L’Enlèvement : le Pie voleur

Au classement des grands noms présents à cette sélection, Marco Bellocchio occupe une belle place. Monument du cinéma italien, Bellocchio à plus de 80 ans continue de susciter l’admiration comme la prouvé notamment Le traître en 2019. Avec L’enlèvement, il retourne à nouveau dans l’histoire italienne, et plus précisément en 1858 au moment de l’enlèvement d’Egardo Mortara, enfant d’une famille juive qui avait été baptisé en cachette par sa nourrice.  Le Pape Pie IX décide de faire enlever cet enfant pour qu’il reçoive une éducation catholique comme le veut la loi canonique, ce qui est à l’origine d’un scandale international.

On le comprend, le sujet est lourd. Enlèvement d’enfant, place de la foi, politique italienne du 19ème siècle, on ne rit pas beaucoup devant L’Enlèvement. La mise en scène de Marco Bellocchio est tout en solennité magistrale pour mieux souligner l’importance de ce moment tant dans l’intimité des familles que pour les relations diplomatiques des États pontificaux. C’est sans doute quand il s’attarde sur le visage de ce petit garçon forcé à désavouer sa famille que le film est le plus intéressant. Certaines scènes sont ainsi déchirantes et rappellent la puissance que peut avoir la mise en scène de Marco Bellocchio.

Il n’y avait qu’une photo dans le dossier de presse, alors voici une image de Pie IX

Malheureusement, ces moments de grâce sont trop rares dans un film qui reste bien trop académique. La dernière partie notamment semble perdre de vue ce qui constituait pourtant le nerf du film : le lien entre l’enfant et les parents. Si quelques moments de lyrisme et une musique particulièrement énergique essayent d’enlever le rythme du récit, ils ne suffisent pas à éviter un ronronnement poussif. Peut-être qu’un récit plus resserré et plus intimiste aurait été un meilleur choix. D’autant plus que l’acteur qui interprète l’enfant, Enea Sala, est bluffant, magnifié par une lumière qui le transforme en ange innocent. Quand on sait que Spielberg était intéressé par ce projet, on se prend à se demander ce qu’aurait donné ce film entre les mains du grand conteur de l’enfance.  

On se contentera donc de ce récit dense et soigné (à part deux courtes scènes à effets spéciaux ratées) d’un moment crucial de l’histoire italienne qui a su maintenir notre intérêt éveillé à défaut de nous captiver.

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