Bridget Jones : folle de lui, l’amour en substance

Qui veut des nouvelles de Bridget Jones ? Vingt-trois ans après le premier volet et neuf ans après Bridget Jones Baby (oui, en France, on continue d’exploser la grammaire anglaise quand on sort des films), l’héroïne de l’autrice Helen Fielding est de retour pour une ultime aventure : Bridget Jones : Folle de lui. Folle de lui oui, mais pas de Mark Darcy : à cinquante-deux ans, et mère de deux enfants, Bridget a vécu dix années de bonheur et est désormais veuve. Au grand regret de certains fans, pour qui ce twist dévoilé dans la bande-annonce du film a été un choc insurmontable. Bridget est-elle capable de vivre sans son Mark ? C’est bien tout l’enjeu de ce film…

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Comme d’habitude quand on retrouve Bridget Jones, rien n’a changé mais tout a changé. Ou inversement. Notre « célibattante » préférée reste toujours fidèle à elle-même. Elle fait face, un peu désemparée, à un nouveau chapitre de sa vie et sans connaître les codes d’un monde qui a évolué. Dépassée face à ses enfants qu’elle n’arrive pas à gérer et leur nounou parfaite. Dépassée devant le fonctionnement de Tinder. Dépassée par une simple session de « Netflix and chill » qui tourne au cauchemar. Mais derrière sa maladresse légendaire, il se cache toujours l’héroïne que l’on a tant aimé suivre depuis vingt ans déjà.

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La formule Bridget Jones, ça a toujours été un peu ça : ça commence par une sortie chez les parents, puis des soirées avec la même bande d’amis avec qui sortir pour oublier, et ça finit par se diviser entre Mark Darcy et Daniel Cleaver (on oublie volontairement le personnage de Patrick Dempsey, mais il y avait toujours un triangle amoureux). Si Folle de lui conserve cette mécanique en mettant en concurrence deux nouveaux venus, Chiwetel Ejiofor et Léo Woodall, les rouages eux, changent. Contrairement à la rivalité explosive entre les personnages de Colin Firth et Hugh Grant, les deux nouveaux prétendants de Bridget ne s’affronteront pas frontalement. Il y a bien une guerre, mais une guerre intérieure. Celle que Bridget mène avec elle-même pour s’autoriser à vivre malgré la perte de l’être aimé, présent de façon fantomatique à l’image.

Peut-être que c’est la cinquantaine, le véritable âge de raison. Car Bridget Jones n’a jamais été aussi émouvante et attachante que dans ce quatrième volet. Elle trouve peut-être plus de justesse dans cette exploration du deuil, inspirée de la vie même de l’autrice Helen Fielding après la perte de son mari. Écrire une nouvelle page de sa vie, c’est aussi accepter de devoir en revivre certains moments avec quelqu’un d’autre : le film cite ouvertement des scènes clés de ses aînés, que Bridget a conscience ou non de revivre. C’est tout autant le cas pour le personnage de Hugh Grant, qui montre enfin un peu d’humanité tout en restant l’insupportable dragueur qu’il a toujours été, mais aussi un ami fidèle.

Si je ne parle pas beaucoup de Leo Woodall et Chiwetel Ejiofor jusqu’à présent, c’est non seulement pour ne pas volontairement spoiler avec qui, quand, quoi, comment. Mais aussi parce que leur rôle est d’aider Bridget à mener cette guerre intérieure. Une guerre à laquelle contribuent toutes les femmes, et les actrices : avoir cinquante ans ne veut pas dire que raconter une histoire d’amour n’a plus d’intérêt, qu’un être n’est plus désirable ou qu’il n’a pas le droit lui-même de désirer quelqu’un d’autre. Il y a neuf ans, quand sortait Bridget Jones Baby, Renée Zellweger en avait vraiment pris plein, plein la gueule pour les raisons qu’on connaît. Puis il y a eu Judy, et cette fois on a un peu fermé nos gueules. Folle de lui, c’est peut-être encore une petite vengeance : Renée est toujours aussi attachante et Bridget « célibattante » certes, mais jamais vaincue.

Bridget Jones : folle de lui, un film de Michael Morris. Avec Renée Zellweger, Chiwetel Ejiofor, Leo Woodall, Colin Firth, Hugh Grant… En salles le 12 février 2025.

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