang-jang (The Square), un film de Bo-sol Kim. Présenté en Compétition Contrechamp au Festival d’Annecy. Pas de date de sortie française connue.

